Raven's Blood

34- Motel

J'aimerais tellement dire à Sean que ce motel était tous sauf agréable pour la nuit, mais pour l'instant je gardais cette pensée dans un coin dans ma tête.

Car entre dormir sous un toit dans une petite chambre comportant un seul lit dont les draps étaient remplis de taches très douteuses, une salle de bain qui te filait l'envie de gerber sur place et une seule fenêtre qui permet ''l'aération'' de cet espace ou de rester dans la voiture à paniquer et à nous demander si on allait rester en vie le lendemain.

Le choix fut vite fait.

Deux minutes plus tard, Sean revint avec un sac en plastique qui était assez remplis, il fit une mine dégoutée quand il vit l'état de la chambre qu'on nous avait attribué, mais ne dit rien.

Miles quant à lui courrait dans tous les sens, un micro sourire aux lèvres.

Si seulement il savait qu'on était là parce que on avait nulle part où nous cacher.

Bomb me tendit le sac qu'il était parti chercher de la voiture, je l'ouvris et j'y découvris avec surprise deux paquets de chips, un soda, deux barres de chocolat et un sweat qui devait sûrement lui appartenir vu sa taille.

Je déposais le sachet sur la mini table qui se trouvait au milieu de cette pièce et enfilais sans plus tarder ce grand vêtement car je mourrais de froid.

Et c'est donc après avoir regardé l'état de mon visage dans le miroir de la salle de bain et avoir essuyer le peu de maquillage que j'avais sur la tranche que je rejoignis les garçons dans la chambre et les vis assis en tailleur sur le lit, le plus petit avait le cul posé sur les genoux du plus grand qui était en train de manger des chips en regardant je ne sais quoi sur le téléphone de mon ravisseur.

Je m'approchais d'eux et sans leur demander l'autorisation, je volais le paquet et commençais à manger.

Sauf que je n'avais pas prévus une contrattaque de la part de Miles qui sauta dans mes bras de façon à faire retomber notre diner qui se fit reprendre par son propriétaire qui mangeait les chips en me narguant.

Miles regagna sa place, confortablement blottis contre le torse musclé de non ravisseur et se mit à son tour à bouffer ses cochonneries.

Et moi je mange quoi ?

Je me mis à réfléchir une fraction de seconde avant de me rappeler que...

Je me levais de ce lit et me dirigeais vers le sac et...

J'avais raison.

Je me saisis du deuxième paquet de chips que j'avais complètement oublié après mon détour à la salle de bain et le lançais fièrement dans les airs avant de le rattraper à la volée.

J'ai vraiment une mémoire de poisson rouge.

Comment avais-je pu oublier un détail aussi important que celui-ci?

Les deux garçons échangèrent un regard complice avant d'éclater de rire.

J'ai fait quoi encore?

- Qu'est ce qu'il y a de si drôle ? Demandais-je.

Mais à cause de leur fou rire, ils ne me répondirent pas :

- Arrêtez de rire. Ordonnais-je.

- Ta...tête...elle...est...trop...drôle...poil de carotte. Répondit finalement Sean.

Je fis mine d'être vexer par ses propos et m'approcher de la fenêtre qui donnait une vue incroyable sur un terrain vague désert.

Je mangeais tranquillement mes chips au fromage quand soudain je sentis deux mains m'entourer la taille, et une tête se nicher dans le creux de mon cou.

Un doux baiser me fit frissonner.

Puis deux.

Puis trois.

Jusqu'à ce que les baisers changent de trajectoire et que des lèvres se posent sur ma bouche, j'essayais tant bien que mal de ne pas céder à la tentation car je refusais de lui faire plaisir.

Sauf que monsieur était très insistant est donc pour me forcer à l'embrasser en retour il me lécha la bouche -qui était encore pleine de miette de chips-.

J'ouvris donc instinctivement ma bouche pour le sermonner sauf qu'il se saisit de cette occasion pour me réembrasser et d'introduire sa langue qui se mit à danser avec la mienne car oui je suis faible, oui je suis incapable de résister à la tentation et oui j'ai répondu à son baiser.

Ses lèvres étaient douces et salées, mais ça ne me dérangeait pas plus que ça, le baiser devient de plus en plus fougueux, et un sentiment de chaleur m'envahit tout le corps, comme à chaque fois.

Lorsqu'on manqua d'air, on se sépara et on se contempla dans les yeux, je me perdais dans ses magnifiques yeux bleus qui me rappelaient sans cesse l'océan. Nos respirations étaient irrégulières et on était chauds comme de la braise.

J'allais de nouveau pour l'embrasser quand je me souvins avec effroi que Miles était toujours dans la meme pièce que nous, à quelques centimètres à peine de nous.

Je tournais ma tête dans sa direction et le vis assis sur le lit dos à nous, les mains sur les oreilles et les yeux fermés.

Je fis un signe accusateur à Sean qui se contenta d'hausser les épaules et de me faire un petit smack avant de m'entrainer vers le grand lit où il prit Miles dans les bras et le déposais entre nos deux corps.

Il se mit à faire des petits bruits très mignons.

Son large sourire me fit sourire à mon tour et Sean aussi par la même occasion.

Si seulement toutes les journées pouvaient se passer comme ce moment présent.

Doux, agréable, amusant et rempli d'amour.

Ce cadre que je dessinerais sûrement quand je trouverais du papier et un crayon :

Sean couchait sur un lit sa main gauche qui touchait mes cheveux tandis que l'autre portait un soda, la tête de Miles posée sur son torse en train de manger des chips, et enfin moi regardant ces deux garçons tout en caressant délicatement les beaux cheveux soyeux de ce bébé.

Si seulement.

Sauf que tout ne peut pas être toujours tout beau tout rose.

Et ce sont les coups violents sur la porte en bois de cette chambre qui nous fit revenir à la dure réalité de la vie.

Car malheureusement les problèmes étaient loin d'être fini.

Et l'heure de la révélation de mon passé était très proche.

Et je redoutais ce moment.

Car tout changera pour toujours et à jamais.