Symphonie du fond des bois

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Bonsoir, le chapitre qui va suivre est inspiré par le thème : Le reste est silence ! Cette partie me paraît détâchée du reste de l'histoire, mais cela permet au lecteur d'en savoir plus sur ce que pense et ressent Dimitri ! Bonne lecture !

Dimitri vit le soleil se lever. Lui qui s'était hissé sur le toit, il vit sa ville natale s'éveiller peu à peu. D'où il était, il pouvait voir de magnifiques bâtiments dont le palais des Romanov, mais il voyait surtout la neige qui imbibait tout ce monde éphémère et fragile. Lui qui se trouvait sur de la charpente gelée par la glace, il songea soudainement que s'il tombait, il glisserait jusqu'à la limite du bois, il tomberait dans le vide et cela sonnerait le glas de son existence. Néanmoins, il n'était pas suicidaire et cela ne pourrait pas lui arriver par accident. Il avait trop l'habitude de venir se réfugier sur ce bout de tuiles et de glace pour réfléchir à ce qui le tourmentait. Il songeait à ce qu'il avait vu la veille et qui venait torturer son esprit. Tandis que la neige trempait sa peau nacrée ains que ses cheveux oscillants entre le blond et le châtain, il revoyait ce navire sombrer encore et encore. Il se demandait ce que signifiait cet instant de son rêve qui lui semblait plus symbolique que le reste. Ce moment précis paraissait l'obnubiler plus que tout comme si ce naufrage avait un impact dans sa vie réelle. Il secoua la tête. C'était stupide de penser ainsi. Il ne devait pas se laisser affecter par ces songes dont il ne connaissait toujours pas la source. Il savait que ce n'était pas normal.

Avant ce mois de décembre, il n'avait jamais vu de chimères nocturnes si précises. Il se rappelait quelques vagues visages et d'évènements incongrus, mais ce n'était rien d'aussi précis que ce qu'il subissait depuis quelques jours. Peut-être que trouver l'origine de ces tourments les ferait cesser...C'était sûrement naïf, mais c'était le seul espoir qui pouvait le faire tenir jusqu'à ce qu'il trouvât une solution viable.

Sa carcasse humanoïde fut soudainement secouée par de violents tremblements. Il n'avait pas ressenti le froid s'infiltrer par les pores de sa peau, ce qui n'avait pas échappé à son système organique. Il était temps pour lui de rentrer. Précautionneusement, il redescendit du toit en se dirigeant vers la fenêtre du grenier par laquelle il repassa et il sauta, arrivant sur ses deux pieds au milieu de sa pièce. Sa grande taille lui permit d'éviter à ses chevilles un trop grand choc. Une fois fait, il s'échappa discrètement de sa chambre et il descendit jusqu'à la cuisine du manoir encore endormi. Il prit un bref petit-déjeuner avant de remonter dans ce qui lui servait de chambre à coucher. Il ne pouvait pas se permettre d'aller lentement sinon on l'empêcherait de faire ce qu'il voulait.

N'ayant d'autres habits que ceux de la veille, il les remit avec une mine de dégoût. Puis après avoir enfilé ses chaussettes, il se pressa de redescendre rapidement les escaliers. Là, il revêtit ses chaussures, son manteau, un bonnet et il sortit, se dérobant comme un voleur. Il s'éloigna à grandes enjambées de la maison austère, redoutant de se faire arrêter par une autre âme matinale. Emplein de cette crainte, il se décida à courir. Il aurait pu emprunter une des deux voitures qui trônaient dans l'allée. Mais alors, il n'aurait pas pu se défouler, il n'aurait pas pu profiter de l'air frais tout comme il n'aurait pas pu se vider la tête comme il le faisait présentement en courant.

Crachant de la fumée blanche, il garda ce rythme de cours pendant près d'une heure. Il se sentit revivre alors qu'il suivait une destination indéterminée. Il ignorait où il allait et peu lui importait tant qu'il ressentait ce bien-être qui remplissait son être à chacune de ses respirations. Suite à cette heure de course, il se stoppa curieux de voir où il s'était arrêté. Il vit plusieurs allées de rues qui lui étaient peu connues soient qu'elles furent nouvelles soit qu'elles eurent été renommées. Plongé devant la contemplation d'une des rues, il entendit son téléphone sonner à de nombreuses reprises. Il le consulta et lorsqu'il vit que ce n'étaient nul autre que ses parents qui le harcelaient pour savoir où il se trouvait, il mit son téléphone sur silencieux et il continua sa marche errante avec un léger sourire incrusté dans le fond de ses pupilles.

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant