À l'ombre de mes rêves

Chapitre 12

Le retard dû à son absence l'avait cloîtrée dans son bureau durant ses deux jours. Il enchaînait les rendez-vous, les réunions, les entretiens d'embauche et la supervision de deux gros projets de ses associés.

Il avait pu en l'espace de peu de temps abattre un travail monstre. Il adorait cela, son énergie était au summum.

– Monsieur Roy. L'agence de Starting Day m'a informé que vous aviez reçu par e-mail la pièce jointe de la sauvegarde de vos données. Vous allez recevoir un message sur votre téléphone, avec le mot de passe pour accéder aux fichiers.

- Parfait ! Merci. Anne-Lise.

- Votre rendez-vous de dix-sept heures a un peu d'avance. Voulez-vous que je le fasse patienter quelques minutes ?

- Je vous appelle quand je pourrai le recevoir.

- Très bien, monsieur Roy.

Anne-Lise était vraiment parfaite dans ses tâches. Elle était d'un grand professionnalisme, d'un savoir-être qui de nos jours était rare et d'une grande discrétion. Chris appréciait ses qualités humaines et professionnelles.

Effectivement, quelques secondes plus tard, il reçut le code pour accéder au fichier. Sans cela, les données étaient cryptées.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour retrouver ses échanges avec Elena.

Chris lisait, la conversation commença aux alentours de minuit. Comment ne pouvait-il pas avoir vu ce message. Elle le remerciait, son message était agréable et rassurant quand il le lut.

Pourtant, son regard fut sévère quand il commença à lire la réponse provenant de son téléphone. Or, il n'avait jamais écrit un seul de ses mots. Il se souvient très bien de cette soirée. N'arrivant pas à dormir, il avait bu un verre de Braeval, son whisky préféré, et avait dû prendre une douche pour se détendre. Tous les muscles de son corps étaient tendus au maximum.

Il était sorti sur la terrasse pour observer les étoiles et il s'était assoupi avant de prendre l'avion pour Milan.

Il ne pouvait y avoir qu'une personne derrière tout ça. Kelly était quelqu'un de très doux, mais il s'était rendu compte depuis quelques mois, bien avant leur arrivée à Paris, qu'elle avait une face cachée.
Elle avait plusieurs fois fait pleurer son assistante, elle n'avait que très peu d'amis et elle avait toujours ce qu'elle voulait.

Autrefois, ça ne l'aurait pas dérangé, il était plus ou moins ainsi, mais cette fois-ci, elle s'était fait passer pour lui, en déblatérant contre Elena, la haine et la jalousie qui émanent d'elle.

Il était furieux. Pour se calmer, il demanda à Anne-Lise de faire venir son client. Pendant ce temps-là, il ne penserait à rien d'autre qu'à son travail.

---***---

Elena était revenue trois jours après son départ. Elle était partie prendre le large en Normandie et elle n'était revenue qu'après un appel de l'hôpital. Sa mère avait besoin de voir sa fille, son état s'était dégradé en quelques jours avec une telle rapidité, qu'elle n'arrivait plus à s'alimenter et elle n'arrivait à parler que quelques minutes dans la journée.

En début d'après-midi, elle était retournée à la boutique, des tonnes de commandes étaient accumulées sur son pupitre de travail. Elle s'écroula sur la chaise de son bureau, encore chamboulée par sa visite matinale à l'hôpital.

Elle prit les notes qu'avait faites Céline qui était en congé et elle prit contact avec les clients pour fixer des rendez-vous.

Pendant ces quelques heures, elle oubliait toutes ses peines et pouvait vivre pleinement de sa passion. C'était plus qu'un sas de décompression, c'était une vraie bouffée d'oxygène.