Chapitre 10

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Pdv Tokoyami :

Hawks est venu me voir, cet après-midi. On a gardé contacte, depuis le stage. Il passe presque quotidiennement à Yuei et à l'hôpital. Il réconforte tout le monde et passe un peu de temps avec Ojiro et moi. De temps en temps, il va voir les enfants de l'étage pédiatrique. Je suis déjà venue le voir durant une de ses visites. Il leur raconte des anecdotes de héros, ce genre de choses. Moi aussi, j'aimerais pouvoir en raconter. Mais je n'ai pas la force de me remémorer des moments passés avec des personnes que je ne reverrai peut-être jamais.
La police est venue, quand je me suis réveillé du coma artificiel dans lequel les médecins m'ont mit pour ma survie. Je leur ai raconté ce dont je voulais bien me souvenir, et un peu du reste aussi.

Durant les visites autorisées, mes parents ne sont venus que deux fois en plus de trois mois. Je crois qu'ils m'en veulent. Ils m'en veulent d'avoir survécu à un combat que j'ai perdu.
Tsuyu passe presque tous les jours pour m'apporter les cours. Ce n'est pas son écriture, je le vois bien. Son écriture à elle est faites de longues boucles et est très soignée. Hors, l'écriture sur les photocopies que me donne Tsuyu est ferme et monotone. Je crois bien qu'elle a décroché des cours. Elle ne répond jamais à mes questions sur le lycée. Ou elle détourne la conversation. Au choix.
Mes pensées sont coupées par l'arrivée d'Hawks.

"Alors, tu fais quoi de beau ces derniers temps ?"

Sa voix est faussement décontracté. Il est fatigué, ça se voit malgré les couches d'anticerne qu'il a dû s'appliquer avant de venir.

"Je fais de mon mieux."

Il sais très bien ce qui se passe. Je ne lui en parle jamais de vive voix, mais il comprend toujours le message. Je crois que ça doit être son deuxième super pouvoir.

"Tu sais, commence-t-il. Ce n'est pas parce qu'elle ne dis jamais ce qu'elle ressent qu'elle ne le ressent pas, hein."

Il a toujours -ou presque- su trouver les mots. On sais tout les deux de qui il parle.

Il parle d'Elle.

Elle, à qui je pense jour et nuit.
Elle, dont les regards n'ont beau ne durer qu'une seconde, ils ont l'effet d'une bombe.
Elle, dont les longs cheveux resplendissent au soleil.
Elle, qui pense toujours à m'apporter des boîtes de chocolats, bien que ce soit interdit.

Elle, je crois bien que je l'aime.

Pdv Kyoka :

Dans le silence de la fin de soirée se détache un orchestre de sanglots étouffés. Alors que je me rapproche du bruit, encore un peu dans les vapes du sommeil précaire que je viens de terminer, je reconnais ce corps blotti contre le mur du couloir.

C'est le tien, Denki.

Tu est assis par terre, dos au mur. Une jambe tendue vers l'avant, l'autre replié pour soutenir ton bras dans lequel se cache ton visage couvert de larmes.

"Denki ?"

Tu relève la tête vers moi, sans cesser de pleurer. Puis tu prends ta tête entre tes mains tremblantes et dis, dans un murmure presque inaudible :

"J'ai réussi à ne pas pleurer pendant trois longs mois d'horreur, mais pas pour ça ?
- Pour quoi ? Tu me fais peur, Denki !"

Il te faut un temps pour souffler et calmer tes larmes.

"- Mes parents viennent de m'appeler. Ils veulent que je quitte Yuei."

Mon coeur rate un battement. J'ai peur d'avoir bien compris. Voyant mon incompréhension, tu poursuis :

"Ils disent que c'est devenu bien trop dangereux. Entre les attaques de supers vilains et l'enlèvement, s'en est trop pour eux. Ils veulent que je reprenne une scolarité 'normal'. Je veux pas, Kyoka ! Je veux rester à Yuei ! J'ai travaillé tellement dur pour y arriver ! Je suis si bien ici ! Et puis, tu es là, toi ! Je ne veux pas partir ! Je ne veux pas abandonner !"

Reality is a nightmare Où les histoires vivent. Découvrez maintenant