Chapitre 13

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Pdv Kyoka :

Le claquement de la porte de la voiture dans laquelle nous avons passé les deux dernières heures parvient à mes oreilles tandis que mon regard croise le tien. Tes yeux aux pupilles dilatées et les légers tremblements de tes bras trahissent ton angoisse grandissante. Mes pas me guident instinctivement vers toi.  Mon bras se pose sur ton épaule et tu me tire vers toi pour une étreinte calme, mais qui prouve tout l'amour que l'on se porte. C'est ça que j'aime dans notre relation. C'est un amour réciproque, comme dans les histoires fabuleuses.

Et si tu me demandais combien de fois tu as traversé mon esprit, je te répondrai une fois. Parce que tu y es venu, et tu n'es jamais reparti.

D'un même pas, nous avançons jusqu'au bâtiment qui nous fait face. Une station-service au bord d'une route déserte, chose rare au Japon. Une maison est adjacente à la bâtisse. Le noir et le rouge sont omniprésents sur les murs, à l'exception du nom de la station inscrit en blanc dans une police qui laisse à désirer.

Le tintement d'une clochette retentit Denki pousse la porte d'entrée qui, malgré inscription 'ouvert', ne semble pas attirer grand monde puisque nous sommes seuls dans les rayons du petit magasin. Seuls, à l'exception d'un homme.
Ses cheveux blancs coupés court ébouriffés comme s'il s'était pris une tornade en pleine face, parsemés ci et là de mèches blondes.
Ses yeux noirs à demi ouverts cachés derrière des lunettes de soleil dont l'utilité est à revoir.
Son bon mètre quatre-vingts souligné par une chemise dont le blanc est caché sous une légère couche de cambouis. Son regard ne quitte pas son téléphone quand il nous lance un maigre 'bienvenue'.
Denki saisis une bouteille d'eau et la pose devant la caisse.

"Je vous dois combien ?"

L'homme lève ses yeux qui s'écarquillent en reconnaissant Denki. Mon amant laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres.

"Denkidiot ! Ça fait un bail !"

Denkidiot ? Sérieusement ? Je jette un regard étonné sur le concerné qui ne semble pas le remarquer.

"Seiteki ! Fidèle à toi-même..."

Ledis Seiteki passe devant la caisse pour serrer son ce que je devine être frère. Suite à ça, il me lance un regard étonné.

"Et en bonne compagnie, à ce que je vois ! T'aurais pu me prévenir ! Elle est pa-..."

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que Denki lui lance un regard plus noir que les abysses et lâche :

"Si tu t'avise de dire quoi que ce soit de péjoratif au sujet de Kyoka, j'te refais le portrait, compris ?"

Sur ces mots, les deux frères s'étreignent plus solennellement qu'ils l'auraient voulu. Les mots traversent mon esprit et mon coeur sans jamais passer la barrière de mes lèvres tandis que mes pas suivent les tiens. L'arrière boutique mène à la maison adjacente de tout à l'heure. Une jolie bâtisse de style pavillonnaire, plutôt sobre niveau déco. Une femme est posée sur un fauteuil en cuir noir et lit un journal. Son regard passe d'un article à la petite tribue que nous formons, Denki, Seiteki et moi.

Ses yeux ont cette lueur inexplicable qu'ont les personnes avec une histoire. Elle a dû en vivre, des choses incroyables pour ne pas prêter plus d'attention que ça à son fils qu'elle n'a plus vu depuis des mois. Elle deigne de me jetter un coup d'oeil après avoir longtemps observé mon électrique qui semble très gêné.
Ses lèvres, fines comme des lames de rasoir, cachent probablement un sourire chaleureux qu'elle ne nous offre pas.
Ses longs cheveux noirs ponctués de part et d'autre de mèches blondes rattachés en une queue de cheval haute qui lui donne un air sérieux, mais pas hautain.
Elle me toise de son regard félin, laisse glisser ses yeux le long de mon corps encore épargné par les blessures habituelles des héros professionnels, avant de sourire et de se lever.

Reality is a nightmare Où les histoires vivent. Découvrez maintenant