Le refuge idéal

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D'un pas léger mais rapide, la jeune femme se dirigea vers un petit véhicule sombre. Dans un claquement, elle ouvrit la porte et s'assit au volant en insérant la clé dans le contact. À l'extérieur Loki s'était figé devant la porte côté passager et observait l'intérieur de l'habitacle d'un œil suspect. Doucement, et dans un petit bruit motorisé, la fenêtre descendit devant son visage penché.

« Qu'attendez-vous ? Montez !, s'exclama la jeune femme au teint clair qui souriait.

— Je n'ai pas confiance en la technologie midgardienne. Cela ne m'a pas l'air très sécurisé, s'inquiétait-il.

— Qu'avez-vous dit ?, répliqua la demoiselle dont les sourcils se froncèrent.

— Peu importe !, répondit-il l'air vexé en ouvrant la porte avant de prendre place dans ce minuscule véhicule roulant recouvert de tôles et d'armatures fines.

— Mettez ceci », indiqua la jeune femme en tirant sur la ceinture noire qui barrait sa poitrine.

Un léger rire s'échappa de ses lèvres quand elle vit l'homme brun chercher vainement l'objet en question.

« À votre droite, précisa-t-elle en montrant l'endroit du doigt. »

Les lèvres pincées et la mâchoire crispées, Loki tira prestement sur la ceinture en la bloquant légèrement.

« Vous êtes vraiment..., hésita-t-elle.

— Quoi ?, cracha le dieu en tournant son visage dur vers elle en faisant danser les boucles noires qui pendaient derrière ses oreilles.

— Surprenant, finit-elle par dire avec douceur.

- Et vous n'avez encore rien vu », marmonna-t-il d'un air exaspéré en regardant droit devant lui.

Un grand sourire dessiné sur les lèvres, la jeune femme l'observa un instant avant d'allumer le moteur et de démarrer.

Pendant tout le trajet, qui ne dura que quelques minutes, le dieu, cramponné à son siège, avait poursuivi son étude des humains. Les tournants pris à toute vitesse, les freinages secs et les ralentissements soudains lui donnaient le tournis. Ce mode de transport était aussi ridicule que terrifiant. Comment pouvaient-ils se déplacer aussi rapidement et si serrés dans des boîtes de verre et de métal qui n'auraient même pas fait le poids face aux mâchoires de Fenrir ?

Après un dernier tournant, ils arrivèrent enfin devant un petit bâtiment tout en longueur sur lequel était écrit HRA Men's Shelter. La jeune femme gara la voiture et sortit. Blême et silencieux, Loki déglutit avant de quitter, lui aussi, le véhicule et de suivre les pas de la jeune femme aux vêtements sombres.

Quand ils passèrent les portes du bâtiment, un relent fétide s'engouffra dans les narines du dieu qui affichait une expression dégoûtée. Des dizaines de personnes, uniquement des hommes, attendaient assis le long d'un couloir lumineux. Certains portaient des vêtements à moitié déchirés et sales, d'autres étaient enroulés dans des manteaux poussiéreux, les pieds et les visages encrassés, les barbes et les cheveux longs et graisseux.

« Attendez-moi ici », fit la jeune femme en se dirigeant vers un comptoir où se tenait un homme.

À l'écart et n'écoutant pas leur discussion, le dieu, indisposé par l'odeur qui imprégnait désormais ses vêtements, posa ses yeux sur les misérables qui attendaient en silence. Un homme s'approcha de l'un d'eux en tendant une boisson chaude. Un sourire gêné ourla les lèvres de la personne dont les traits retrouvèrent leur candeur. Le vieil homme se cramponnait au verre comme si ce liquide fumant allait lui redonner espoir.

Un Nouveau Départ (Loki - Tome II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant