-1-

131 10 11
                                    

New York a toujours été un rêve d'enfant pour moi. Les comédies musicales jouées dans des théâtres aux montures dorées, les gratte-ciels qui s'élèvent dans les nuages, les lumières qui illuminent de mille feux les rues animées en permanence...

Dans mon imagination, cette ville a toujours été le lieu où les souhaits les plus chers se réalisent, où les carrières s'envolent au détour d'une rue et où les rencontres vous marquent pour le reste de votre vie. On m'a d'ailleurs toujours dit que quiconque ayant touché au fruit mystique de la grosse pomme n'avait jamais pu gouter autre chose que son délicieux jus qui vous coule dans les veines à la moindre bouchée. Elle vous enveloppe dans un cocon et vous berce pour le restant de vos jours.

C'est d'ailleurs ce qui m'amène ici aujourd'hui. Les envies de grandeurs, de nouveautés et de libertés. Cette envie qui m'oppresse depuis petite de découvrir le monde des grands et de me fondre à mon tour dans cette douce et enivrante hystérie.

À peine sortie de l'aéroport, je ne mets pas longtemps à trouver un taxi de libre. Après avoir indiqué l'adresse et payé la course au chauffeur qui prend immédiatement la route, une autre voiture jaune ne tarde d'ailleurs pas à prendre la place, à la recherche d'une âme à déposer aux quatre coins de la grande ville.

La route défile rapidement sous mes yeux ébahis. Même à cette heure tardive, les routes sont chargées et les phares rouges et jaunes scintillent dans la pénombre de la nuit. Une douce musique retentit dans l'habitacle et suffit à combler l'atmosphère pesante du véhicule. La tête contre la vitre je ferme légèrement les yeux, assommée par le voyage que je viens de passer.

J'avais espéré que ces huit heures de vol passent un peu plus rapidement, mais il faut croire que l'enfant à côté de moi en avait décidé autrement. Entre crises d'hystéries et pleurs, j'avais dû au maximum dormir une petite heure. Sans compter la fatigue du décalage horaire qui n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez.

Mais dans mon pessimisme, je suis excitée d'être enfin arrivée dans l'une des plus majestueuses villes du monde. Il faut dire que bien que la destination m'a toujours attirée, j'étais partie sur un coup de tête, portée par une poussée d'adrénaline. J'avais rapidement acheté des billets avec les économies que je gardais précieusement sur un livret, et cherché un appartement dans mes moyens. Un mois plus tard et un stage en poche, je décollais en direction de la ville qui ne dort jamais.

Une bonne heure plus tard, la voiture s'arrête devant un immeuble en brique dans le quartier de Williamsburg, ceux que l'on voit dans les films et les séries américaines et que l'on envie tant. Le chauffeur m'indique que nous sommes arrivés à destination et je récupère rapidement mes valises dans le coffre après l'avoir salué.

Je monte rapidement les petits escaliers en béton devant l'immeuble et sors de mon sac l'enveloppe contenant les clés reçues il y a une semaine de cela. J'ouvre rapidement la grande porte en bois et m'engouffre à l'intérieur du bâtiment, débouchant sur une petite entrée à peine éclairée. Je monte l'escalier en colimaçon qui s'élève gracieusement devant de moi, il n'y a visiblement pas d'ascenseur. Une fois arrivée au cinquième et dernier étage - non sans difficultés à cause de mes bagages-, je m'arrête en face de l'une des deux portes qui se font face sur le palier. Appartement E10, c'est bien ça !

J'insère la deuxième clé du trousseau et m'engouffre à l'intérieur de ce qui est désormais mon appartement pour l'année à venir.

Je débarque dans une petite entrée entourée de placard où je me débarrasse de mes valises en plein passage, puis débouche dans le salon éclairé. En train de regarder la télé, un verre de vin rouge à la main, une petite tête rousse est affalée sur le canapé. Dès qu'elle m'aperçoit, elle dépose brusquement son verre sur la table en bois et fond vers moi.

À travers toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant