ILLUSION

CHAPITRE 18

CHAPITRE 18

   Raphaël a renvoyé Mélodie chez elle car elle a vraiment besoin de dormir. Ils ont passé des heures à feuilleter des dizaines de dossiers sans rien trouver et elle commençait à s'endormir. Elle a passé presque vingt minutes sur un même article de journal parlant d'une femme ayant enlevé ses enfants. Il valait mieux qu'elle rentre chez elle pour qu'il puisse continuer d'avancer.

   Le lieutenant quant à lui ne rentre pas, il reste dans son bureau à chercher l'image où le nom d'un homme qu'il connaît à peine. Il est encore là bien après la tombée de la nuit, déterminé à trouver cette personne. Il le faut.

   Les heures passent et ses recherches ne donnent toujours rien. Il en vient même à tout remettre en question. C'est vrai après tout, il n'est pas rare de voir un homme être violent et pourtant ne jamais avoir eu à faire à la justice auparavant. Peut-être que Patrick n'est pas du tout dans ce dossier et que Raphaël est en train de perdre son temps.

   Pourtant il ne renonce pas car il n'aura pas la conscience tranquille tant qu'il n'aura pas passé chaque fichier en revue. Il doit absolument apporter des réponses à Mélodie. Après plusieurs heures il parvient enfin à la fin du registre national sans n'avoir rien trouvé. Sans se décourager il poursuit ses recherches dans le registre international européen. Cette fois-ci ce sont des centaines de fichiers qui y figurent. Il est reparti pour de nombreuses heures de recherches alors que le jour ne va pas tarder à se lever.

   Ce n'est qu'au petit matin que son obstination porte ses fruits lorsqu'il tourne une énième page et que son regard se pose sur la photo d'un homme. Ce visage ressemble traits pour traits à celui de Patrick. Raphaël s'empresse de lire l'article mais quelque chose ne va pas. Bien que la photo soit étrangement ressemblante, le nom ne lui dit absolument rien : Damien Plockrit.

   Il poursuit tout de même sa lecture et ce qu'il lit lui glace le sang. Si cette personne est vraiment Patrick, il vient de découvrir quelque chose qui permettrait non seulement de le faire arrêter, mais également de le faire emprisonner pour le reste de sa vie.

   Sous le choc, il entend à peine son téléphone qui se met à sonner. Il ne décroche pas, trop prit par sa découverte. Ce n'est pas un, ni deux, mais une dizaine d'articles qui parlent de ce Damien Plockrit ressemblant beaucoup trop à Patrick pour que ce soit simplement un hasard.

   Le téléphone du lieutenant Casain sonne à nouveau et il décide tout de même de regarder qui peut bien chercher à le joindre à une heure pareille. Numéro inconnu. Il ne décroche toujours pas. Mais alors qu'il s'apprête à téléphoner au commissaire Brégnan pour lui faire part de sa découverte, le numéro s'affiche à nouveau sur son écran et ne souhaitant pas être dérangé plus longtemps, Raphaël décroche enfin.

   — Allô ? Je ne sais pas ce que vous voulez mais je suis très occupé.

   — Commissaire Trolai à l'appareil, annonce une femme à l'autre bout du fil. Vous êtes bien le lieutenant Casain ?

   — Oui c'est bien moi, que voulez-vous ?

   — Je travaille pour Interpol et c'est moi qui ai prit en charge votre demande lorsque j'ai vu que vous travailliez sous les ordres du commissaire Brégnan.

   — J'ai bien reçu votre réponse comme quoi vous n'aviez aucune information sur l'homme que je recherche alors je ne vois pas pourquoi vous prenez la peine d'appeler ?

   — Comme je vous l'ai dit, j'ai traité votre demande car j'ai connu le commissaire Brégnan il y a bien longtemps. J'ai voulu aller un peu plus loin pour répondre à votre demande et j'ai consulté le dossier de Patrick Domelin. Je voulais m'assurer directement auprès de vous que ce dossier que vous nous avez fourni est bien authentique ?

   — Tout à fait, pourquoi ?

   — Sa photo m'a rappelé une ancienne affaire mais j'ai dû confondre, c'était il y a longtemps.

   — Est-ce que le nom de Damien Plockrit vous dit quelque chose ?

   — Comment avez-vous su ?

   — Je viens de tomber sur un article évoquant son acte atroce il y 5 ans en Belgique. Il ressemble étrangement à l'homme pour lequel je souhaitais obtenir des informations.

   — C'est lui.

   Raphaël commence à faire le lien entre les deux hommes et prend soudainement conscience du danger que représentait l'agent avec qui il a travaillé. Il semble maintenant évident que tout ce que lui a raconté Mélodie à son sujet est la stricte vérité.

   — Lieutenant ? Vous êtes toujours là ?

   — Oui excusez-moi, il faut que j'encaisse le coup.

   — Cet homme, vous savez où il est ? Quel crime a-t-il commis ?

   — Il a accusé le fils de sa compagne de l'avoir agressé mais je pense que c'est plutôt le contraire, j'en ai la certitude maintenant. Il ne s'est pas montré depuis plusieurs jours mais je ne pense pas qu'il soit allé bien loin car le garçon s'est enfui et vu son profil il n'a pas du accepter ça.

   — Je prends un avion sur-le-champ, je veux être là lorsque vous l'arrêterez.

   Elle raccroche avant que Raphaël puisse dire quoi que ce soit. Complètement bouleversé par ce retournement de situation le lieutenant ne sait plus quoi faire. Faut-il qu'il prévienne Mélodie ? Sûrement.

   Comme s'il avait entendu toute la conversation, le commissaire Brégnan fait irruption dans le bureau du lieutenant Casain.

   — Qu'est-ce que vous faites déjà là lieutenant ?

   — Pourquoi ? Quelle heure est-il ?

   — En fait je ne suis pas du tout rentré.

   — Pourquoi ça ? Quelque chose ne va pas ?

   — Il faut que je vous parle de quelque chose commissaire, quelque chose de très important.

   Raphaël Casain entreprend alors d'expliquer à son supérieur toutes les découvertes qu'il a pu faire depuis la veille. Il lui raconte tout dans les moindres détails, jusqu'au moment où il évoque l'arrivée du commissaire Trolai qui travaille pour Interpol.

   — Pardon ? Julie Trolai va venir ici, au commissariat ?

   Raphaël hoche la tête puis observe le commissaire Brégnan quitter son bureau à toute vitesse.