Tome 2 / Chapitre 32

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- 5 mars 2020, Emma-

Des rires et de la musique me tirent de mon sommeil. Je me grommelle en voyant qu'il n'est que 9 heures. Julian a insisté pour que nous restions quelques jours de plus chez moi. Il est parti quelques heures pour récupérer des affaires. Franck ne voulait pas qu'il reste, car il devait s'entrainer un maximum pour la course Paris-Nice qui débute le 8 mars, soit dimanche. Mais Julian a affirmé qu'il était prêt pour la course, alors Franck n'a pas insisté et a fait confiance à Julian.

Je me lève du lit, et à ce que je sens, bébé aussi est réveillé. J'enfile un short, puis pique le tee-shirt de Julian, qui se trouve sur le drap. J'attache mes cheveux, et descends les escaliers. J'entends de plus en plus la musique.

Je m'assieds sur les escaliers, et me mets à sourire bêtement, en voyant Julian, balai à récurer à la main, en train de chanter avec ma mère. C'est la première fois que je vois ma mère, heureuse de faire le ménage.

« Je ne vous dérange pas ? » Je dis en rigolant.

« Absolument pas. » Réplique ma mère.

Julian augment le son de l'enceinte qu'il a acheté à ma mère pour Noel, et je reconnais immédiatement la chanson de Lara Fabian « Je t'aime ». Je secoue la tête, en guise de désespoir, en voyant ma mère, faire du play-back.

« Je fais le refrain. » Dit Julian.

Le refrain arrive plus vite que Julian le pense. Il prend le balai dans sa main droite, porte le bout du balai près de ses lèvres, pour en faire un micro. Ce gosse est exaspérant, je vous jure. Il se met à genoux devant moi, toujours le balai en main et se met à chanter. Pas du play-back. Il chante réellement.

« Je t'aiiiiiime ! »

Je secoue la tête en rigolant. Ma mère nous regarde avec admiration.

« Je t'aiiiiime ! Comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma. Je t'aiiiime, je t'aime, comme un loup, comme un roi, comme un homme que je ne suis pas. Tu vois je t'aime comme ça. »

Il pose le balai, qui claque sur le sol, et me tend sa main, que je prends de bon chœur. Ma mère continue à faire son play-back, et me Julian m'entraine au milieu du salon.

« Julian, c'est mouillé, merde !

- On s'en fout. » Dit-il en pouffant de rire.

J'enroule mes bras autour du cou de Julian, et nous nous mettons à danser. Mon père s'est joint à nous, et nous nous sommes retrouvés à danser, ma mère avec mon père, et moi avec Julian. Si Gabrielle avait été là, elle se serait moquée de nous. Mais, mademoiselle est à l'école.

« Merci. » Je dis à Julian.

« Pour ?

- Pour tout. Pour ma famille. »

Nous tournons la tête, et voyons ma mère, la tête posée sur l'épaule de mon père.

« Ce n'est rien.

- Ne sois pas si modeste, chéri. Tu as fait beaucoup pour ma famille et moi. Mais...

- Je sais ce que tu vas dire. Que je ne devrais pas faire ça pour vous, et que tu as l'impression de te servir de moi pour mon argent. Je sais que ce n'est pas le cas. Je t'aide, parce que j'en ai envie, mais surtout parce que je t'aime. Donc si je t'aime, j'aime aussi ta famille. Et crois-moi, je l'adore. Même si, parfois, j'ai dû mal à vous comprendre. »

Je me mets à pleurer. Foutues hormones. Julian pose ses lèvres sur mon front, en guise de réconfort.

« Les hormones. » Je dis en rigolant.

« J'avais deviné. »

La chanson se termine, et nous nous séparons. Ma mère et mon père également.

« Je vais être en retard, merde ». Dit-elle en regardant sa montre.

Marc a eu la gentillesse d'embaucher ma mère en tant que secrétaire. Ce n'est pas sa vocation, mais je suis contente qu'elle ait trouvé un boulot.

« Moi aussi, d'ailleurs. David va me tuer. » Dit mon père.

« Tu travailles ? »

Il y a deux jours, à la même heure, il était affalé sur le canapé. Aujourd'hui, il part travailler. J'ai l'impression d'avoir loupé des épisodes.

« Oui. David cherche un serveur. Et Julian m'a poussé à postuler. »

Je regarde Julian, et celui-ci fait l'ignorant. Mes parents enfilent leur manteau, puis nous saluent avant de partir de l'appartement.

« Tu as fait d'autre trucs que je ne sais pas, pour ma famille ?

- Non. Ne t'en fais pas... En revanche...

- En revanche, quoi ?

- C'est moi qui ai payé l'enterrement de Marine. »

Mon cœur rate un battement à l'entente de son prénom. Elle me manque. Chaque jour qui passe, elle est toujours dans ma tête.

« Tu as fait quoi ? » Je dis.

« C'était ta meilleure amie... Je me devais de le faire. »

Je n'y crois pas... Je ne m'étais jamais demandé qui avait payé, car je n'avais pas la tête à moi, lors de son enterrement. Mais puisqu'elle ne parlait plus à sa famille, et que nous, étions dans une impasse financière assez compliquée, personne n'avait pu payer l'enterrement.

« Tu en fais trop.

- Rien n'est en trop, pour toi. »

Il m'embrasse passionnément et me murmure entre deux baisers, un « je t'aime » rempli d'amour, de passion et de tendresse.

« Moi aussi je dois te remercier. »

Je sais pertinemment, à quoi il fait référence. A son passé. A Zoé...

« Je suis l'homme le plus heureux du monde. » Dit-il en souriant. « Grâce à toi. »

Je ne pensais pas que nous deux, apeurés par l'amour, serions heureux, grâce à notre amour respectif. Jamais je ne l'aurai imaginé. Pour moi, c'était improbable, après ce que j'ai vécu par rapport à ma maladie, de tomber amoureuse aussi rapidement. J'en avais beaucoup trop peur. Peur que cela revienne, et de faire souffrir celui que j'aime, à cause du fait que je n'aurai plus la force de me battre. J'ai toujours cette peur, mais cette fois, Julian sera là pour m'épauler, Adèle aussi. Et si tout devait recommencer, je me battrai comme je l'ai fait il y a quelques années. Parce que Julian, est l'unique raison qui me donne l'envie d'avancer, de me battre.

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