CHAPITRE 14

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CHAPITRE 14

   Une nouvelle journée commence et le lieutenant Casain n'a plus qu'un seul objectif en tête : découvrir qui est vraiment Patrick Domelin.

   Après avoir assuré à cette jeune femme qu'il savait quoi faire pour l'aider, Raphaël a essayé de contacter Patrick pour s'entretenir avec lui mais il n'a pas décroché.

   Il n'a pas confié ses inquiétudes à son supérieur, sachant pertinemment que tout ce qui compte pour lui c'est de retrouver le garçon.

   Côté recherches, le lieutenant Casain a donné quelques vagues consignes à ses hommes mais n'ayant aucune piste, tout le monde a l'impression de tourner en rond.

   Malgré les attentes du commissaire, il ne peut s'empêcher de faire des recherches sur Patrick. C'est devenu une obsession, la seule chose qui compte à ses yeux. Il en arrive même à se demander s'il fait ça pour cette fille et son frère, ou seulement pour Mélodie. Il ne peut supporter de la voir souffrir à ce point.

   Cela lui rappelle trop sa propre souffrance, celle qu'il a ressenti des années plus tôt mais qui est toujours présente lorsqu'il n'a rien d'autre pour lui occuper l'esprit. Finalement, cette enquête lui permet d'oublier sa propre douleur, ce qui n'est pas arrivé depuis bien longtemps. Cette sensation d'être utile lui est très agréable, même si pour le moment ses recherches ne donnent rien.

   Casain a réfléchi toute la nuit à un moyen de percer à jour Patrick Domelin et la seule idée qui lui est venue est de contacter quelqu'un capable d'avoir accès à toutes les données d'une personne : un agent d'Interpol.

   Son statut de lieutenant de police lui donne le droit de consulter n'importe quelle information détenue par Interpol sur une personne impliquée dans une enquête policière. Il compose donc le premier numéro qu'il trouve et tombe sur une femme :

   — Interpol bonjour, que puis-je faire pour vous aider ?

   — Bonjour, je suis le lieutenant Raphaël Casain et j'aimerai savoir si vous avez un dossier au nom de Patrick Domelin dans vos archives ?

   — Pour cela il faut que vous remplissiez un formulaire de demande, je ne peux pas vous donner ce genre d'information par téléphone.

   — D'accord, vous pouvez me l'envoyer par mail ?

   Il donne son adresse mail à la secrétaire et alors qu'il attend patiemment, le commissaire Brégnan fait irruption dans son bureau.

   — Vous pouvez m'expliquer pourquoi vous avez renvoyé la brigade cynophile ?

   — Les odeurs nous ont mené jusqu'à une route et puis après, plus rien. Il pourrait être n'importe où à l'heure qu'il est et les chiens ne nous seront plus d'aucune aide.

   — Pourquoi avez-vous aussi renvoyé vos hommes ?

   — Ça fait deux jours qu'ils sont à sa recherche, je leur ai accordé un peu de repos.

   — Vous allez les rappeler et reprendre les recherches immédiatement !

   — Pourquoi prenez-vous cette affaire autant à cœur commissaire ? Vous ne voyez pas que les victimes dans cette histoire ce sont ces pauvres jeunes qui ont été obligés de vivre avec cet homme violent ?

   — Faites attention à ce que vous dites lieutenant. Peu importe mes motivations, vous devez le retrouver.

   — J'aimerai bien les connaître avant d'emprisonner un garçon innocent qui était simplement apeuré et inquiet pour sa sœur.

   Ce n'est pas le genre de Raphaël d'aller contre son supérieur de la sorte mais il faut absolument qu'il comprenne avant de poursuivre ses recherches.

   — S'en prendre à un agent de police ce n'est pas rien.

   — Je suis tout à fait d'accord mais là il s'en est prit à lui en tant que beau-père et non en tant qu'agent de police. Auriez-vous insisté de la même manière si ça avait été un autre homme, un boulanger par exemple ?

   — La question n'est pas là, je ne peux pas laisser se reproduire ce genre de choses sinon c'est la porte ouverte à tout.

   — Ça vous est déjà arrivé ce genre d'affaire ?

   — Il y a longtemps oui, mais peu importe.

   — Non au contraire, je pense que vous prenez cette histoire trop à cœur parce que vous voulez vous faire pardonner une histoire passée.

   — Peut-être bien...

   — Que s'est-il passé ?

   — J'aurai pu devenir commissaire divisionnaire vous savez ? Mais j'ai laissé m'échapper un salopard, du genre que l'on ne peut pas laisser filer. J'ai fini par atterrir ici.

   — Le salopard dont vous parlez, il s'en était prit à un de vos collègues ?

   — Eric. C'était un bon gars, il s'est simplement retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Une balle dans le ventre. Il s'était vidé de son sang avant que l'on arrive.

   — Parfois les coupables sont plus malins que nous et arrivent à s'en tirer, ça fait partie du métier.

   — Oui mais cette fois-là il n'a pas filé, c'est moi qui ne l'ai pas poursuivi. Ma femme venait de décéder d'un cancer et la perte d'un de mes agents m'a fait perdre la tête. J'étais incapable de guider mes hommes sur l'enquête alors ils ont fait n'importe quoi. Heureusement que j'avais bien formé la petite jeune qui travaillait à mes côtés. Elle a fait tout le travail et a rattrapé cet enfoiré. Ils lui ont filé mon poste après ça. Quand je suis arrivé ici je me suis repris en main et je me suis juré de ne plus jamais refaire la même erreur.

   — Ils n'auraient pas dû vous confier cette affaire, vous n'étiez pas prêt à reprendre du service. C'était à eux de le voir. Tout comme aujourd'hui c'est à moi de vous faire prendre conscience que nous sommes peut -être en train de rechercher le mauvais coupable.

   — Comment ça ?

   Brégnan semble enfin prêt à écouter son lieutenant.

   — Vous ne trouvez pas ça bizarre que Domelin ne réponde pas quand je l'appelle pour lui parler de l'affaire, lui qui voulait tant y prendre part ? Il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire. Vous me l'avez confiée alors faites-moi confiance et laissez-moi faire mes recherches de mon côté, d'accord ?

   — Faites comme bon vous semble mais si Patrick décide de porter plainte, il faudra retrouver le gamin d'une façon où d'une autre.

   — Il n'a toujours pas porté plainte ?

   — Non, pas à ma connaissance.

   — Bizarre, c'est la première chose que j'aurai faite en tant que victime, pas vous ?

   Le commissaire lève les épaules en guise de réponse puis quitte le bureau du lieutenant, encore retourné par l'histoire qu'il vient de raconter.

   La conversation a duré un bon moment, Casain décide de regarder ses mails. Il y en a un en attente. C'est le formulaire à remplir pour savoir s'il existe un dossier au nom de Patrick Domelin, ce qui ne ferait pas beaucoup avancer le lieutenant si la réponse revenait négative.

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