Chap 7, un voleur envahissant

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- Cela ne répond qu'à moitié à ma question, qui êtes vous ? insista Theodorus tout en restant sur ses gardes. Il n'y a rien à voler ici. Et puis comment êtes vous entré ?

Tout en disant cela, il mit sa main dans sa poche de manteau. Là se trouvait le couteau mécanique, bien emballé dans son sachet en papier. Il le serra dans sa main sans le sortir. A vrai dire, il ne voulait pas avoir recours à ce genre de manières. Il ne savait de toutes façon pas vraiment manier les armes blanches, sa spécialité restant les mots.

Il plaqua une expression neutre sur son visage, ne laissant entrevoir aucunement l'anxiété qui l'habitait.

Parfois, des illustres inconnus venaient se plaindre directement à lui, car ses articles ne leurs plaisaient pas. Et la plupart de ces personnes là n'était point amicale dans leurs propos et gestuelles...

Serait-ce encore un des ces mécontents de mes derniers articles ? Cela expliquerait ces nombreuses tentatives de me renverser sur la voie publique, pensa Theodorus.

- Calmez vous, sourit l'inconnu. Je ne suis là que pour vous rendre ceci.

Interloqué, Theodorus vit son porte feuille dans la main du jeune homme. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il l'avait perdu.

- Vous l'avez oublié au parc, ce matin, continua Cendre. Votre adresse est à l'intérieur.

- Pourquoi vous ne l'avez pas tout simplement remis à la concierge ?

Le jeune homme eu un air gêné tandis qu'il avouait :

- Eh bien, c'est ce que je comptais faire, mais je me suis rendu compte que votre concierge... Eh bien... C'est ma tante.

- Et... ?

- Et on est en froid depuis longtemps, et je ne voulais pas amorcer une discussion pour un détail aussi stupide alors que je ne lui ai pas adressé un mot depuis plusieurs années.  Ça aurait pu finir en lancer d'assiettes.

- Ah oui, un froid polaire dites donc ! ricana Theodorus. Et en quoi ça explique que vous vous soyez introduit chez moi ?

- Au début j'étais tenté de le laisser sur votre paillasson. Mais ma tante m'aurait vu, et comme j'ai vu que vous aviez laissé votre fenêtre ouverte, je me suis dit qu'il faudrait que je passe par là.

«Mais bon sang, QUI fait autant d'efforts pour rendre un portefeuille ?»

- Et puis... Je voulais aussi vous rencontrer, ajouta-t-il comme s'il avait lu dans ses pensées. J'ai vu votre carte de journaliste et... J'ai toujours rêvé de rencontrer un journaliste.

Il avait des étoiles dans les yeux, et semblait vraiment heureux de le voir.

- Vous pouvez vérifier, j'ai rien volé, ajouta-t-il au bout d'un moment.

Un silence plana quelques instants sur le salon. Au bout d'un moment, l'intrus se leva puis dit :

- Vous pourriez m'aider pour remonter ?

- Hein ?

L'homme se dirigea vers la fenêtre.

- J'aurai besoin d'aide pour repartir par le toit.

Theodorus s'approcha sans comprendre tandis que Cendre grimpait sur le linteau de la fenêtre et s'agrippait aux tuiles.

- Vous pouvez me faire la courte échelle ?

Sans trop bien comprendre cette situation surréaliste, Theodorus obtempéra.
L'homme plaça son pied sur les mains jointes du journaliste et se glissa sur le toit, de toute évidence très difficilement. Le jeune homme suait à grosses goutes et semblait épuisé quand il finit assis sur le bord des tuiles.

- Pfiou, soupira-t-il. Je ferais pas ça tout les jours... Merci beaucoup !

Puis il regarda la petite cour de l'immeuble en dessous de lui.

- Ouh, c'est haut, gémit-il.

- Vous avez le vertige ? se moqua Theodorus.

- Vous n'imaginez même pas à quel point ! sembla s'excuser Cendre.

- Au fait, c'est quoi votre nom ? demanda le journaliste tandis que le jeune homme se relevait, comme si son professionnalisme reprenait le dessus.

- Phillipe Down. Je suis désolé, j'ai oublié de me présenter.

Puis il partit d'un pas très hésitant sur les tuiles, manquant de se casser la figure à plusieurs reprises.

Une fois qu'il eût disparu par l'échelle de secours de l'autre côté de l'immeuble, Theodorus se rua sur son calepin. «Phillipe Down». Ça méritait enquête. Peut être notre voleur s'était-il dénoncé ? Bien qu'il joua extrêmement bien. Quoi qu'il en soit, le personnage méritait d'être étudié. Il irait interroger sa concierge le lendemain.

***

Cendre reprit ses activités nocturnes de bonne humeur. Il s'était bien amusé ! Maintenant, il devait s'occuper de son prochain larcin. Le vol du musée d'Asting. Il recelait quelques rares pièces très intéressantes. Des bijoux, comme toujours, mais plus anciens.

***

Theodorus finit de noter les détails de sa rencontre avec ce cher Philippe Down. Il irait voir la concierge le lendemain matin avant de repartir travailler.

Ces événements étaient pour le moins surprenants, jamais il n'avait vécu pareille situation et cela le laissait quelque peu perplexe.

Personne ne ferait autant d'efforts pour rendre un porte-feuille ! D'ailleurs quand est-ce qu'il l'aurait fait tomber ? Il ne l'avait même pas sorti.

Ce n'était pas logique, ni normal, aboutit Theodorus. Il y avait anguille sous roche...

Son regard percuta un papier plié à terre, près du fauteuil dans lequel s'était installé le dénommé Philippe Down. Un sourire mesquin s'étira sur le visage de Theodorus. Il se pencha et ramassa le papier, et le déplia pour lire son contenu.

" 01h32
Temps = 4:36
50° 51' 0.1676" N 0° 31' 14.889" E
23/06 "


De la Cendre sur les toits de LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant