CHAPITRE 8

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CHAPITRE 8

Je n'ai pas dormi de la nuit. J'ai pensé à mon frère. Beaucoup. J'ignore quelle heure il est mais je ne peux pas rester une minute de plus dans mon lit. Je cherche mon téléphone à tâtons et réalise soudain que je n'ai pas remis la main dessus depuis que nous avons quitté la maison pour aller chez Jules. Avec Sam nous avions décidé de ne pas les prendre avec nous et depuis je ne l'ai pas revu.

Mais si ! Je l'ai rallumé lorsque j'ai appelé la police, mais qu'est-ce que j'en ai fait après ?

Je pars à sa recherche car il est censé me réveiller pour aller en cours. Il est possible que je sois déjà en retard. Je descends en redoutant de tomber sur ma mère mais elle a dû monter se coucher car le salon est vide, il ne reste que son verre posé sur la table basse, vide lui aussi.

Je retrouve rapidement mon portable, posé sur le bar. De nombreux messages et appels manqués s'affichent sur mon écran mais je n'y prête pas attention. L'horloge annonce 7h38. Je dois quitter la maison à 8h si je veux être à l'heure à la fac. Il faut que je me dépêche pour me préparer.

Sans prendre le temps de manger, je remonte rapidement à l'étage pour me brosser les dents et attacher mes cheveux en un chignon désorganisé pour ne pas avoir à les laver. Je m'attarde surtout à me rincer le visage à l'eau fraîche pour essayer de faire dégonfler mes yeux bouffis par le manque de sommeil. J'échange ensuite à contre cœur le pull trop large de Sam que je porte depuis la veille contre un petit pull en laine, chaud et confortable.

Je m'apprête à prendre le chemin de la fac, déjà légèrement en retard, lorsque j'aperçois quelqu'un dans le jardin. C'est le lieutenant qui m'a interrogé la nuit dernière, que fait-il ici ?

Je remarque que plusieurs hommes l'accompagnent, des agents de police. J'ouvre la porte fenêtre et lance :

— Que faites-vous là ?

— Nous avons obtenu l'autorisation de mener des recherches, me répond le lieutenant Casain.

— Des recherches ? Comment ça ?

— Nous pensons que votre frère s'est caché quelque part dans cette forêt.

— Vous comptez l'arrêter ?

— Oui, il a agressé un homme, c'est puni par la loi.

— Il semble si froid, rien à voir avec la gentillesse dont il a fait preuve envers moi lorsque j'étais au commissariat. En même temps, à quoi m'attendais-je? C'est un policier, c'est son travail de traquer les « coupables ». Il n'a pas hésité à me mentir et à jouer avec mes sentiments pour obtenir ce qu'il voulait.

— Et la légitime défense ? Vous n'allez pas du tout enquêter sur notre beau-père ?

— C'est compliqué. Avec votre seul témoignage on ne peut pas mener de sérieuses conclusions. De plus, votre beau-père s'est réveillé dans la nuit et a pu nous livrer sa version des faits et elle ne va pas du tout dans le sens de la votre.

— Quoi ? Patrick s'est réveillé ?

Il me répond quelque chose mais mon cerveau l'occulte complètement. Ma tête commence à tourner pour me rappeler que les événements qui se sont déroulés quelques jours plus tôt ont laissé des traces qu'il faudrait peut-être que je prenne en compte. Des traces physiques, certes, mais ce ne sont pas mes points de sutures qui me déchirent le crâne. Ce sont ces images qui reviennent sans cesse et cette nouvelle qui me rappellent que ce monstre fait encore partie de ce monde et qu'il fera tout pour nous détruire tant qu'il sera là.

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