CHAPITRE 30

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CHAPITRE 30

   Lorsque Raphaël se rend au commissariat en ce lundi matin son humeur est au beau fixe. Malgré le froid hivernal qui s'installe peu à peu, la tension de ces dernières semaines est enfin redescendue.

   Il reprend le travail après deux semaines de repos bien méritées, accordées par le commissaire Brégnan. En effet, abattre un homme, même s'il est coupable des pires monstruosités, n'est jamais quelque chose que l'on fait avec plaisir. Les conséquences psychologiques peuvent être désastreuses mais après avoir parlé avec la psychologue du commissariat, Raphaël se sent bien.

   Ses hommes aussi ont pu prendre du repos alors que les commissaires Brégnan et Trolai ont fait en sorte de boucler toute cette affaire au plus vite. Ils ont envoyé un agent à l'hôpital pour questionner Sam au sujet de sa séquestration mais ils n'avaient pas besoin d'interroger tout le monde, les preuves étaient là et ce n'était pas la peine de remuer le couteau dans la plaie.

   La vie du commissariat a ensuite reprit son cours et c'est aujourd'hui que Julie Trolai rentre chez elle pour retrouver son poste à Interpol.

   — Tu veux vraiment continuer à travailler là-bas ? lui demande Brégnan alors qu'elle passe lui dire au revoir au commissariat.

   — Je ne sais pas vraiment, j'ai enfin résolu l'enquête qui me pourrissait la vie depuis des années. Peut-être que ma place n'est plus là-bas.

   — Peut-être pas en effet.

   — Ça m'a sacrément manqué de travailler avec toi tu sais ?

   — Moi aussi. Tu as bien évolué depuis tout ce temps, je ne peux plus te donner d'ordres.

   — Oui les choses ont bien changées depuis l'époque où je te servais le café tous les matins.

   — C'est parce que tu faisais ça très bien que je t'ai donné ta chance et que j'ai commencé à t'amener avec moi sur le terrain.

   — Et regarde où ça nous a mené tout ça.

   — La vie ne nous a pas gâtés ces dernières années, ça c'est sûr. Je suis désolé que tu ais eu à vivre cet échec, je sais à quel point c'est difficile.

   — J'ai enfin fini par remettre la main sur lui et même si ce n'est pas moi qui ai pressé la détente, ce malade est hors d'état de nuire maintenant, c'est tout ce qui m'importe.

   — Je suis content que tu vois les choses comme ça. Maintenant je sais que tu dois partir et même si j'ai dit que je ne peux plus te donner d'ordre, ça ne veut pas dire que nous ne pouvons plus travailler ensemble. Je dis ça au cas où tu aurais envie de venir t'installer par ici. Il devrait bien y avoir de la place pour deux.

   — J'y penserai, lui répondit-elle avec un petit clin d'œil.

   Ils se disent au revoir, sans embrassade ni grandes expressions sentimentales, leur regard en dit bien assez. Trolai quitte le bureau de Brégnan et s'apprête à rejoindre sa voiture lorsqu'elle croise le lieutenant Casain qui vient juste d'entrer dans le commissariat.

   — Tiens tiens, lieutenant Casain, c'est aujourd'hui que vous reprenez du service ?

   — Il faut bien ! Je suis content de vous croiser avant votre départ, c'est aujourd'hui non ?

   — Et oui, comme vous l'avez dit, il faut bien.

   — En tout cas j'ai été très heureux de mener cette enquête à vos côtés ne serait-ce que pour quelques jours.

   — Moi aussi lieutenant, vous avez fait du bon boulot. Je suis ravie que ce soit vous qui ailliez mit la main sur ce type.

   — Merci commissaire, j'espère vous revoir bientôt par ici.

   — Peut-être plus tôt que vous ne le pensez.

   Julie Trolai s'en va pour rejoindre sa région qu'elle quittera peut-être d'ici quelques temps pour revenir vers son mentor, celui qui lui a tout apprit et avec qui elle aime tant travailler.

   Le lieutenant Casain, quant à lui, se dirige vers le bureau de son supérieur, frappe à la porte puis entre après en avoir reçu l'autorisation.

   — De retour en pleine forme lieutenant ?

   — Plus que jamais commissaire.

   — Bien. Avant de vous confier votre prochaine enquête je tenais à vous présenter mes excuses. Je n'ai pas prit le temps de le faire plus tôt alors je le fais maintenant. Vous avez eu raison de suivre votre instinct concernant Domelin et je n'aurais pas dû douter de vous comme je l'ai fait. Si vous n'aviez pas suivi votre intuition et poussé vos recherches, Domelin serait peut-être toujours dans la nature et ce gamin serait mort à l'heure qu'il est.

   — Je vous remercie pour votre franchise commissaire, ça me touche beaucoup et je ferais au mieux pour ne pas vous décevoir sur les prochaines enquêtes.

   — Dans ce cas, au boulot !

   Raphaël quitte le bureau du commissaire pour rejoindre le sien et y faire un peu de rangement avant de partir sur une nouvelle enquête.

   Occuper ses mains lui donne tout le temps de réfléchir et tous les dossiers éparpillés lui rappellent le jour où ils s'étaient tenus là tous les deux. Il revoit aussi le jour où il est allé lui rendre visite à l'hôpital, après qu'elle ait retrouvé la mémoire. Elle lui avait paru tellement différente, beaucoup plus... elle-même.

   En effet, alors qu'il l'avait côtoyé pendant des jours, elle semblait absente en permanence, triste et abattue. Mais ce jour-là, elle lui avait semblé toujours affaiblie et triste mais pourtant plus présente que jamais. Il avait enfin eu l'impression de tenir une réelle conversation avec elle, avec la vraie Mélodie et pas celle perdue dans ses pensées ou bien au milieu de la forêt.

   La vraie Mélodie avec qui il a parlé lui a semblé encore plus intéressante que celle qui était sans cesse perdue et cette fois-ci, il ne l'a pas vu comme quelqu'un qu'il faut absolument sauver.

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