CHAPITRE 24

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CHAPITRE 24


   Je sens que mon corps veut partir, très loin. Pourtant, je ne peux détacher mes yeux du visage de mon frère. Il est là et j'ai l'impression que je ne l'ai pas vu depuis des siècles. Mon cœur se remplit d'un sentiment étrange, un mélange de joie immense à l'idée de le revoir et de souffrance atroce du fait de le voir dans cet état.

   Il est allongé sur le lit, les yeux fermés. Je ne parviens pas très bien à distinguer son visage car il est branché à de nombreuses machines. Il y en a une qui lui permet de respirer et une autre qui lui injecte je ne sais quoi dans le bras. Toutes ces machines font beaucoup de bruit mais ce n'est pas le plus dérangeant. Non, ce qui me dérange le plus c'est son visage, enfin, le peu que je peux en voir. Il est tellement amaigri, ses traits sont similaires aux miens, j'ai l'impression de me voir dans le miroir de la salle de bain, un peu plus tôt dans la journée.

   C'est alors que des images s'impriment dans ma tête, des souvenirs. Je me souviens de tout à présent. Je revoie la cabane, la forêt, cet arbre. Je revoie également l'homme qui est venu me rendre visite, oui c'est bien lui, Raphaël. Puis je revois la bagarre entre Sam et Patrick.

   Patrick !

   Toutes les découvertes que j'ai faites à son sujet me reviennent en mémoire et puis je revois Sam entrer dans la cabane, la voiture de Patrick garée à côté.

   J'ai dû faire du bruit car mes parents se retournent vers moi et mon père jaillit de son fauteuil pour me repousser dans le couloir.

   — Mélo, tu ne devrais pas être ici.

   — Qu'est-ce qu'il se passe papa ? C'est horrible, il faut absolument retrouver Patrick. Maman il faut que tu me crois c'est un monstre. Et Sam...

   — Calme-toi ma chérie, nous sommes au courant de tout. Tu n'as plus à t'inquiéter de Patrick.

   — Mais Sam ?

   — Écoute-moi, il faut que tu te calmes, nous allons tout t'expliquer.

   — Il faut que je le vois, je t'en supplie laisse-moi le voir.

   — Ça ne servirait à rien, il est dans le coma. Il ne peut pas nous entendre.

   — Je suis sûre que si, il faut que j'aille le chercher, je lui ai promis.

    J'essaie tant bien que mal de me défaire de l'étreinte de mon père pour aller rejoindre mon frère mais il me retient trop fermement.

   — Calme-toi Mélo, s'il te plaît, tu vas te fatiguer. Il vaudrait mieux que l'on te ramène dans ta chambre.

   — Non je veux le voir !

   — Tu pourras le voir demain, c'est promis.

   — Promis ?

   — Promis.

   Je me laisse raccompagner jusqu'à ma chambre, abattue par la fatigue. Une fois allongée dans mon lit, mes parents me regardent d'un air grave.

   — Vous m'expliquez maintenant ?

   — Ça a commencé quand Sam et Patrick se sont battus et puis... commence ma mère.

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