CHAPITRE 22

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CHAPITRE 22

   Un son aigu me réveille. Complètement dans le brouillard, j'ai du mal à entrouvrir les yeux. Ce mal de crâne que je traîne maintenant depuis plusieurs jours est d'une telle intensité que j'ai l'impression d'être dans les montagnes russes alors que j'ai bien conscience que je suis allongée.

   Où suis-je ?

   Comme je ne peux pas ouvrir les yeux je tâtonne autour de moi pour essayer de déterminer où est-ce que je me trouve. Alors que je m'attends à sentir quelque chose d'humide et froid, mes doigts effleurent quelque chose d'un peu rugueux mais pas forcément désagréable. Un tissu.

   Mes yeux s'ouvrent instantanément. Je ne suis plus dehors, dans cette forêt où j'ai passé la plupart de mon temps les jours passés. La lumière est quasi-inexistante mais je reconnais aussitôt mon salon. Je suis là, affalée sur le ventre, dans mon canapé, sans aucun souvenir de comment je m'y suis retrouvée. Mon mal de tête s'intensifie et de plus en plus de questions apparaissent dans mon esprit.

   Le son aigu qui m'a réveillé quelques instants plus tôt résonne une deuxième fois, ce qui m'arrache une petite grimace de douleur. C'est quelqu'un qui sonne à la porte et visiblement il n'y a encore personne à part moi à la maison pour aller ouvrir.

   Je me lève péniblement en essayant d'ignorer mon corps qui tangue et me dirige vers la porte telle une personne ivre. Je tourne la clé dans la serrure et ouvre. C'est Raphaël. J'oublie mes maux de tête sur-le-champ, pleine d'espoir. J'espère tellement qu'il est là pour m'annoncer une bonne nouvelle. J'attends qu'il dise quelque chose mais au lieu de ça, il reste là à me fixer intensément, les yeux ébahis.

   — Mélo... mais qu'est-ce que tu as fait ?

   — De quoi tu parles ?

   — Combien de poids as-tu perdu ?

   — Je ne sais pas, pourquoi ?

   — Tu es tellement maigre, je n'avais pas fait attention hier. Dis-moi que tu as mangé quelque chose depuis le restaurant de l'autre jour ?

   Je suis un peu surprise par sa remarque, je ne m'attendais tellement pas à ça. J'aimerai bien pouvoir lui répondre mais je ne peux pas. Je ne sais plus rien, ni où je me trouve, ni quand j'ai mangé pour la dernière fois, ni même qui je suis.

   — Tu es retournée voir ton frère c'est ça ?

   — Oui un peu mais...

   — Tu passes toutes tes journées dans les bois ?
  
   — Combien de temps tu y restes ?

   Ça aussi c'est une question à laquelle je suis incapable de répondre puisque j'ai l'impression de passer des heures et des heures à trouver mon chemin et parfois je me réveille même chez moi alors que je m'étais endormie dans les bois.

   — Il faut que tu manges, tu as vraiment une mine horrible. Tu ne vas pas tenir longtemps comme ça.

   Je me sens tout de suite agressée. Pas par ce qu'il vient de dire, je m'en contrefiche. Ce qui me dérange c'est sa présence, il gesticule dans tous les sens et parle trop, mon cerveau n'était pas prêt à recevoir autant d'informations d'un seul coup. Je pensais qu'il était là pour m'annoncer quelque chose mais visiblement non.

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