Obedience (En réécriture)

1

Il ne sentait plus ses jambes. Sa respiration échappait totalement à son contrôle. Allongé là, misérable dans le grand lit d'un penthouse luxueux, Jimin se demandait pour la énième fois ce qui l'avait attiré dans cette situation. 

Évidemment qu'il connaissait la réponse à cette question. Évidemment qu'il savait pourquoi il était devenu un objet parmi tant d'autre, une jolie chose dans la collection d'un homme influent. Il était comme ces draps en satin sur lesquels avaient coulé ce mélange visqueux de sang et de semence qui dégoulinait encore de son antre. Il était comme ce vase mésopotamien hors de prix illuminé par la lueur diffuse de l'aube à travers la baie vitrée. Il était un objet. 

Il n'allait pas pouvoir se lever pendant un moment. De toute façon, l'autre était parti. Il avait toute la journée pour s'en remettre. 

Avec toute la prévenance dont il était capable de faire preuve à l'égard de son corps meurtri, il se redressa, essayant de faire fi de la douleur lancinante dans le bas de son dos. Ses pas lents et pénibles se dirigèrent vers la salle de bain de marbre gris ridiculement grande. Il prit un moment pour contempler son pauvre corps. Devant ce miroir, il détailla ses bleus, ses hématomes, ses traces. 

L'autre ne le frappait jamais au visage. C'était mauvais pour sa publicité. Et puis, un oméga mâle, c'était précieux. 

Jimin resta debout là pendant quelques secondes, ravalant les larmes qui lui venaient toujours à la vue de la pitoyable chose qu'il était devenu. Puis il se fit couler un bain presque brûlant. 

Il n'avait pas toujours aimé les bains extrêmement chauds. Mais avec le temps, il avait appris qu'ils comptaient parmi ses meilleurs alliés. L'espace de quelques minutes, quelques heures, la douleur disparaissait. Toutes les surfaces réfléchissantes s'embuaient. Et cette délicieuse impression de suffocation l'envahissait. L'espace de quelques temps, il pouvait oublier cette vie de merde. 

Il se glissa dans le bassin et un soupir lui échappa lorsque l'agréable brulure de l'eau atteignit son coccyx. Il ferma les yeux et essaya de se détendre, en vain. 

Le bruit d'une poignée qui se tournait le fit sursauter. Quelqu'un venait d'entrer dans sa chambre. Il pouvait distinguer une silhouette à travers la porte entrouverte de la salle de bains.  

" - Ce n'est que moi Jimin "

Un soupire de soulagement lui échappa. Tous les matins, Seolhee venait fait le ménage dans l'immense cage dorée dans laquelle il était enfermé. Il se tassa un peu plus dans l'eau alors que la femme d'âge moyen entrait dans la salle de bains. 

" - Tu es plus mal en point que d'habitude, soupira la brune

   - Je vais bien Noona"

Ce mensonge, il le lui servait tous les jours. Et aucun d'entre eux n'y croyait. 

" - Tu devrais fuir cet alpha

   - Et pour aller ou ? "

L'autre le possédait. Dans tous les sens du terme. L'autre avait sa famille entre ses mains. 

Pendant ces deux dernières années, il s'était employé à l'éloigner de tout ce qui aurait pu être une porte de sortie. 

Tu n'a pas besoin de l'université. Ma femelle n'a pas besoin de travailler. Je comblerai le moindre de tes désirs. 

Et Jimin avait abandonné ses cours de danse contemporaine

Nous irons vivre à Séoul

Et Jimin l'avait suivi