Brasier ardent

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Bonsoir, cette fois je suis à l'heure et je vous reviens avec un chapitre un peu long vu que je l'ai réécris ! J'espère tout de même qu'il vous plaira ! Ce chapitre suit le thème suivant : Une flamme qui vascille.


Il était resté éveillé toute la nuit, ne parvenant pas à se rendormir à cause de ce qui bouillait au fond de lui. Ce qui bouillonnait au fond de son cœur n'était que rage, dégout et hargne. Il lui en voulait. Beaucoup trop pour sortir de sa chambre et l'affronter. Il savait pertinemment que s'il sortait de là, béquilles ou non, il déverserait toute sa frustration sur son géniteur comme lui l'avait fait dans le temps. Pourtant, il ne voulait pas suivre son exemple. Il préférait rester planqué dans sa chambre le temps que son esprit s'apaisât. Hélas, rester immobile le poussait à réfléchir. Et cette réflexion lui faisait éprouver des inquiétudes à propos de ce qu'il avait dit. Il ne l'avait pas précisé, mais ses dires ne concernaient réellement que son père et, peut-être, sa génitrice. Néanmoins, il ne pensait nullement ça de sa grand-mère ni de ses frères. D'ailleurs, quand elle était venue le voir, il n'avait eu droit à aucune remontrance par rapport à ce qu'il avait dit. Elle ne semblait pas lui en vouloir, elle était juste profondément triste. Mais il ne savait pas ce qu'il en était pour ses cadets. Il n'avait pas pris la peine de s'expliquer auprès d'eux. C'était sûrement l'une des pires erreurs qu'il n'eut jamais commise et il avait des remords d'avoir dit une telle ignominie. Il était trop tard pour faire machine arrière. Il ne pouvait rien faire d'autre que s'excuser. Et c'était une bien basse besogne qu'il exécrait accomplir.

Un bruit de pas interrompit les réflexions matinales du jeune russe. Il se figea et tendit l'oreille pour percevoir le moindre bruit de pas. Il put percevoir des pas lents et légers se diriger vers sa porte. Puis une main se posa sur la poignée et ouvrit lentement et en faisant le moins de bruit possible la porte de la chambre. Dimitri referma alors les yeux pour faire croire à la personne qui osait pénétrer dans son antre qu'il sommeillait à poings fermés. La personne referma délicatement la porte derrière elle. Puis elle s'approcha doucement du lit de Dimitri et s'assit au bord de ce dernier. Elle murmura d'une voix presque sanglotante : « Je suis désolée...pour tout. ». Il reconnut immédiatement la voix de sa mère et fit encore semblant de dormir pour pouvoir écouter tout ce qu'elle avait à lui dire. Elle laissa échapper quelques sanglots avant de déclarer à voix basse :

« Je suis désolée pour tout ça...Pour t'avoir abandonné quand tu avais besoin de moi. J'ai fait passer ma tristesse avant tout le reste et j'ai fait semblant pendant trop de temps de ne pas voir que ton père te maltraitait. Alors je ne t'en veux pas de me haïr tout comme tu détestes ton père...Mais ne rejette pas tes frères...Ils ont besoin de toi alors s'il te plait, ne les renie pas...Ils ont déjà tant perdu, je ne souhaiterais pas qu'ils perdent en plus leur frère. Je ne te demande pas de nous pardonner. Je ne te demande pas non plus de t'excuser. Je ne te demande même pas d'agir comme si tout allait bien comme tu l'as si souvent fait. Je te demande simplement de ne pas leur en vouloir pour les erreurs que nous avons commises. Ils n'ont pas à souffrir de nos erreurs. Ils n'ont rien fait et malgré leur maturité, ce ne sont encore que des enfants. Et même si tu as tant souffert et que tu es devenu une personne froide, j'ose espérer qu'il reste une part de bonté en toi. Je garde l'espoir que le petit garçon que tu étais n'est pas totalement mort. Qu'il continue de vivre en toi car c'est la seule façon pour toi de trouver le bonheur. ».

Il aurait aimé lui rétorquer que maintenant il était un homme. Mais cela aurait impliqué de reconnaître qu'il avait entendu tout le reste, ce qui mènerait à une discussion gênante autant pour lui que pour elle, ce qu'il souhaitait éviter à tout prix. Il se contenta donc d'attendre qu'elle sorte pour enfin se lever. Lorsqu'elle fut hors de sa chambre, il se leva, prit sa douche et se vêtit des premiers habits qui lui tombèrent sous la main. Il agissait de nouveau comme un robot, désabusé et mécanique. Il descendit machinalement et prit son petit-déjeuner dans le silence le plus total. Il ne salua pas ses congénères qui se trouvaient dans la même pièce que lui. Il se contenta de se faire le plus discret possible, espérant que personne ne se préoccuperait de son sort. Il réussit à se sortir de ce petit-déjeuner qui s'était déroulé dans la plus morne des ambiances. Il avait songé à sortir, mais il ne craignait que son père ne lui fit encore tout un pataquès. Il pensa donc qu'il était plus sage de rester chez lui. Il fit les cent pas dans cette demeure qu'il partageait avec le reste de sa famille. On lui parla, on lui demanda ce qu'il avait, mais il ne répondit pas. Il n'entendait rien. Il ne vivait qu'à moitié. S'il se mouvait sans peine, son esprit vagabondait entre différentes dimensions. Et rien ne parvenait à le sortir de sa torpeur. Jusqu'à ce que la sonnette d'entrée retentît. Il se disait que cela pouvait être une échappatoire à ce mortifère enfermement. Il se tint tout de même à une distance raisonnable de la porte d'entrée pour ne pas se faire remarquer. Il comprit que c'était une erreur quand sa mère s'écria :

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant