Chapitre 18

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Pdv Eijiro :

J'ai toujours été doué d'une empathie absurde. Limite maladive. Ce qui érafle les autres me déchire.

Et ce depuis toujours.

Et puis il y a eu ce secret.

Ce putain de secret.

Il a brisé les murs de ma coquille de verre. Résistant, mais permettant de voir tout autour.

Ce secret a fendu cette protection que j'avais mis des années à créer. Il la transformée en prison de titane. Impossible à briser, m'enfermant loin de la réalité. Loin de ce monde de fous dont je venais de réaliser l'ampleur de la dangerosité.

Des sept péchés capitaux, mon père avait fait le choix de l'avarice.

Mais ça, je l'ignorait il y a douze ans. Et j'aurais préféré que ça reste ainsi. Un secret dont je ne connaîtrait même pas l'existence.

Son éducation envers ma soeur et moi avait toujours été de se débarrasser des poids morts. Ils ralentissent, disait mon père. C'était à chaque fois un déchirement pour moi, cette foutu empathie greffée au corps.

Fait ce que je dis, pas ce que je fais.

Mon père avait décidé de tout jeter.
Puis de garder la poubelle.

Nostalgie ?
J'en doute.

Signe de son avarice grandissante ?
Contre toute attente, je ne crois pas.

Peur du vol ?
Illogique, mais il y a un bon fond.

La peur. C'était bien cette étrange peur qui avait poussé mon père au sacrifice ultime. Celui de son innocence.

Il avait baissé sa garde une seconde, il ne l'a pas regardé. Et elle en a payé le prix fort.

Elle.

Elle, l'innocente. La victime. La tendre et belle Hizashi.

À côté d'elle, je ne suis que l'une des victimes collatérales. Une erreur. Pardon, monsieur. On a pas fait exprès de détruire votre vie et toutes vos chances de paix intérieure.

Une seule phrase, un seul mot. Une négation qui a détruit toute ma famille.

1999. À ce moment-là, mon père fait parti de ces personnes qui ont réussi leur vie. Il est marié à une splendide jeune femme, ma mère. Entre eux, c'est l'amour fou. À la vie, à la mort.

Mais la mort de qui ?

La réponse se trouve être l'espoir de mon père. Le poulain. Le futur champion. Mon père est entraîneur de patinage artistique de haut niveau. Rien ne pourrais arrêter ses ambitions pour ses élèves. Surtout pas pour la jolie Hizashi.

Hizashi Shimizu. Grande, brune, yeux noirs. Elle avait de longs doigts, se souvient ma mère. Un vrai talent pour le patinage, ajoute mon père.

Elle aurait pu patiner autant qu'elle l'aurait voulu, la mort l'aurait rattrapé. Elle gagne toujours.

La vie d'Hizashi était loin d'être aisée. Elle ne roulait pas sur l'or et finissait tous les mois dans le rouge.
Alors, pour qu'elle puisse continuer à patiner et à être entraînée par mon père, ils ont fait un pacte. Il lui prête une somme assez conséquente pour qu'elle puisse rembourser ses dettes et arrondir ses fins de mois, et elle se donne à fond pour le patinage jusqu'à gagner une compétition où elle pourra rembourser mon père et toutes les années d'entraînement qu'elle lui doit.

Voilà comment Hizashi s'est endettée de dix-huit mille euros auprès de ma famille.

Vient cette fameuse compétition de 1999. Une semaine. Dans une semaine, la compétition commencera et Hizashi la gagnera pour pouvoir rembourser ses dettes.

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