À l'ombre de mes rêves

Prologue

Elena faisait l'ouverture quotidienne de sa boutique dans le centre de Paris, après une nuit des plus catastrophiques, elle n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Ses parents avec qui elle n'avait gardé que très peu de liens souhaitaient qu'elle trouve rapidement un homme dans sa vie. En dépit des valeurs, de l'amour et du respect, ils ne lui cherchaient pas un mari qu'elle aimerait, non, ils cherchaient un homme fortuné pour pérenniser la descendance financière de la famille.

- Elena, tu marches sur tes vingt-huit ans, tu n'as pas d'enfant, un petit commerce tout juste florissant. Nous voulons le meilleur pour toi, demain soir, nous te présenterons un jeune homme, qui travaille dans mon service. Alors, fais l'effort, pour notre famille, de venir à cette soirée.

Son père lui avait dit ses quelques mots, deux jours auparavant. Pensant faire plaisir à ses parents de sa présence, elle était venue simplement vêtue d'une robe courte en lycra rouge et d'une paire de ballerines assortie. Cette soirée fut un désastre. L'homme en question, un petit prétentieux d'une trentaine d'années, était l'opposé de ses convictions, avide de pouvoir, narcissique et sans scrupule, il était le portait de l'homme à fuir. Victor est fort séduisant, mais sa personnalité l'enlaidisait. Elle préfère finir seule que d'être avec un tel homme.

Après être rentrée chez elle, les larmes coulaient sans contrôle sur son visage. Elle caressait, du bout des doigts, le visage qui était figé de cette vieille photographie, jaunie et écornée par les années, posée sur le coin de sa table de nuit. Celle du jeune garçon, qui a fait battre son cœur, comme jamais personne n'avait pu le faire auparavant et jusqu'à présent, personne n'avait pu le faire battre à nouveau. Depuis bientôt dix ans, leurs chemins s'étaient séparés et pas une seule journée n'était passée sans que ses sentiments se soient éteints, elle pensait à lui sans cesse.

Elle savait très bien que c'était de la folie d'attendre une âme qui ne reviendrait probablement jamais, sans nouvelles de lui depuis toutes ses années. Plus le temps passait, plus la promesse qu'ils s'étaient faite, peu de temps avant de se quitter, devenait un lointain souvenir.

- Bonjour Mademoiselle, Comment allez-vous aujourd'hui ?

La voix enjouée de sa collègue, la sortie de ses pensées.

- Oh, bonjour Céline ! Tu sais que tu peux me tutoyer, nous travaillons ensemble depuis déjà trois ans.

- Ou... oui, mais je vous respecte tellement que...

- Pas de ça entre nous, appel-moi par mon prénom.

Céline était la seule personne à avoir cru en elle, quand elle s'était lancée dans son projet. Elles avaient fait connaissance dans leur ancien travail de couturière à l'usine du coin. Elena avait toujours refusé l'argent de ses parents, voulant son indépendance au plus vite. Après avoir fini ses études dans la couture, elle avait trouvé ce job. Après plusieurs années, lasse de faire sans cesse les mêmes vêtements de basse qualité, elle avait montré ses croquis à Céline. Après des moments difficiles de doute, de démarchage auprès de fournisseurs et des banques pour l'exposition de son projet, elle avait enfin pu réaliser son rêve.

Depuis deux ans maintenant, son entreprise était plutôt rentable, elle confectionnait également des modèles sur-mesure à la demande de certains clients. Elle avait aujourd'hui une réputation grandissante, avec des demandes nouvelles de jour en jour. Quelques semaines auparavant, elle avait pu faire une magnifique robe de mariée pour une riche cliente. La recette lui avait permis de couvrir une grosse partie de son crédit et de sortir un salaire correct. Après des mois de labeur, elle commençait enfin à être fière de son travail et de sa petite réussite. Elle ne rêvait pas de gloire, non, elle voulait seulement bien vivre, sans suivre les obligations familiales.

Lors de la pose déjeuner, Céline pianotait comme à son habitude sur son téléphone. Elena, quant à elle, cherchait à prendre contact avec un nouveau fournisseur de tissus, dont certaines pièces l'intéressaient beaucoup.

- La jeune Catherine Dravais serait apparemment en centre de désintox !

- Tu me fais rire, avec tes potins. Tu n'as pas d'autres choses de plus sérieuses à lire ?

- Attendez ! Elle n'est pas dans l'hôpital de ton grand-père ?

- Je n'en sais absolument rien et sans être désagréable, je m'en fous complètement.

Elena ne comprenait pas ce besoin de lire l'actualité people. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait quitté le monde mondain, qui la débectait au plus haut point. Ce monde n'était vraiment pas fait pour elle, sa famille était une des plus riches de France et des plus influentes. Pourtant, elle avait toujours rêvé d'un autre monde et c'est ce qu'elle avait fait. Par obligation, elle se rendait quelquefois à des réceptions que ses parents donnaient, mais elle ne s'attardait jamais plus de quelques heures. Personne ne remarquait son absence et cela lui convenait parfaitement.

- Oh. . D'après Médiascoop, Chris Roy serait de retour en France. Il est tellement beau.

Son sang ne fait qu'un tour, ses oreilles bourdonnaient et un léger tremblement s'empare d'elle.

- Qui ça ?

Sa voix était plus forte qu'elle l'avait pensée. Sortant sa collègue quelques secondes de l'écran du téléphone.

- Chris Roy Tu dois le connaître, vous êtes du même quartier et, si je ne me trompe pas, sa famille est également dans le même domaine que la tienne.

Les larmes lui montaient aux yeux. Elle n'arrivait plus à réfléchir. Elle n'espérait plus que ce jour arrive.

- Attends... Je n'avais jamais vraiment réalisé... Tu connais Chris Roy ?

Elena n'écoutait plus Céline. Toutefois, pour la première fois depuis longtemps, elle doutait. Il n'avait pas repris contact avec elle depuis dix ans, elle n'avait également pas eu de nouvelles de son arrivée en France.

L'homme de sa vie était enfin de retour, mais ce pourrait-il que de son côté, Chris ait tourné la page ?

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