Trahison vespérale

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Bonsoir, me revoici pour un nouveau thème qui est Les amants au clair de lune ! J'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire ! Oui, je suis fière parce que malgré le thème, c'est pas un chapitre niais !

Le jeune russe ouvrit les yeux, il resta amorphe durant plusieurs minutes. Il demeura allongé, semi-inconscient sur ce lit qu'il occupait depuis plusieurs heures. Pour son plus grand malheur, son cerveau se remit en marche. Cela ne l'aurait pas dérangé plus que cela si ce dernier n'avait pas eu la bonne idée de se souvenir des évènements de la veille. Ces images revinrent le hanter tels de violents stroboscopes.il allait arriver en retard. Heureusement, personne ne s'en préoccuperait vu l'efficacité dont il faisait preuve depuis qu'on lui avait accordé ce poste. Il était fier de s'investir autant dans son travail qui le passionnait si peu. Il devait admettre que c'était un passe-temps idéal et que cela payait les factures. Ce qu'il faisait lui plaisait, mais cela ne lui apportait pas le bonheur que tout le monde visait. Après tout, être heureux de son quotidien n'était qu'une convention sociale. Dimitri se sentait bien dans les tâches qu'il effectuait et il était satisfait de voir tout ce qu'il était capable d'accomplir. Cela lui suffisait amplement. Dire qu'il n'y a que quelques années, il n'était qu'un vendeur parmi des milliers d'autres. Alors qu'aujourd'hui, il était un des moteurs de la chaîne Dior. Passé cadre supérieur, il était désormais chef des ventes et surveillait le chiffre d'affaires de la boîte. Évidemment, il s'occupait aussi des budgets des filiales de l'entreprise française.

S'il s'investissait tant, c'était pour éviter de se perdre dans des pensées sans queue ni tête. L'argent le rebutait, il en avait besoin, mais il ne l'appréciait pas plus que cela. Il en allait de même pour la gloire qui demeurait un élément superflu de son existence. Quant à la jalousie de ses collègues, il voyait cela comme un moyen de les éloigner. Cette rancœur qu'ils éprouvaient à son égard lui permettait de rester seul. Pourtant, aujourd'hui, pour la première fois en trois ans, il ne voulait pas aller au travail. Il préférait demeurer étendu sur son lit telle une baleine échouée. En ce matin difficile, le jeune russe n'avait aucune envie d'affronter de futiles ennuis, de rendre des comptes à des êtres si sots ou de côtoyer des semblables qu'il méprisait tant. Il aspirait à comprendre ce qui lui arrivait. Trouver la source de ces maux nocturnes lui permettrait de les dompter. Ce qu'il avait expérimenté la veille lui prouvait qu'il ne possédait aucun contrôle sur ces chimères nocturnes qui ne mèneraient qu'à des interrogations dépourvues de réponses. Ce qu'il vivait lui échappait. C'était inéluctable. La solution pour y remédier lui échappait. Du moins, c'était le cas, mais ça ne saurait durer. Il ne tolérerait pas que cela vînt lui gâcher l'existence.

Il finit par se lever malgré toute la douleur qui parcourait l'ensemble de ses muscles, contrarié d'être malmené de la sorte. Ces derniers auraient volontiers profité de quelques minutes supplémentaires d'inertie. Il ne les écouta pas et se traîna tel un mollusque vers sa salle de bain. Il ôta lentement ses habits, gêné de le faire au vu de ce qu'il avait éprouvé la veille. Puis il continua sa longue marche jusqu'à atteindre la baignoire. Dimitri alluma le pommeau de douche et l'eau froide qui entra en contact avec sa peau chaude agit tel un électrochoc. Cela lui fit bénéfique car il fut enfin tiré de sa léthargie. Le liquide frais qui imprégnait son organisme le sortait de toute torpeur qui l'envahissait quelques instants plus tôt. Revigoré par ce jet glacé, il se lava rapidement comme pour entretenir ce regain d'énergie qui venait de le gagner. Une fois fait, il se sécha et s'habilla. Lorsqu'il n'eut plus que sa chemise à boutonner, l'homme aux prunelles vert-gris décida de s'observer dans son miroir. Ce qu'il vit lui fit perdre toute contenance. Celui qui apparut face à lui était un homme dépité, pitoyable et malheureux comme la pierre. Il avait une mine fatiguée, des cheveux en bataille et des yeux vitreux. Tout ce qu'il avait l'habitude d'être était réduit à néant, remplacé par le jeune garçon qu'il était autrefois : sensible, misérable et faible.

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant