Chapitre 16 : « Nous aimerions vous confier une nouvelle affaire. »

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Le jour du rendez-vous avec la reine arriva bien trop vite au goût de l'aînée Midford. Elle ne mangea pas le midi, prétextant ne pas se sentir très bien, mais voulant en fait éviter que son estomac ait quelque chose à rendre pendant l'entrevue. Elle mit une robe blanche et rouge élégante, puis avec beaucoup d'appréhension, elle monta dans le carrosse. Le temps pour se rendre au palais lui parut cette fois-ci, très court, trop court, et son angoisse continuait à monter, faisant discrètement trembler ses doigts. Elle tenta néanmoins de se calmer en prenant une grande inspiration, et en voyant le côté positif de cette entrevue. Quoi que lui dise la reine, elle ne devrait plus avoir à lui faire face à nouveau. En effet, si elle l'acceptait comme limier, ses ordres arriveraient ensuite par courrier, et si elle refusait, alors elle n'aurait pas de raison de la revoir à nouveau. Elle serra le poing, et c'est avec cette idée en tête qu'elle pénétra dans le palais. On la redirigea alors vers le même salon que la dernière fois où l'y attendait une surprise.

- Faith ?!

- Ciel ! Je suis ravie de te voir. Tu as aussi été invité à prendre le thé ?

- Oui. Je suis là pour parler d'une nouvelle enquête. Et toi ?

- Je suppose que c'est pour la même chose.

Le silence revint dans la pièce. Elle s'assit sagement, et regarda la table, ne voulant pas croiser le regard de Sebastian. Ce dernier au contraire la fixer avec insistance, jusqu'à ce qu'il entende des personnes approcher. Sachant parfaitement qu'il n'était pas autorisé à assister à l'entrevue, il s'éclipsa avant que leurs hôtes n'entrent. Quelques secondes plus tard, la reine et son valet faisaient leur apparition.

- Nous vous prions de nous excusez, nous avions une affaire urgente à traiter, et qui s'est éternisée. Nous vous avons demandé de venir, pour vous parler d'une collaboration à long terme. Nous avons vu avec l'affaire Jack l'éventreur, que vous faisiez une bonne équipe, et nous souhaiterions donc que Lady Midford devienne un limier et que vous travailliez ensemble pour résoudre les affaires les plus sensibles.

- Ce sera avec joie, votre altesse, répondirent-ils en même temps.

- Splendide !

Le thé fut servi, et ils burent tranquillement avant que le valet ne reprenne la parole, au nom de de sa maîtresse.

- Nous voulions vous parler d'autre chose. Nous aimerions vous confier une nouvelle affaire. Vous enquêterez sur un cirque qui va bientôt arriver en ville. Des disparitions inquiétantes d'enfants ont eu lieu dans les villes où la troupe s'est produite au cours de sa tournée. Malgré une enquête approfondie de la police, les enfants demeurent introuvables. Tout ce que nous savons, c'est que les enfants se volatilisent toujours en pleine nuit, ensuite, plus aucune trace d'eux, comme dans ce conte du joueur de Hamelin. Nous espérions donc, en vous offrant ces trois tickets pour une représentation, que vous pourrez les ramener sains et saufs à leur famille.

- Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, votre altesse.

- Merci pour votre confiance, votre altesse.

Avec cela, ils finirent leur thé, puis sortirent. Ciel, proposa alors à Faith de la raccompagner, afin de faire une visite surprise à sa fiancée. Toutefois, la jeune femme hésita. Elle arrivait encore tant bien que mal à cacher ses nausées, mais avec le voyage, elle était sure qu'elle devrait faire une pause pour comme la dernière fois, rendre son thé. C'est finalement le regard appuyé du jeune comte qui la fit trancher en sa faveur. Après tout, il était assez rare qu'il surprenne Lizzy ainsi. Elle monta donc avec Ciel et Sebastian.

Pour se distraire et briser le silence, elle demanda :

- Que penses-tu de cette nouvelle enquête ?

- Je ne sais pas, mais il parait évident que le cirque est coupable ! Reste encore à le prouver, et à trouver les enfants.

Le trajet continua dans le silence mais Faith palissait à vue d'œil, bien qu'elle tente de le cacher en détournant la tête. Le second démon du véhicule, la regardant intensément, le remarqua rapidement.

- Vous allez bien, my lady ?

Elle les regarda alors, et Ciel, intrigué par les paroles de son majordome, l'observa et vit bien qu'en effet, elle n'allait pas bien. Un haut le cœur la prit et elle posa une main sur sa bouche pour se retenir.

- Non... Je... Arrêter le véhicule.

A peine ce dernier arrêté, elle se précipita à l'extérieur, et rendit son thé.

- Faith ! Que se passe-t-il ? Tu es malade ?

- Un petit peu patraque, mais ça devrait vite passer. Part devant, je vais rentrer à pied ! De l'air frais me fera du bien.

- Hors de question ! Je ne vais pas te laisser toute seule au milieu de nulle part alors que tu es malade !

- Ne vous inquiétez pas, Monsieur, je vais rester avec elle et la raccompagner. Vous n'aurez qu'à profiter de votre avance pour passer plus de temps avec Lady Elizabeth.

Le jeune garçon hésita, mais il finit par accepter devant le regard déterminer de son majordome. Peut-être que son état était lié à sa nature de démon, et qu'il voulait lui en parler en privé. Peut-être... Ironiquement, dieu seul savait.

Une fois Ciel loin, Sebastian posa sa main sur le dos de Faith et le frotta gentiment.

- Vous allez bien ?

- Ça va, affirma-t-elle, sans pour autant bouger.

- Vous êtes malade ?

- Non... c'est...

- La reine et son valet.

Elle se tourna brusquement vers lui, surprise, qu'il l'ait compris aussi rapidement.

- Comment vous...

- N'oubliez pas que moi aussi je suis un démon !

- Alors sais-tu pourquoi je me sens comme ça ? Qu'est-ce qui ne va pas avec eux ?

- Le valet de la reine est un ange. Sa nature vous révulse donc naturellement, quant à la reine, elle travaille avec lui.

Les yeux de Faith devinrent ronds comme des soucoupes. Un ange ! Elle ne s'attendait pas à ça ! Mais apparemment, son corps réagissait de lui-même à un être de nature opposé.

- Dois-je me méfier de cet ange ?

- Vous devez vous méfier de tous les anges ! Ils entravent notre travail et sont mesquins. Toujours à vouloir recouvrir le monde d'une pureté malsaine, peu importe les sacrifices.

- Du vécu dans ces paroles ?

- Malheureusement... Pouvons-nous commencer notre route ? Bien que vous ayez tenu longtemps avant de vomir, nous avons encore un peu de route à faire. Sauf si...

Il la souleva soudainement avant d'ajouter :

- Sauf si je vous porte en courant jusque là-bas ! Ça ira plus vite !

- Non attends...

Ces protestations devinrent bien vaines, quand il s'élança en courant vers le manoir Midford. Effrayée, Faith se serra un peu plus contre Sebastian, ce qui n'était pas pour déplaire à ce dernier. Elle le maudit intérieurement, cachant son visage contre son thorax pour ne pas faire face au vent.

Quand finalement ils arrivèrent à quelques centaines de mètres du manoir, Sebastian s'arrêta sans pour autant la lâcher.

- Imbécile ! Pourquoi a-t-il fallu que tu fasses ça ?! En plus, je suis sûr que tu n'as pas pris le chemin le plus court ! Et à cause de toi, je suis toute décoiffée ! Que va dire ma mère ?! Se plaignit Faith, la tête toujours enfouit dans sa poitrine, et ses mains serrant ses vêtements, de rage et de peur !

Face à cette réprimande, Sebastian éclata de rire franchement avant de lui brosser lentement les cheveux avec ses doigts, et de refaire proprement sa coiffure.

- Voilà, my lady, comme ça il n'y a plus de problème !

Elle le repoussa rouge de honte, et se rendit chez elle sans un regard de plus, prétendant auprès de sa mère avoir fait un détour en ville avant de rentrer.

Lady MidfordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant