CHAPITRE 3

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Il le défie du regard, le défie de le frapper, le défie de le renvoyer sur la côte... Et pourtant, tous ses défis, c'est exactement ce que Grey se retient de faire...

« J'viens bosser. Et puis, tu sais, c'est un s'cret pour personne que t'es en froid avec ton paternel. Sans mauvais jeu de mots. »
Le corsaire le contemple de haut mais le regard que le rose lui lance est insolent, comme s'il essaye de lui faire comprendre que, ce n'est pas parce qu'il est capitaine, qu'il est supérieur aux autres.
Supérieur. Supérieur aux autres. Jamais il ne s'est cru supérieur aux autres. Au contraire même. Après tout, s'il était leur supérieur, ou ne serait-ce que leur égal... Son père... Son père l'aurait-il frapper avec... Avec cette bouteille d'alcool ?

« Tu es accepté, lance-t-il finalement. Mais saches qu'il n'est mon père que de sang. Mon seul parent est Ul. Levez l'ancre, nous partons. Direction plein ouest. »
Et il fait demi-tour avant de retourner dans sa cabine. Là où tout le monde sait qu'il ne faut pas le déranger sous peine de passer à la planche. La seule exception à cette règle, c'est Léon. Le second fils adoptif de Ul, la célèbre corsaire.
Il ferme la porte derrière lui et retire sa veste avant de se placer devant son miroir. Elle le picote. Elle se manifeste. Comme pour lui dire qu'elle ne doit surtout pas l'oublier. D'autres la cachent. Par honte. Mais lui, c'est comme si c'est cette honte qui le pousse à dévoiler son torse parfait. Un torse parfait, pâle, lisse, avec des abdominaux bien ferme, une musculature développé. Parfait. Parfait en ommetant cette longue cicatrice blafarde courant le long de son torse, partant de sa clavicule gauche jusqu'à sa hanche droite. Une cicatrice au si lourd passé.
Une cicatrice qu'il aurait tellement préférée oubliée.

Le jeune capitaine s'approche de la fenêtre de sa cabine, tout au bout du bateau. Il prend place devant, s'asseyant sur les bancs de bois. Alors, se prenant la tête dans les mains, il regarde le port de la ville sur laquelle ils s'étaient amarrés.
Au loin, comme une bruit de fond, il entend les cris de ses matelots, se préparant à reprendre la mer. Ce bruit de fond. Ce bruit lui était si plaisant avant. Lorsque... Lorsque, dans cette cabine, il n'était pas seule et était plus petit. Lorsqu'il était dans les bras d'une femme qui le berçait doucement tout en lui contant les aventures d'anciens pirates sur lesquels il désirait prendre exemple.
Mais tout ça, tout ces si bons et si beaux moments on prit brusquement fin il y a de cela trois ans..
Trois ans. Cela fait trois maudites années qu'il est ainsi. Aussi froid, aussi distant, aussi... Aussi désagréable.
Mais... Mais avant il n'était pas comme ça. Avant il souriait, il riait aux éclats, il faisait des bras de fers avec les autres matelots, il se saoulait avec les marins, il séduisait les demoiselles lorsqu'ils faisaient escale, il buvait afin de rire avec ses amis lorsque ces demoiselles refusaient ses avances. Il avait 19 ans. L'âge où tout est permis. L'âge où se font les plus grandes folies, les plus belles rencontres.
L'âge où tout changea lors de cette bataille.
Cette bataille qui l'envoya, elle, à l'échafaud. Elle et presque tous ses matelots.
Cette bataille qui laissa, pour unique survivant, un nouveau capitaine et un nouveau second.
Grey Fullbuster et Léon Bastia.

« Grey !!! »
Léon entre en trombe dans la cabine du capitaine, envoyant claquer la porte contre le mur. Celui-ci se remets sur ses pieds en un bond, surpris par l'arrivée soudaine de son second. Le capitaine en profite pour dévisager le jeune homme. Il le dévisage comme s'il ne l'avait jamais vu auparavant. Léon a de beaux yeux bleus qui s'étirent doucement. Ses cheveux sont d'une étrange couleur blanche, tirant légèrement vers le bleu excessivement clair, bien qu'il ne soit pas plus âgée que lui, et forment de longs épis vers l'arrière de son crâne sauf une mèche qui tombe sur son front. Son corps est quasiment aussi athlétique que celui de son supérieur. Même si Grey a les épaules légèrement plus larges que le blanc.
Ce dernier oblige le brun à se rasseoir avant de prendre place à ses côtés.
« Qu'est-ce qui t'arrive Grey. T'as jamais été comme ça auparavant. Là, j'ai l'impression que tu n'es plus avec nous. Que ton équipage t'est inconnu. Que JE te suis inconnu. Je sais... Je sais que cette bataille, il y a trois ans... Ne t'as pas laissé indemne. Mais j'aurais... Mais je n'aurais jamais pensé que tu puisses devenir ainsi. »
Grey ne dit rien alors le beau second lui donne un petit coup de poing dans l'avant-bras.
« Hey. Grey. Tu sais. Moi aussi elle me manque. Mais ça ne sert à rien de penser à elle, il y a plein d'au...
— Tu veux l'oublier ??!! »
Il a semblé s'étrangler juste en criant cette phrase... Mais Léon secoue négativement la tête.
« Non, je ne te parles pas de l'oublier. Seulement, je sais qu'elle ne reviendra pas. Mais une autre personne me manque mais elle, je peux la revoir. Sauf qu'elle ne veut pas.
— Qui ?
Toi. Grey. »
Il lui lance un regard étonné, perdu.
« Qu-Quoi ?!
— Oui Grey. C'est toi qui me manques. C'est mon meilleur pote qui me manque, moi. »
Il... Il lui manque. Il lui manque et il ne s'en est même pas rendu compte. Alors, pour tenter de rassurer le jeune homme, il plisse les yeux et ses lèvres s'écartent légèrement. Voilà. Voilà ce qu'est désormais un sourire pour lui. Tellement différent de celui qu'il affichait auparavant. Tellement plus... Inexistant. Triste. Sans vie.
« Mais je suis toujours là, Léon. C'est toujours moi, Grey Fullbuster. »
Mais son second secoue négativement la tête, le fixant avec une lueur d'une infinie tristesse dans le regard.
« Oui Grey. Toi, tu es là. Mais mon meilleur ami, mon frère, a disparu lors de cette bataille. Cette personne froide et sans émotion que tu es désormais. Ce n'est pas mon meilleur ami. C'est quelqu'un d'autre. Sauf que moi, c'est le toi d'avant qui me manque. »
Il se lève mais alors qu'il s'apprête à ressortir sur le pont, il lui lance derrière son épaule.
« Cesse d'afficher ce masque Grey. Ce n'est pas toi. Ce n'est pas mon meilleur ami. »
Et il referme la porte de la cabine derrière lui.
Le jeune capitaine reste assis, sans bouger, fixant la porte sans la voir, comme si Léon se tenait toujours devant.
Son regard dérive sur toute sa cabine avant de s'échouer sur son bureau, là où trônent sa collection de cartes ainsi qu'un immense vase empli de fleurs multiples.
Ces fleures.

Une rose rouge comme ses lèvres.
Un iris jaune, doré comme sa chevelure.
Une branche de fleur d'oranger, aux pétales de la même couleur que sa peau.
Les fleurs de cerisier dont la douce nuance de rose colore aussi ses pommettes.
Lucy.
Cette si belle et si douce fille a su réanimer cette petite chose dans sa poitrine. Cette petite chose qu'il pensait pourtant complètement morte.
Cela faisait 2 ans que cette petite chose si importante à la vie s'est remise à battre. Elle s'est remise à battre alors que, pendant un an, elle était morte. Mais à la première nuit où il fit ce rêve. Il avait senti une pulsation dans sa poitrine. Puis une autre. Et encore une autre. Encore et encore jusqu'à qu'il soit certain que son cœur. Que son cœur ai décidé de reprendre son rôle et de battre. De battre pour redonner un souffle de vie à ce pantin qu'il était devenu.
Lucy.
C'est cette fille. C'est ce rêve qu'il l'a sauvé. C'est cette illusion, cette déesse, cet esprit qui lui permets de tenir debout et de mettre un pas devant l'autre sans tomber.
Lucy...

Son regard se porte sur l'océan... Là-bas, au loin, une violente tempête se prépare. Il devra alors prendre la barre.
Mais pas tout de suite.
Là, en ce moment-même, à cet instant, la Mort Froide n'est plus. Là, en ce moment même, Grey ferme les yeux.
Et à cet instant, alors que les flots commencent déjà à s'agiter. Une larme, une seule traverse la barrière de ses cils avant de glisser le long de sa joue et de mourir sur ses lèvres pâles.
*****

Coucou
Alors oui... Oui j'avoue... Oui je suis fière de ce chapitre...
Mais vous, qu'en pensez-vous ?
Grey avait donc un père violent ?
L'ancien capitaine manque à Léon ?
Ul... Que lui est-il arrivé ?
Quelle est cette bataille ?
Lucy, la seule personne à lui redonner le sourire ?
Et de la tempête qui se prépare... On en parle ?
Sinon votez commentez ça fait toujours plaisir
Bisou bisou

Mon Rêve, Mon Mirage [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant