Chapitre 18
Yacine venait de nouveau d’être évacuée à l’hôpital. Son père n’en pouvait plus, il était tellement ébranlé par sa maladie qu’il ressemblait à une momie ; Bien sûr, ils ne pouvaient rien dire à personne, pas même à Ibou qui était devenu le sauveur de leur entreprise.
Il avait suivit l’ambulance jusqu’à la clinique et avec sa femme, ils étaient entrés en même temps que Yacine. La vie était si cruelle, pensait-il ; il en avait beaucoup voulu à sa fille, il lui avait fait beaucoup de mal, n’ayant toujours pas été d’accord avec ses choix, mais maintenant qu’elle était malade, il avait de la peine pour elle ;
En réalité, Yacine était sa seule fille. Son frère étant en voyage avec sa femme, il ne voulait pas l’inquiéter, du moins pas pour l’instant. Mais il savait qu’il n’avait d’autre choix que de lui dire, car il fallait impérativement qu’elle quitte le pays pour recevoir de meilleur traitement à l’étranger.
Ils étaient à la salle d’attente quand on l emmenait en urgence. Mr Mbaye était assis, aussi serein que jamais pendant que sa femme égrenait doucement son chapelet. Ils avaient un sang froid à but d’épreuve et personne ne pouvait exactement dire ce qu’il était arrivé à leur Yacine…
Il se souvenait encore de sa naissance, quand on lui avait dit que c’était une fille ; il en avait pleuré, oui de joie. Il avait toujours rêvé avoir une fille, et Yacine venait de combler ce bonheur dans son cœur. Que demander de plus ?
Il lui avait donné le prénom de sa mère, et plus elle grandissait, plus il se rendait compte qu’elle ressemblait à sa grand-mère. Oui, elle était de teint noir, une noirceur qui ne la rendait pas inaperçu. Elle avait une peau lisse, mais surtout, elle avait hérité des traits de sa mère. Yacine était étonnement belle.
Et donc, plus les années passaient, et plus son père se faisait du souci pour elle. Il savait qu’elle était constamment abordée par les hommes. Bien sûr, il ne voulait pas se l’admettre mais il le savait au fond de lui. Sa fille était bien trop belle pour être seule.
Il l’a donc vu grandir, et il a toujours été faible devant elle. Bien évidemment, sa mère avait essayé de lui inculquer certaines valeurs, et elle avait pris d’elle sa maturité et son sang-froid, mais dernièrement, il avait remarqué que tout cela avait disparu de la jeune femme. Que c’était il passé se demandait il
Le scandale de la vidéo avait eu un impact sans pareille dans son cœur. Au fond de lui, il savait que sa fille n’était pas comme ça, mais ce qui est fait est fait, se disait-il. Il avait voulu lui en vouloir, mais il n’avait pas pu rester autant de temps sans la voir. Il avait été malade et avait décidé de lui donner une seconde chance.
Bien évidemment, sa femme n’avait pas accepté, et même si son cœur de mère le voulait, elle n’avait pas envie que sa fille refasse les mêmes bêtises. Mais qui aurait cru qu’elle rentrerait avec cette maladie ? Et s'il ne l'avait pas jeté de sa maison serait elle pour autant pas malade ?se demandait il en essuyant furtivement une larme qui lui tombait sur la joue.
Oui, cette maladie qui la tuait à petit feu. Et pourtant, quand on le lui avait annoncé, il n’y avait pas cru au début, pensant que ça ne pouvait être vrai. Mais que faire ? que faire ? se demandait-il. Elle l’avait emmené du Maroc alors qu’elle ne le savait même pas. Et quand elle-même l’avait su, elle était tombée dans les pommes. Et dire qu’a chaque fois qu’il voyait cela à la télé, il pensait que ce sont des choses qui n’arrivaient qu’aux autres. Jamais de sa vie il n’aurait pensé que sa petite Yacine en serait un jour victime. Jamais !!!!
« Mr Mbaye ? votre fille est stable. Vous la verrez dans quelques heures. »
Il soupira de soulagement et se tourna vers sa femme qui n’avait aucune réaction. Elle était juste là, résignée ? confiante ? il ne saurait le dire. Mais en quoi devaient ils être confiants ? tout était finit pour leur fille, se disait-il, ébranlé et affecté.
