Chapitre 21

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-22 juillet 2019, Emma-

J'ouvre difficilement les yeux. J'ai passé une mauvaise nuit dans ce lit d'hôpital. En ouvrant les yeux, je vois Marine, qui est en train de manger. Dieu merci, elle va mieux. Je me lève du lit et embrasse Marine sur le front.

« Comment tu vas ? Tu veux que j'aille te chercher quelque chose ?

- Non ça ira. Ta présence me suffit. »

Je suis restée toute la nuit, pour surveiller Marine. Avant l'arrivée des coureurs, elle a fait une crise d'épilepsie. Ça lui arrive très peu et la voir comme ça, me blesse énormément. Elle ne mérite pas ça... Personne ne le mérite. Il fallait que je reste auprès d'elle. Elle a toujours été là quand je me suis battu contre ma leucémie. À chaque chimiothérapie, elle me tenait la main et me disait que tout allait bien se passer. Je ne la remercierai jamais assez pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Elle ne m'a jamais laisser tomber, et c'est pour ça que je l'aime.

« L'infirmière m'a dit que je pouvais sortir ce soir. »

Je suis contente qu'elle puisse sortir. Mais il faudra impérativement qu'elle se repose même si elle veut continuer à photographier les coureurs. De toute façon, elle n'aura pas le choix. Je vais la forcer à se reposer.

« Mademoiselle, vous avez des invités. Je les fais entrer ? » Dit l'infirmière en entrant dans la pièce.

Qui cela peut être ? Je n'ai informé personne. Je n'ai pu prévenir personne, car mon téléphone n'a plus de batterie.

« Oui. »

L'infirmière fait entrer les fameuses personnes. Julian et Enric. Le dernier, se précipite vers Marine et lui caresse les cheveux. J'aimerai beaucoup que ces deux-là se remettent ensemble.

« Je suis venu dès que j'ai pu... Je suis désolé. De m'être mal comporté, d'avoir fait le con, de t'avoir insulté. Tu as raison, je ne suis qu'un connard, un bouffon, un abruti, et j'en passe. Je n'aurai jamais dû t'insulter... »

Je n'ai jamais vu Enric aussi sincère. Je connais le passé de Marine, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle vit, mais elle ne peut pas en vouloir à Enric, car lui, n'est pas au courant.

« J'ai eu peur. » Me dit Julian en s'approchant de moi. « Quand on m'a dit si tu étais à l'hôpital, j'ai cru que j'allais te perdre... Puis Patrick m'a tout expliqué et il en a informé l'équipe et Enric est devenu complètement fou. »

Je me faufile dans les bras de Julian. Lorsqu'il a appris que j'étais à l'hôpital, il a dû s'inquiéter...

« Nous allons vous laisser. » J'informe à ma meilleure amie.

Marine a besoin de parler à Enric de ses problèmes. Si elle veut se remettre avec, il faut qu'elle lui parle. Enric n'est au courant de rien, et il a besoin de savoir. Même si ça va être très dur.

« Non. Je veux que vous restiez. »

Je me détache de Julian puis me dirige vers le côté droit du lit, et prends la main de Marine. Elle a besoin de mon soutien. De notre soutien. Julian, lui, reste au pied du lit, prêt à écouter le récit de Marine.

« À l'âge de cinq ans, les médecins ont découvert que j'étais épileptique. J'ai très peu de crise, mais lorsque j'en ai, elles sont assez violentes. Et en plus de cela... Je... »

Les larmes coulent le long de ses joues. C'est dur pour elle de parler de son passé. Surtout devant quelqu'un qui lui plait. À chaque fois que quelqu'un lui plaisait, il partait en courant à cause du passé de Marine et je trouve ça dégueulasse. Je ne connais pas beaucoup Enric, mais il a l'air de tenir à Marine. Et j'espère qu'il ne partira pas après ce que Marine va lui dire.

« Je suis bipolaire... Je... Je peux être heureuse pendant des heures, et faire la gueule après, ou je vais pleurer pour rien. Puis je vais douter de moi, vouloir me foutre en l'air, et ne vouloir parler à personne... Cette maladie me tue et m'empêche de vivre chaque jour qui passe... Je regrette d'être venue au monde. Je suis un boulet pour tout le monde... »

Je regarde Enric et vois qu'il pleure. Je me suis habitué à ne plus pleurer quand Marine raconte son passé, mais quand je l'écoute parler de ça, j'ai toujours cette boule dans la gorge. Voir Enric pleurer, je n'ai pas l'habitude. C'est la première fois que je le vois pleurer depuis que je suis ici. Il a toujours le sourire aux lèvres, il est toujours de bonne humeur.

« Tu n'as pas le droit de dire ça. Je te l'interdis... Tu es quelqu'un d'adorable, belle, drôle, intelligente. Et je regrette ce que j'ai dit au centre commercial la fois dernière. Je t'aime comme tu es. Que tu sois bipolaire, épileptique, en fauteuil roulant, tueuse en série, psychopathe, zoophile, pédophile ou autre, je t'accepterai telle que tu es, car tu es unique à mes yeux. Je suis quelqu'un qui collectionne les plans cul et qui déteste les relations amoureuses. Mais avec toi c'est différent. Je veux vivre une véritable histoire d'amour avec toi. Rien qu'avec toi. Parce que tu me plais. Moi aussi je vais faire la gueule pour rien, je vais claquer la porte et me barrer, je vais pleurer parce que j'aurai vu des bébés chats jouer. Mais la vérité, je préfère que tu me saoules plutôt que tu ne sois pas là. »

Enric dépose un baiser sur les lèvres de Marine et celle-ci ne le repousse pas. Le discours d'Enric m'a donné des frissons. C'est la première fois qu'un garçon dit ce genre de choses à ma meilleure amie. Enric est un mec bien. Il est gentil même si parfois il est un peu con, ou maladroit mais tout le monde l'apprécie et Marine aussi à l'air de l'apprécier. Je suis persuadée qu'il ne l'abandonnera pas. Pas après ce beau discours.

Je lâche la main de Marine et sort de la chambre suivit du Julian. Je suis heureuse que Marine n'est pas repoussé Enric. Malgré sa fierté, elle a réussi à le pardonner.

« Si jamais ta leucémie revient, je ne te lâcherai pas non plus. Je resterai à tes côtés quoiqu'il arrive. » Me dit Julian.

Ça me fait énormément de bien d'entendre cela de l'homme qui me rend heureuse. Si je ne l'avais pas rencontré, je n'aurais pas retrouvé le sourire.

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