CHAPITRE 24

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L'arme de son père passe à seulement quelques millimètres de son visage, coupant une mèche de ses cheveux noirs. Il profite de la discrète ouverture que lui offre son adversaire pour tenter une attaque mais ce dernier a tôt fait de la parer.
Les coups s'enchaînent à une vitesse folle sans qu'aucun des deux ne parviennent à toucher l'autre. Malgré ça, Silver à un discret avantage. Il est parvenu à faire reculer son fils de plusieurs pas. Et ça, Grey s'en rend bien compte ce qui décuple sa rage. Lui qui s'était juré de tuer son père, le voilà qui recule face à lui.

Les deux dieux sont posté tous les deux en hauteur, assis sur le toit de deux chaumières. Ils contemplent leurs protégés du haut de leur perchoir après qu'on les eut interdit de prendre part au combat. Enfin, c'est ce que croyais Grey. Car, fugacement, il voit une lueur rouge briller dans le regard de son père et, juste après ça, le commandant attaque plusieurs fois et la moitié de ses attaques le touchent.
Le brun lâche un grognement et plaque sa main sur son flanc où le sabre de son adversaire la transpercé.
« Tu es donc incapable de me battre sans te servir de la puissance de ton dieu ?!
— Je n'ai aucun conseil à recevoir de celui qui laissé son mentor se sacrifier pour lui sauver la vie. »
La Mort Froide contracte la mâchoire, se retenant de se jeter sur lui et donc de se faire bêtement tuer alors qu'il n'aura pas pensé à un plan ou à une stratégie. Les sentiments de colère, de frustration et les impulsions incontrôlés lors des combats sont la meilleure façon de mourir.
« Comment sais-tu tout ça ?
— C'est moi qui ai dépêché cette flotte.
— C'était des britanniques !
— La France et l'Anglettere ont signé un traité de paix et d'entraide. »
Grey à passé tellement de temps en mer qu'il l'ignorait. Lui qui se vantait d'être toujours à la page, voilà qu'il n'avais jamais entendu parler d'une info d'une telle importance. Il se maudit pour cela.
Ul est morte à cause de leurs manques d'informations.
Ul est morte à cause de lui.
Ul est morte POUR lui.
Ul s'est sacrifié pour lui.
Il se revoit encore, il y a trois ans, lorsqu'un ennemi s'apprêtait à l'attaquer par derrière. Le temps qu'il se retourne, il a juste eu le temps de croiser le regard bleu de la capitaine alors que du sang s'échappait de sa bouche. "Tu feras un excellent capitaine" lui avait-elle chuchoté. Elle eut juste le temps de lui donner deux bouts de tissus rouges avant qu'elle ne trépasse : sa ceinture et son bandana.

« Grey, ce n'est pas le moment ! »
À l'entente de la voix de Lucy, le brun secoue la tête pour reprendre ses esprits. Juste à temps pour voir la lame de son père à quelques centimètres de son visage. Il se déporte mais l'arme en fait de même et elle lui perfore l'épaule. Il retient un cri étranglé avant de sentir quelque chose de froid et de mouillé. Il aperçoit une sphère d'eau qui agit comme une pompe avec son sang. Alors que son liquide vitale s'échappe de son corps, l'eau le force à retourner dans les veines.
Grey lève la tête vers sa déesse et lui adresse un sourire de remerciement. Elle a juste le temps de hocher la tête avant que le combat ne reprenne avec encore plus de puissance.
Après quelques brèves échanges de coups qui n'ont pas portés leur fruit, Silver fond sur son fils mais alors que son épée allait lui transpercer le corps, il se fige brusquement alors que de l'eau commence à sortir par son nez, ses oreilles, sa bouche et même ses yeux. Il lâche un cri alors que sa peau se défraîchi et que ses forces l'abandonnent.
Grey ne pose aucune question car il a très bien compris à qui il doit la vie. Et il compte bien profiter de sa chance. Le brun sent une puissance nouvelle parcourir son corps. Il va le tuer. Il va tuer son père. Il ne mérite que ça. Il lève son épée. Il veut regarder son père dans les yeux lorsque celui-ci rendra son dernier souffle. Il veut que lui et son regard sombre soit la dernière chose que voit son père. Histoire qu'il comprenne que malgré tout ce qu'il a traversé, la maltraitance de son père, le sacrifice de son mentor et la mort de tous ses amis en plus de la trahison de certains, il est toujours debout. Toujours en vie. Et qu'il compte bien le rester.
Mais malgré ça, il est incapable de maintenir ses prunelles dans ceux de son géniteur, de son cauchemar éveillé. Il détourne le regard et, une grimace tordant ses traits, il lui plante son sabre en plein cœur.
Le corps de l'homme se cambre légèrement avant qu'il ne retombe dans un bruit mat.

Grey se redresse et essuie le filet de sang qui s'échappe de sa lèvre. C'est finit. C'est déjà terminé. Il n'aurait jamais pensé que cela soit si rapide. Chaque fois qu'il s'imaginait ce combat, il le voyait durer des heures, voir des jours entiers. Mais là, non. Il n'a fallu qu'une demie heure pour que son père rende l'âme alors qu'il était soutenu par la puissance d'Acnologia/Koig. Mais le pirate ne doit pas se faire d'illusions. Il sait parfaitement que, s'il a gagné, c'est parce que Lucy s'est finalement résigné à utiliser son contrôle de l'eau sur l'être humain. Sans ça, le cadavre au sol, ce serait le sien. Il doit la vie à sa sublime déesse.

Les deux dieux descendent de leur perchoir et Lucy se précipite auprès de Grey pour palper ses blessures et les bander avec des bandes de gaze qu'elle a trouvé il-ne-sait-où. Ses jambes cessent de le soutenir et il tombe au sol, s'écorchant aussi les mains alors qu'il tente de retenir sa chute.
Koig s'approche d'eux, les pans de sa cape volant derrière lui.
Il reste encore un adversaire mais, malgré tous ses efforts, Grey n'est pas en état de combattre. Il ne parvient même pas à se lever et est très vite arrêté dans ses tentatives par le seigneur des dieux. Un sourire lent étire les lèvres de celui-ci.
« Grey Fullbuster, la Mort Froide... »
Sa voix est tel que le jeune homme se l'imaginait. Grave, basse et sans émotions.
« Je suis fier de mon champion.
— Il est mort père, lance Lucy. Depuis quand, vous, roi des dieux, êtes-vous fier d'un cadavre ?
— Mon champion est toujours en vie. »
Grey lance un regard ardent sur le corps de son père. Non, aucune respiration ne vient soulever sa poitrine. Il est bel et bien mort. De sa main. Comme il le souhaitait. Et pourtant, il n'en tire aucune satisfaction.
« Mon champion est toujours animé d'un souffle de vie. »
Sur ces mots, son regard froid et sans aucune lueur de vie se fixe dans les prunelles du brun. Un frisson parcourt l'échine du jeune pirate. Il vient seulement de comprendre...
« Tu as compris, n'est-ce pas ? Toi, mon champion, tu as fait exactement ce que j'attendais de toi ! »
Il veut se redresser d'un bond mais il en est incapable, à la place, il contracte la mâchoire et le fusille du regard. Mais le dieu ne s'en formalise absolument pas et s'étire longuement.
« Cela fait bien longtemps que Silver Fullbuster est mon champion. Je suis le dieu de la guerre, le commandant des armées françaises est un magnifique pion pour moi. Il détruisait et attaquait les pirates. Il les tuait sans la moindre once de pitié. C'était bien, c'était la belle époque. Puis il y a eu toi, Grey Fullbuster. »
Il pointe l'index dans sa direction, presque comme une accusation.
« Silver ne cessait de parler de toi comme son fils indigne qui avait fugué et qui était désormais pirate. Il te vouait une haine défiant toute concurrence. C'est là que tu as commencé à m'intriguer, Mort Froide. Je voulais connaître celui qui énervait tant mon si distrayant pion. Puis Alizea s'est attaché à toi, elle est même tombée amoureuse de toi, un sentiment interdit chez nous, les dieux. C'est en la rendant humaine que j'ai pu t'observer. Ses yeux étaient mes yeux. Je voyais ce qu'elle voyait. »
Mal à l'aise à cette idée, Lucy se passe plusieurs fois la main devant les yeux avant de se frotter vivement les paupières.
« Et Silver a mis cap vers l'île des Pavillons là où je savais que TOI, tu te rendais. C'était le moment parfait. Le moment parfait de me débarrasser de mon pion. Il croyait que c'était sa puissance que je renforçais alors que c'était la tienne que j'emplissais. La croyance des hommes les fait redoubler d'ardeur. C'est toi, Grey Fullbuster, que j'ai choisi comme nouveau champion, comme nouveau pion. »
Le sourire sans joie d'Acnologia se fait carnassier. Il se tourne vers sa fille.
« L'humanité te convient-elle ?
— Bien plus qu'il est possible d'imaginer. »
Il hoche simplement la tête avant de leur tourner le dos. Il lance juste derrière son épaule à l'intention de Grey.
« Amuse-moi, docile petit pion. »
Son corps se transforme en une nuée de corbeaux qui s'envolent en croassant, ne laissant plus qu'une sombre cape sur le sol.

Mon Rêve, Mon Mirage [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant