Chapitre 17

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-18 juillet 2019, Emma-

« Franchement les mecs, ce sont vraiment des connards. Je vais devenir lesbienne. » Me dit Marine en se rasant les jambes.

Comme toujours, Marine a raison. Les mecs se comportent comme des cons. Surtout Enric et Julian. En parlant d'eux, ils ne se sont même pas excusés pour leur comportement et ce n'est pas à nous de faire le premier pas. En me levant ce matin, j'ai vu Julian, la main bandée. Pour être franche, cela m'inquiète mais je fais mine de n'en avoir rien à faire. Nous nous ne sommes pas adressés la parole de la journée, et malgré qu'il ait conservé de nouveau le maillot jaune, je ne l'ai pas félicité.

« Enric t'a parlé depuis ? » Je demande à Marine.

« Rien. C'est vraiment qu'un connard de première. »

Ce soir, Marine et moi, restons à l'hôtel. Je n'ai pas envie de sortir. Je préfère largement rester ici. D'un coup, alors que Marine range le rasoir, quelqu'un toque à la porte. Qui ça peut être à l'heure-là ?

Je me dirige vers la porte et voit deux énormes bouquets de fleurs. L'un est composé de roses rouges et l'autre de lisianthus de toutes sortes de couleurs. C'est quoi ce délire ? Je prends les deux bouquets en main et les pose sur le lit.

« Oh des lisianthus ! Ce sont mes fleurs préférées ! Je suis sûre que c'est de Marc ! »

Marc est le seul à connaître les fleurs favorites de Marine. Et il sait également que j'adore les roses rouges.

« Il y a une carte. »

Marine ouvre la carte et pousse un soupir. J'en conclus que ce n'est pas Marc.

« Ai-je été con ? Oui. Est-ce que je m'en veux ? Oui. Est-ce-que tu me plais ? Oui. Voici des fleurs pour ma fleur préférée. S'il te plaît, pardonne-moi. Enric. »

Marine arrache la carte et la met à la poubelle, puis balance les fleurs et les écrase de toutes ses forces.

« Quel crétin ! »

Je n'ose pas ouvrir ma carte. Je pense que c'est Julian mais il peut très bien se mettre le doigt dans l'œil. Il va bien falloir que je l'ouvre...

Je suis désolé. Je suis jaloux et complètement con. Je t'ai dit des paroles blessantes, et je ne les pensais pas. Je suis dingue de toi, Emma Valentin. Mais j'ai peur... Pardonne moi, je t'en prie.
J

C'est bel et bien Julian. Le bouquet est vraiment splendide. Et ses mots sont touchants, mais je ne peux pas jouer la faible comme ça. C'est à lui à montrer qu'il est sincèrement désolé. Je veux des actes et non des paroles. Je pose le bouquet dans la poubelle. Je ne veux pas montrer que je suis faible. Il a insinué que j'étais une pute.

« Je vais lui refaire son portrait ! »

Marine enfile son tee-shirt puis sort de la chambre. Je décide de la suivre. Je ne veux pas que ça se termine en bagarre. Je connais ma meilleure amie et elle s'énerve facilement. Elle tambourine à la porte et c'est Julian qui ouvre. Il est torse-nu et porte un jogging d'une équipe de football.

« Il est où ce bouffon ? »

Marine pousse Julian pour qu'il nous laisse passer. Puis elle le gifle.

« Non mais ça ne va pas la tête ?! » Crie Julian.

« Parce que tu crois que toi tu es bien dans ta tête ? Tu fais pleurer ma meilleure amie, tu la traite de pute et tu oses me dire que ça ne va pas dans ma tête ? Et mon poing dans ta gueule, ça va mieux aller ! »

Et c'est parti pour une violente dispute...

Il se passe quoi ici ? Intervient Enric en se mettant devant Julian

Marine s'avance vers Enric et lui fout également une gifle. Marine est une spécialiste des gifles. Elle en fout à longueur de journée.

« Tes fleurs à la con, je les ai foutus à la poubelle ! Tu crois que c'est en offrant de jolies fleurs que je vais te pardonner ? Tu peux te foutre un balai dans le cul, abruti !

- Je pense que vous devriez sortir ! » Dit Julian.

Marine lui demande de fermer sa gueule, et continue à s'embrouiller avec Enric.

« Tu es vraiment un connard ! Tu m'as insulté sans savoir mon passé ! Tu es irrespectueux et je me demande comment j'ai fait pour coucher avec toi ! Je te déteste ! Tu m'as détruite !

- Ce que je t'ai dit, je le pensais ! Tu es une putain de bipolaire mais c'est ça qui me plaît chez toi !

- Mais ce n'était pas une raison pour m'insulter, bouffon ! »

Marine le gifle pour la deuxième fois. Julian me regarde mais ne dit rien. J'ai envie de me blottir dans ses bras mais j'ai trop de fierté pour ça.

« Putain mais c'est quoi ce raffut ? »

Nous tournons la tête et nous apercevons Maximiliano. En peignoir, suivi de Patrick. Merde... Qu'est-ce que nous allons dire ?

« Votre coéquipier n'est d'autre qu'un gros salopard ! Il m'a insulté et il n'a pas pris la peine de s'excuser et c'est exactement le même que Julian ! Ce sont tous les deux des connards !

- Vous vous calmez maintenant ! Dans vos chambres et que ça saute ! Et vous deux, excusez-vous. » Dit Patrick.

Marine sort de la chambre et Enric la suit... Ça ne va jamais se terminer cette histoire.

« Mais fout moi la paix ! »

J'entends la porte claquer et j'en déduis que Marine s'est enfermée dans la chambre. Je dois aller la voir... Je ne prends pas la peine de saluer les coéquipiers puis entre dans ma chambre.

Marine est en pleurs, assise sur le rebord du lit... Je n'aime pas la voir comme ça. Je m'assieds à côté d'elle et elle pose sa tête sur mes épaules. Je lui caresse les cheveux comme quand nous étions petites.

« Il ne sait rien... Il m'a tellement... Il m'a tellement blessé. Il ne sait pas ce que j'ai enduré pendant toute mon enfance... Pourquoi je suis comme ça ? J'aurai aimé être...

- Tu n'as pas le droit de dire ça ! » Je lui dis en relevant sa tête.

Je plonge mon regard dans le sien. Je sais très bien ce qu'elle voulait dire... Elle aurait aimé être morte... Elle ne peut pas dire ça...

« Je me suis battue contre ma putain de leucémie et toi tu dois te battre contre ta bipolarité. Tu es différente des autres filles, mais c'est ce qui te rend unique. Tu es bipolaire, épileptique, chiante, marrante, super belle, amusante, et c'est pour ça que je t'aime Marine ! Sans toi, sans ton aide, je ne serai plus là. Tu m'as aidé à relever la pente, et grâce à toi je n'ai pas sombré. Je ne t'aurai pas rencontré, je ne sais pas ce que je serai devenue. Tu as le droit de vivre, comme tout le monde, que tu le veuilles ou non. Je t'aime Marine. Et si Enric n'accepte pas tes différences et ton passé, c'est que ce n'est pas le bon. »

Je remercie Marine d'être entrée dans ma vie. Je ne sais pas ce que je ferai sans elle. J'ai tellement besoin d'elle. J'aurai toujours besoin d'elle. Tout au long de ma vie. C'est comme ma sœur. Et je l'aime plus que n'importe qui.

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