ILLUSION

CHAPITRE 27

CHAPITRE 27

   Je finis par rejoindre ma chambre car un lit d'hôpital pour deux ce n'est pas très confortable et puis les infirmières qui passent faire des soins à Sam toutes les heures, non-merci. Pour la première fois depuis que je suis ici, je parviens à trouver le sommeil. Ce sommeil profond rempli de rêves dont on ne se souvient pas au réveil. Je ne fais pas de cauchemar et surtout, je ne rêve plus de cette forêt sans fin.

   À mon réveil le lendemain matin, le soleil éclaire toute la pièce et un rayon arrive directement sur mon lit. Je laisse courir ma main sous cette lueur jaune, brillante de vie et je constate que ma peau est toujours pâle mais beaucoup moins qu'à mon arrivée ici.

   Après avoir englouti absolument tout ce qui se trouvait sur le plateau que l'on m'a apporté pour le petit déjeuner, je m'apprête à prendre mon téléphone pour continuer d'écrire ce que j'ai vécu ces derniers jours mais on frappe à la porte. C'est bien la première fois que quelqu'un prend la peine de frapper avant d'entrer.

   — Entrez.

   — Surprise ! crie Alex en passant la porte.

   Ça pour une surprise... Je ne m'attendais tellement pas à le voir aujourd'hui que ma stupéfaction doit se lire sur mon visage car le sourire qu'il affiche s'évanouit aussitôt.

   — Tu n'es pas contente de me voir ?

   — Mais si, tellement ! Tu ne peux pas savoir à quel point Alex.

   — Tant mieux parce que je ne suis pas venu seul.

   Je vois mes deux meilleurs amis pénétrer dans la chambre, la visage rayonnant de bonne humeur.

   Toujours aussi impressionnée, je ne parviens pas à prononcer le moindre mot alors je les laissent me serrer dans leurs bras pendant de longues minutes.

   — Franchement je suis désolée les gars, je ne sais pas quoi dire. Je ne pensais pas que vous vouliez encore me parler après tout ce que je vous ai dit.

   — Tu n'as pas lu mes messages ? me demande Alex.

   — Si mais je pensais que vous faisiez tout ça surtout pour Sam, pas pour moi.

   — Nous avons bien compris ce qu'il se passait Mélo, me dit Jules avec un léger sourire.

   — Comment ça ?

   — Nous avons rapidement remarqué que la disparition de Sam te rendait malheureuse et que tu voulais être seule, répond Sarah. C'est pour ça que tu nous as tous repoussés un par un.

   — Oui...

   Moi qui étais persuadée depuis le début que je les avais repoussés uniquement parce que je ne voulais pas leur mentir alors qu'en fait pendant tout ce temps, c'était à moi que je mentais. Je voulais les tenir à l'écart d'une réalité qui n'existait que dans ma tête. Bien-sûr je ne peux pas leur dire tout ça alors je donne raison à Sarah. En même temps, ce qu'elle affirme n'est pas complètement faux.

   — Le principal c'est que tu ailles bien et que Sam aille bien, reprend Alex.

   — Pour l'instant on ne peut pas le voir alors nous sommes venus te voir toi, un peu par dépit quoi, me lance Jules pour plaisanter.

   Je lui tire la langue.

   — C'est vraiment trop gentil d'avoir pensé à moi.

   — Je voulais m'excuser d'avoir été aussi distante avec toi ces derniers jours, dit Sarah sur un ton beaucoup plus sérieux. Tu avais raison quand tu disais que je n'acceptais pas de me faire remarquer mais ce n'étais pas de ta faute. J'ai bien sentis que tu ne voulais pas vraiment de mon aide alors j'ai aidé Alex et nous avons fait nos recherches de notre côté.

   — Je comprends très bien, ne t'inquiète pas. C'était mieux comme ça pour tout le monde.

   Comment est-ce que je peux avoir des amis aussi parfaits ? Elle pense que c'est elle qui a fait quelque chose de mal au point de se sentir obligée de s'excuser, c'est incroyable. J'ai vraiment fait n'importe quoi.

   — En fait, c'est moi qui devrais m'excuser auprès de vous, je n'aurai pas dû vous traiter comme ça et vous tenir à l'écart. À cause de ça je me suis laissée dépérir et c'est entièrement de ma faute. Ça ne serait jamais arrivé si j'avais su vous garder près de moi.

   Ils semblent d'accord avec moi mais n'osent pas ajouter quoi que ce soit pour autant. Ils ne sont pas très rancuniers je crois.

   — Moi j'ai quelque chose à annoncer, dit Jules pour ramener un peu de positif dans la pièce.

   — Dis-nous tout.

   — Bon, Alex et Sarah sont déjà au courant comme ils étaient à la fac pendant tout ce temps mais je voudrais que Sam soit là aussi quand je vais l'annoncer.

   — Pourquoi tu me mets l'eau à la bouche comme ça alors ?

   — Parce qu'il y a une partie de l'histoire que je voudrais éclaircir. Quand j'ai rejoins ce groupe Facebook...

   — Non c'est bon Jules, je ne veux plus en parler, c'est du passé.

   — Tu peux me laisser finir de parler pour une fois ?

   Je place un doigt devant ma bouche pour lui faire comprendre que je ne dirais plus rien et il poursuit son explication.

   — Donc quand j'ai vu le groupe Facebook, j'ai été aussi choqué que toi. J'ai trouvé ça absolument horrible, surtout après avoir vu les avis de recherche de la police placardés partout sur le campus. Je me suis dit qu'il fallait absolument les empêcher de trouver Sam avant nous et c'est pour ça que j'ai rejoins le groupe. Depuis le début mon intention était d'intégrer leurs recherches pour avoir une longueur d'avance sur eux et essayer de les mener sur de fausses pistes.

   — Ce qu'ils ont fait à merveille, ajoute aussitôt Sarah, un grand sourire aux lèvres.

   — ILS ?

   — Chut ! C'est la partie de l'histoire qui doit attendre Sam.

   — Non, ne me laisse pas là-dessus, tu sais que je déteste le suspens.

   — Arrête, rétorque Alex, on sait très bien que tu adores ça.

   — Bon OK je vais patienter. En tout cas merci Jules, merci tous les trois pour tout ce que vous avez fait pour Sam, malgré mon comportement inacceptable.

   Ils se réunissent tous les trois autour de moi pour m'étouffer dans leur bras, m'envoyant tant d'amour que je ne comprends pas comment j'ai pu faire sans eux durant ces dernières semaines.

   — Je vous aime tellement les gars !

   — Tu as plutôt intérêt, répondent Jules et Sarah en cœur, ce qui nous arrache à tous un rire franc.