Épilogue

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Pdv extérieur :

Des pas saccadés se font entendre, résonnant dans toute la rue. L'auteur de cet affront au silence se décide finalement à ralentir, observant attentivement les pavillons qu'il dépassait un à un, cherchant sans relâche un en particulier. Son préféré. Une maison simple, certes, mais qui renferme une histoire des plus difficiles et des êtres parmis les plus complexes qu'il fût donné au jeune homme de connaître. Un immense sourire se dessine sur le visage du garçon lorsqu'il l'aperçoit. Ses pas s'accélèrent encore, tout autant que son coeur. Un mois déjà qu'ils étaient tous sortis de l'hôpital. Les vacances venaient seulement de commencer, mais l'attente avait été trop longue. Pour deux âmes gorgées de sentiments et ayant passé des mois entiers face à face, à quelques mètres seulement l'un de l'autre, se retrouver éloignées tant de jours semble impossible. Inconcevable. Inimaginable.

Katsuki s'avança donc jusqu'à la porte d'entrée, et se retint au dernier instant de frapper, remarquant un post-it à son intention sur celle-ci. Une écriture rabougrie et marquée par les ratures lui indiquait d'entrer librement. Ce qu'il fît donc, en finissant de lire le mot, où un baiser lui était adressé.
En levant les yeux du mot, Katsuki se sentit immédiatement et irrémédiablement chez lui, ici plus que nul part ailleurs. Entre ces murs aux mille souvenirs, ayant caché des baisers et des flirts d'amourettes durant bien des mois, il était chez lui. Légalement parlant, pas vraiment, mais sentimentalement parlant, l'émotion qu'il ressentit à s'y sentir de nouveau dépasse toutes les espérances.

Le silence dans lequel le jeune homme se pensait alors sembla se déchirer lorqu'il perçut le murmure de l'eau en cascade à l'étage. Il grimpa alors les marches quatre à quatre, se fiant au bruit pour se guider. Il arriva devant une porte, celle de la salle de bain, derrière laquelle on percevait distinctement de l'eau couler. Katsuki toqua, puis entra. Un jeune homme se trouvait là, son corps parfait aux yeux du blond caché derrière une paroi trouble. Malgré le fait que le blond savait qui il trouverait ici, son coeur sembla rater un battement pour mieux accélérer. Eijiro ! Une myriade d'émotions lui asséna l'esprit. Eijiro, son Eijiro, était là, si près, si beau -bien que le blond ne l'avourait jamais-. Il laissa son regard dessiner les contours du candide lui faisant face, qui ne se doutait pas le moins du monde des pensées qui traversaient l'esprit de son amant. Il eut juste la décence de garder le bas de son corps derrière la paroi trouble, pour ne passer presque que son visage de l'autre côté, afin de voir son amour.

"Hey Kats ! T'es en avance !
-Non, c'est juste toi qui est en retard."

Le rouge sourit, faussement gêné, laissant un "oupsi..." glisser entre ses lèvres, avant de retourner sous l'eau.

"Et sinon, reprit Katsuki. Comment va la bande d'abrutis ?
-Ah bah ils te manquent finalement !
-Non !
-Ne me dis pas qu'ils ne t'ont pas manqué là-bas, je sais que c'est faux."

Là-bas. Car aucun autre terme ne peut désigner l'Enfer. Là où on n'est pas, là on ne veut plus être.

"C'est plutôt toi qui m'a manqué...
-Mais je n'étais qu'à deux mètres de toi..."

Le rouge avait murmuré cette dernière phrase si bas que le blond cru un instant l'avoir rêvée.

"Justement."

Le rouge cessa alors tout mouvement, attendri, avant de fermer l'eau, de se drapper d'une serviette et de sortir de la cabine. Il fila se glisser dans les bras grands ouverts du blond, laisser enfin son esprit embrasser ses idées, ses rêves, ses espoirs.

Et il sourit. Sans raison particulière, juste parce que l'idée d'une belle vie venait de lui traverser l'esprit, et qu'enfin, il la savait possible.

Reality is a nightmare Où les histoires vivent. Découvrez maintenant