CHAPITRE 6

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   CHAPITRE 6

   Le commissaire Brégnan a confié l'enquête au lieutenant Casain. Malgré ses 23 ans il a su faire preuve de beaucoup d'intelligence et d'adresse au cours des précédentes enquêtes. Il est temps pour lui de mener la première de sa carrière.

   Raphaël Casain est arrivé dans ce commissariat il y a peu de temps et ne connaît pas très bien Patrick Domelin. Il commence donc par faire quelques recherches sur lui. Il fouille son passé, ses antécédents mais ne trouve rien. Ça aurait pu être rassurant mais le fait de n'avoir absolument rien trouvé est en fait très étrange. Pas de casier, pas de dossier médical, pas de résultat sur internet. Rien, le vide total. Comme s'il n'avait jamais existé. Il trouve seulement son dossier d'admission dans les archives du commissariat mais il n'y a aucune information sur ce qu'il faisait avant son arrivée dans la région il y a trois ans. Il faudra que le lieutenant Casain attende que Patrick sorte du coma pour en savoir plus à son sujet.

   Ne pouvant pas creuser plus du côté de son collègue, le lieutenant reporte ses recherches sur le jeune homme qui l'a agressé et essaye de réfléchir aux endroits où il aurait pu se réfugier. Après plusieurs heures de recherche, la faim se fait sentir. Alors qu'il quitte son bureau, Raphaël Casain tombe nez-à-nez avec le commissaire Brégnan et en profite pour lui présenter le résultat de ses premières recherches.

   — Bonjour commissaire.

   — Lieutenant, vous avez du nouveau à m'apporter ?

   — Le jeune homme a disparu immédiatement après les faits. Il n'a pas prit de voiture et la route qui passe devant leur maison mène directement en ville. Je ne pense pas qu'il serait assez bête pour être parti par là. Ce qui nous laisse la forêt, accolée à leur jardin.

   — Pourquoi pas, lancez des recherches dans cette zone.

   — Commissaire, vous ne comprenez pas, c'est la forêt de Calvière. On pourrait passer une semaine entière à la fouiller et ne jamais le retrouver.

   — Dans ce cas, vous y passerez le temps qu'il faudra. S'il est vraiment parti par-là, vous trouverez bien des traces.

   — D'accord, nous repartons sur le terrain demain matin à la première heure.

   Le commissaire commence à s'éloigner mais le lieutenant se décide tout de même à lui parler d'autre chose.

   — Commissaire ?

   — Oui ?

   — J'ai fait quelques recherches sur Patrick Domelin et c'est très étrange, je n'ai absolument rien trouvé sur lui.

   — Ce n'est pas sur lui que vous devez concentrer vos recherches lieutenant. Retournez au travail et tenez-moi au courant de vos avancées. On va le coincer ce petit con !

   Le commissaire semble encore plus sur la défensive que d'habitude. Le fait que ce soit un collègue doit le toucher tout particulièrement. Apparemment, il aurait été muté ici il y a plus d'une dizaine d'années après avoir échoué sur une enquête très importante. Un de ses collègues a été assassiné et il n'a pas été capable de retrouver le coupable. Il doit s'en vouloir tous les jours depuis.

   — Oui, bien sûr commissaire !

   Raphaël ne doit surtout pas montrer que toute cette histoire le met dans une situation compliquée. D'un côté il sait que ce jeune homme doit être arrêté pour ce qu'il a fait mais d'un autre il ne peut s'empêcher de repenser à ce que sa sœur lui a raconté. Tous les sévices qu'ils ont subit ces dernières années, les menaces, les violences psychologiques puis physiques. Cette histoire de légitime défense peut tenir debout, il faut creuser de ce côté.

   Cette affaire lui rappelle aussi trop de souvenirs. Des souvenirs douloureux qu'il aimerait avoir enfoui pour toujours. Mais l'amour que porte cette fille pour son frère, ce qu'il a fait pour elle... Depuis le début de cette affaire il ne peut s'empêcher de penser à sa propre histoire, se remémorant en permanence ces événements qui ont eu lieu plusieurs années auparavant.

   Il faut à tout prix qu'il arrive à se détacher de cette histoire s'il ne veut pas être replongé dans des souvenirs et des travers très sombres.

   Son téléphone se met à sonner et le sort de ses pensées douloureuses. Il décroche et tombe sur une certaine Sophie mais il ne fait pas tout de suite le rapprochement. C'est seulement lorsque la femme lui explique que ses enfants et son compagnon ne sont pas à la maison et qu'ils ne répondent pas au téléphone qu'il comprend à qui il a affaire. C'est la mère de la jeune femme avec qui il s'est entretenu une bonne partie de la nuit.

   — Je ne comprends pas, pourquoi m'avez-vous appelée ?

   Raphaël lui explique ce qu'il s'est passé chez elle la veille.

   — Non, non c'est impossible. Vous me dites que ma fille est rentrée à la maison mais il n'y a personne. La maison est rangée, il n'y a pas de sang, je ne comprends pas.

   — Je suis sincèrement navré madame. Je ne peux pas vous dire où sont vos enfants ni s'ils se portent bien mais vous pouvez rejoindre votre compagnon. Il est à l'hôpital, ces jours ne sont plus en danger. Nous vous tiendrons au...

   Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'elle a déjà raccroché.

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