CHAPITRE 25

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CHAPITRE 25

   Je n'arrive pas à trouver le sommeil. Tout ce que j'ai appris aujourd'hui n'arrête pas de tourner en boucle dans ma tête. Entre ce que j'ai oublié pendant quelques heures, ce que m'ont raconté mes parents et puis ce qu'a affirmé Raphaël, je suis bouleversée. Même si je sais que je peux lui faire confiance, mon cerveau n'arrive pas à se fixer sur cette vérité et lorsque j'essaie de me remémorer les jours passés je ne vois que ma vérité. Malgré toutes ces incompréhensions, mon mal de crâne semble m'avoir définitivement quitté, ce qui est tout de même plutôt agréable.

   Le fait de savoir que Sam est dans une chambre juste en-dessous de moi ne m'aide pas beaucoup à dormir non plus. Ça me rend malade de le savoir là, tout seul encore une fois après tout ce qu'il a vécu. Je ne peux pas l'abandonner encore alors je me lève, m'habille et me glisse dans le couloir. À cette heure il n'y a personne. Je me dirige vers l'ascenseur et descends au premier étage sans craindre de croiser qui que ce soit. La porte de sa chambre n'est pas fermée à clé, je rentre discrètement.

   Rien n'a bougé depuis ma visite dans l'après-midi. Les machines et tous les tubes sont encore là. Toujours les même bruits. Sam non plus n'a pas bougé. Il est toujours allongé sur ce lit, le visage creux et les yeux fermés. Je m'avance lentement vers lui et rapproche le fauteuil pour m'asseoir au plus près du lit. Je glisse ma main dans la sienne et dépose ma tête sur l'oreiller, dans le creux de son cou. Puis je lui murmure à l'oreille :

   — Je suis là, je t'avais promis que je viendrai te chercher. Tu ne seras plus jamais seul maintenant.

   Je reste là pendant un long moment, toute la nuit peut-être. Sa présence m'apaise grandement et malgré sa respiration artificielle, le simple fait de voir sa cage thoracique s'élever et s'abaisser doucement me donne l'espoir de l'entendre rire à nouveau. Mes yeux se ferment peu à peu et je me laisse bercer par tous les sons présents dans la chambre.

   Je ne me réveille qu'au moment où une infirmière entre dans la chambre. Elle commence à vérifier les machines et ne se rend pas tout de suite compte que je suis là. Elle finit par se retourner et me voit enfin.

   — Mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Les visites c'est seulement pendant la journée.

   — Je n'arrivais pas à dormir sans lui.

   — Il faut que tu retournes dans ta chambre maintenant, tu pourras revenir plus tard.

   Je me lève et m'apprête à partir mais je sens une résistance dans ma main, comme si celle de Sam se refermait sur la mienne. Je me retourne brusquement vers mon frère mais rien ne semble avoir bougé.

   J'ai sans doute dû imaginer ça. Après tout ce que mon cerveau m'a fait croire ces derniers jours, je ne sais plus vraiment si je peux encore lui faire confiance. Je retire doucement ma main et repose la sienne sur le lit avant de quitter la chambre. Une fois de retour dans la mienne, je sais que je n'arriverai pas à me rendormir alors je saisis mon téléphone et ouvre mes notes.

   Je me mets à taper sur mon écran, alignant des mots qui finissent par former des phrases. Je mets à l'écrit tout ce que j'ai vécu ces dix derniers jours, enfin, ce que je pensais avoir vécu. Je détaille surtout les nombreux moments que j'ai passé avec Sam dans la cabane. Même si tout cela est faux, mon cerveau me l'a fait vivre et c'est sûrement pour une raison alors le fait de l'écrire me permettra peut-être un jour de mieux comprendre. Malheureusement je n'ai pas de feuille ni de crayon sous la main, seulement mon téléphone. C'est drôle quand même, moi qui n'aime pas du tout les livres numériques, voilà que je me mets à écrire sur un écran de verre.

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