Lady Midford

Chapitre 3 : Une douce accalmie.

Le lendemain matin, quand l'aînée Midford se réveilla, il lui fallut quelques instants pour savoir où elle se trouvait. Elle se redressa alors et sentit son corps la faire souffrir d'un peu partout. Des images de la veille lui revinrent immédiatement à l'esprit et elle se demanda comment elle était retournée dans sa chambre. Peut-être qu'elle s'était réveillée et était retournée dans son lit sans s'en souvenir, ou alors, hypothèse à la fois plus inquiétante et plus improbable, peut-être que quelqu'un l'avait ramenée. À cette pensée, le visage du majordome de Ciel lui vint à l'esprit, mais elle secoua la tête, niant cette possibilité.

Elle finit donc par se lever, et la première chose qu'elle fit fut de se laver et se changer, avant de jeter discrètement sa robe dans la cheminée de son petit bureau. Elle petit déjeuna ensuite, avant de récupérer un livre pour le lire tranquillement dans son bureau. Vers 11h, une femme de chambre vint lui apportait une lettre qui lui était adressée. Elle retourna donc la lettre et quand elle découvrit le seau royal, elle manqua de s'étouffer avec sa salive. Pourquoi donc recevrait-elle une lettre de la reine ? Elle ne devait pas être la seule à se le demander car elle remarqua que la dame de chambre qui lui avait amenée le courrier était restée là à attendre une réponse.

- Tu peux disposer, lui dit donc Faith qui souhaitait être seule.

Elle regarda ensuite la domestique partir, puis une fois qu'elle fut sûre d'être seule, elle décacheta délicatement la lettre avant d'en lire le contenu. Et là, elle crut qu'elle allait faire une crise cardiaque. La reine l'invitait à un thé pour discuter dans cinq jours ! Elle l'invitait, ELLE, à prendre le thé ! Il devait y avoir une erreur ! La famille Midford n'étaient pas très proches de sa majesté ! C'était plutôt le privilège de la famille Phantomhive ! Alors pourquoi donc recevait-elle une invitation ? Elle était perdue et légèrement angoissée. Elle décida donc de ne rien dire à ses parents avant de savoir de quoi il retournait.

Le reste de la journée se passa tranquillement pour la jeune femme. Elle lut quelques livres, tous plus passionnant les uns que les autres, et elle discuta un peu des cinq dernières années avec ses parents. Toutefois, ce qu'elle préféra, c'était passer du temps avec sa sœur. Elle avait tellement grandi depuis la dernière fois qu'elles s'étaient vues, et son caractère était pourtant resté le même, plein de joie et de gentillesse, et c'est ce qui lui plaisait.

Ainsi, en fin d'après-midi, alors que les deux sœurs discutaient, la benjamine proposa qu'elles s'affrontent dans un match à l'épée, comme autrefois. Un sourire malicieux s'étira sur le visage de Faith et elle accepta. Certes ça faisait quelques années qu'elle n'avait plus eu la chance d'être entraînée, mais, ce n'était pas pour autant, qu'elle s'était relâchée. Elle avait continué à s'exercer en secret seule.

Elles rejoignirent donc la salle d'entraînement et prirent chacune une arme avant de se mettre en garde.

- Es-tu prête à te faire battre ma sœur ?

- Tu prends tes rêves pour la réalité, petit poussin, répondit Faith en utilisant le surnom qu'elle avait donné à sa sœur, il y a longtemps. Ce n'est pas ces cinq ans qui vont te permettre de me battre. Tu te souviens, même père ne pouvait plus me battre avant que je ne parte.

- Oh mais moi aussi je bats père désormais, alors prépare-toi.

Et les deux s'élancèrent enchaînant attaques, parades, fentes, contre-attaque, etc. Le combat dura un peu, et Faith se força à n'utiliser qu'une puissance normale, pour ne pas désavantager sa sœur. Malgré tout, ce fut quand même elle qui gagna. Lizzy laissa donc échapper un soupir de défaite, puis elle accepta l'aide de sa sœur qui lui souriait victorieusement. Et alors, elle retrouva la sœur qui l'avait quittée. Elle retrouva cette sœur aux sourires malicieux et regards plein de défi, qui était prête à tout pour protéger les siens, et qui était douce et généreuse avec ceux à qui elle tenait. Et c'est là qu'elle réalisa à quel point elle lui avait vraiment manquée. Elle la prit donc dans ses bras, comme la veille, et la serra très fort, comme pour faire en sorte qu'elle ne parte plus jamais. Un sourire aimant se dessina en retour sur le visage de Faith, et elle lui caressa les cheveux lentement en un geste rassurant et réconfortant.

Les deux filles Midford furent finalement interrompue par un domestique qui leur annonça que le repas allait bientôt être servit. Elles partirent donc toutes deux se laver avant le dîner, en ayant bien besoin après ce combat acharné.

Ce soir-là, quand Faith parti se coucher, elle avait oublié momentanément ce qui l'attendait le lendemain, et elle était heureuse pour la première fois depuis des années.

Elle s'écroula sur son lit, de manière tout à fait incorrecte pour une lady, mais elle s'en fichait, étant seule dans la pièce. Elle se retourna ensuite, et observa le plafond en laissant son esprit divaguer. C'était un rituel qu'elle avait avant de dormir. Souvent, elle se remémorait les meilleurs moments de la journée, même quand cette dernière avait été mauvaise, car ça lui permettait de voir le bon côté des choses et d'essayer de se concentrer dessus, même si ce n'était pas vraiment gagné. Ensuite elle s'enroula dans sa couverture comme une enfant, et ferma lentement les yeux en imaginant des choses qui lui plaisait pour bercer son sommeil. Et elle finit par sentir son esprit se vider pour ne bientôt plus laisser place qu'au sommeil.