Ce n'était pas vraiment ce à quoi il s'attendait. Il ne comprit pas tout de suite à quoi cela correspondait, et se dit qu'il verrait ça une fois l'estomac plein. Mais avant, il prit soin de noter tout cela dans son petit calepin qu'il ne quittait pas.
Après un bon repas, il se pencha de nouveau sur le papier et entreprit de le décrypter et de le comprendre.
Déjà, il y avait une heure, une indication temporelle et une date, qui correspondait à celle du lendemain. Puis, pour la suite de chiffres, il ne sut pas vraiment ce que cela était...Après près d'une heure penché dessus à se creuser les méninges, Theodorus jugea qu'il était temps d'aller se coucher. Je verrai ça demain, j'aurai les idées plus claires, jugea t'il.
Le lendemain, Theodorus fut réveillé par un appel de son patron qui semblait totalement surexcité : un nouveau vol s'était produit, ce coup ci au musée d'Asting. Les coups de notre voleur s'avéraient de plus en plus risqués, le musée étant une véritable forteresse depuis qu'on y avait entreposé les bijoux de la reine Mary III datant du 12ème siècle, d'ailleurs objets du vol.
Theodorus s'habilla en quatrième vitesse, une tartine coincée entre les dents et essayant de se passer un coup de peigne en même temps, ce qui n'était clairement pas la technique la plus efficace, puis courut à en perdre haleine jusqu'aux bureaux.
Plusieurs choses le frappèrent quand il lut le dossier sur ce vol. D'abord, l'heure à laquelle était estimée le larcin : une heure et demie du matin. «01h32».
Le vol avait était commis pendant le changement de gardien, soit un intervalle de 5 min. «Temps = 4:36».
Et le tout à la date marquée, soit le jour même.Frappé par ces similitudes trop belles pour être vraies, Theodorus commença des recherches sur le musée d'Asting.
Juste avant ça, il alla demander à son patron de donner l'écriture des articles à un autre employé, patron qui accepta très vite puisqu'il voulait absolument que son journal soit le premier à révéler l'identité du roi des voleurs.
Theodorus s'enfuit donc très vite à la bibliothèque et commença à farfouiller tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec le musée.
Au bout d'une heure de recherches, le journaliste tomba sur un gros livre répertoriant les bâtiments importants de Londres. Il trouva la page qui parlait d'Asting au bout de quelques minutes. Ainsi que ses coordonnées : 50° 51' 0.1676" N 0° 31' 14.889" E.
Tout concordait.
Theodorus tourna la page fébrilement, et tomba sur un morceau de papier plié en quatre. Il y était écrit :
«Le jeu commence à être intéressant, vous êtes plus doué que vous n'en avez l'air. Mais réussirez vous pour autant à m'attraper ?
Je vous ai laissé plusieurs indices : Phillipe Down le neveu de votre concierge, les traces de doigts de la baronne d'Esle, un très joli bout de papier comportant les empreintes de la duchesse de Manchester, et celui ci qui comporte celles de la reine Elizabeth VII. Mais il y a un indice que vous n'avez pas encore traité : la comtesse d'Aulney.
À vous de voir, Theodorus Jarkins.
Le roi des voleurs, sous toutes les identités citées ci dessus.»
Il y avait de quoi s'arracher les cheveux, depuis tout ce temps il se jouait de lui ! Theodorus fulmina à cette pensée. Qu'importe le temps qu'il lui faudrait, il y arriverait, roi des voleurs ou pas.
D'ailleurs, il avait oublié de parler à la concierge ce matin, il était parti sans y penser. Mais apparemment ce n'est qu'une de ses fausses identités, qu'un de ces milles visages qu'il utilisait pour faire tourner en bourrique notre journaliste. Peut être même que ce Phillipe Down était un individu payé par le voleur, son visage n'était donc même pas un indice.
Theodorus exhala bruyamment avant de refermer l'ouvrage. Il allait se venger, jouer lui aussi avec le voleur. Pour ça, il devait imaginer un plan pour le coincer. Oui sa vengeance consisterait à découvrir qui il était vraiment et il mettrait encore plus de cœur à l'ouvrage pour l'attraper !
Mais avant tout, il fallait savoir pourquoi il agissait ainsi, et pour cela il devrait questionner les victimes des vols.
Et tous ces vols concernaient des bijoux de grandes valeurs, qui appartenaient ou avaient appartenu à des nobles.Suite à cela, Theodorus rentra aux bureaux, pour savoir où en étaient les procédures administratives concernant son rendez-vous avec la comtesse d'Aulnay.
Il ne fut pas déçu. Quand il arriva au bureau, son patron avait fait les choses en grand. Au lieu d'un rendez vous avec la comtesse, Theodorus recevait les pleins pouvoirs pour son enquête en temps qu'affaire importante, soit l'autorisation de la police municipale pour interroger et accéder à tout ce qui avait trait de près ou de loin à l'enquête. En gros, un passe partout lui permettant tout ce qu'il voulait. Le rêve pour un enquêteur ! Plus question d'attendre des heures de recevoir une autorisation !
À peine le pass empoché, Theodorus se rua chez la comtesse d'Aulnay. Il comptait bien l'interroger quand à ce mystérieux vol, et si il y avait un indice caché chez elle, il le trouverait !
Quelques instants plus tard et il entrait dans le bastion d'Aulnay, son pass fièrement brandi tandis que le majordome trottinait derrière lui tout en faisant part de son mécontentement, le tout en obéissant, car le pass bah... c'est le pass.
Theodorus trouva la comtesse allongée lascivement sur un canapé dans sa bibliothèque, ses longs cheveux blonds en désordre et habillée d'une simple nuisette rose, indiquant clairement qu'elle avait reçu un homme pendant la nuit (et pas son mari puisqu'il était en voyage d'affaire), en train de feuilleter un livre qui ne semblait pas des plus pieux tout en écoutant de la musique que l'on qualifierait de barbare dans tout les milieux de la haute société. Surtout à la hauteur où elle était beuglée du grammophone à côté d'elle.
En tout cas, elle était bien loin de l'apparence distinguée qu'elle avait affiché lors de la rencontre avec le banquier.
Un sourire espiègle s'étala sur son visage tandis qu'elle vit arriver un énergumène blond d'un pas déterminé dans sa bibliothèque.
Le blond était sa couleur préférée, et elle devait bien avouer que ce joli minois aux yeux verts ne la laissaient clairement pas indifférente.
- Madame, commença Theodorus en brandissant son pass. J'aimerai vous parler seul à seule par rapport au vol dont vous avez été victime.
- Mais bien sûr, fit-elle avec un grand sourire. Nestor, vous avez entendu ? Seul à seule.
Le majordome s'en alla tandis que Theodorus s'approchait.
- Croyez bien, madame, que je ne suis pas dupe. Je ne vois pas comment le voleur aurait su que vous prendriez votre somnifère ce soir là. Je pense que vous étiez éveillée et que vous l'avez vue.
En vrai, il n'en savait rien. Mais il voulait savoir ce que cette déclaration aurait comme effet sur la comtesse.
Celle ci haussa un sourcil en souriant :- Venez par ici, fit-elle en tapotant le canapé à côté d'elle. Vous êtes trop tendu, et je serai plus à même de parler si vous étiez plus à l'aise.
Sans trop savoir pourquoi, Theodorus obtempéra.

VOUS LISEZ
De la Cendre sur les toits de Londres
Gizem / GerilimTheodorus, détective et journaliste dans un Londres steampunk, enquête sur une mystérieuse série de vols dans la haute bourgeoisie. Mais tout ne se passe pas comme prévu : entre les comtesses un peu envahissantes, les complots contre la couronne et...