Chapitre 10 : « Je vous laisse le choix. »

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Dans la nuit, la jeune lady endormie, fut réveillée par une main douce lui caressant les cheveux. Elle remua lentement en lâchant un petit couinement de fatigue, puis ouvrit légèrement les yeux. La nuit régnait toujours en maître dehors, et la chambre était presque plongée dans le noir. Pourtant, Faith distingua une ombre à côté d'elle, la regardant. Elle plissa les yeux pour mieux reconnaître la personne, même si elle se doutait de qui il s'agissait. Une fois ses doutes confirmés, elle se retourna, ne désirant pas le voir, et elle lui ordonna d'une voix froide :

- Je ne veux pas de toi ici ! Va-t'en maintenant !

Cette phrase fit froncer les sourcils à l'invité indésirable. Jamais il ne l'avait entendu parler aussi froidement, et il ne comprenait pas ce qui avait bien pu changer.

- Que se passe-t-il, my lady ? Je...

- Va-t'en... Le coupa-t-elle alors que les bougies s'allumaient dans la pièce.

Le silence se fit, et elle crut avoir réussi à le faire partie quand sa couverture fut brusquement retirée et qu'elle se retrouva plaquée contre un mur de sa chambre, une main sur son épaule, la maintenant contre le mur, et l'autre placée à côté de sa tête, l'empêchant de fuir. Un visage se tenait devant elle, la surplombant légèrement, et tout ce qu'elle remarqua en premier lieu, ce fut des yeux rubis qui la fixaient. Danger... Voilà ce que lui soufflait son esprit. Mais il lui soufflait aussi autre chose, moins fort : désir... Elle repoussa néanmoins ce sentiment au plus profond de son esprit en se souvenant de pourquoi elle voulait qu'il parte.

- Je veux bien rester poli et courtois, mais n'oubliez pas que je suis néanmoins un démon, et j'ai mes limites.

- Comment pourrais-je l'oublier alors que tu en as après l'âme de quelqu'un qui m'est cher ! Tu n'es qu'un monstre dévoreur d'âmes après tout, et je ne vaudrais bientôt pas mieux que toi ! Tu veux savoir pourquoi je te déteste hormis parce que tu veux dévorer l'âme de Ciel ? Je te déteste parce que ta présence ne fait que me rappeler en permanence ce qui m'attends. Quand tu es là, je ne peux que penser au monstre qu'un jour je deviendrai, au pauvre innocent à qui un jour je dévorerai l'âme, et je ne veux pas de cela ! Alors reste loin de moi !

À ces mots violents, le visage de Sebastian se tordit d'un mélange entre haine et tristesse. Finalement, il s'approcha un peu plus d'elle, la regardant dans les yeux, ses derniers rougeoyants comme jamais.

- Alors c'est ainsi, je ne suis qu'un monstre pour vous ? Au moins les choses sont claires. Vous ne savez pas tout, vous êtes loin de tout savoir, et pourtant, vous vous permettez de me juger. Je ne m'attendais pas à cela venant de vous. Vous m'en voulez pour le contrat avec Ciel, mais c'est lui qui a décidé de le passer. Il a accepté de me donner son âme en échange de mon aide, en toute connaissance de cause, et ce contrat ne peut être rompu ! De plus, je ne fais que me nourrir. Vous me voyez comme un être ignoble parce que je dévore des âmes, mais je ne fais que répondre à ma nature ! Que croyez-vous que pense le lapin de l'humain qui l'engraisse puis le tue ? Pensez-vous que dévorer une âme humaine est pire que de dévorer un animal ? Ensuite, vous dites que vous me détestez, ce qui, soit-dit en passant, est faux, et nous le savons tous les deux. Mais passons, et admettons que ce soit vrai : vous me détestez parce que je vous rappelle ce que vous allez devenir... Absurde ! Vous avez toujours été un démon, et ce n'est pas ma disparition qui rendra cette réalité moins réelle. Vous avez peur et je peux le comprendre. Vous avez été élevée comme une humaine, et prendre une âme vous semble ignoble, c'est un fait. Mais ne rejetez pas vos peurs sur les autres. Si je suis ici, c'est pour vous aider et vous rassurer. Je n'imagine que trop bien ce que vous endurez, et c'est pourquoi je veux être là pour vous protéger ! Mais si vous ne voulez pas de mon aide, soit, je vous laisserai vivre votre vie en paix, mais ne comptez plus sur moi à l'avenir ! Je vous laisse la journée pour y réfléchir. Si vous ne voulez plus de moi près de vous, ne faites rien, mais sinon, demain soir, avant minuit, rendez-vous à la clairière que vous avez détruite, et nous parlerons. Je vous laisse le choix! Sachez toutefois qu'un démon mécontent est pire qu'un présage de mort.

Lady MidfordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant