Tensions et apaisements

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Le fracas des armes éclatait avec rapidité sur les murs épais d'une vaste cour intérieure et circulaire de l'une des ailes du palais d'Asgard. Bordés de lourdes colonnes en pierre de taille ornées de fresques en or, plusieurs terrains d'entraînements étaient entourés par des balcons surélevés. Sablonneux, le sol foulé par des pas puissants crissait pour se soulever en un nuage fugace autour des silhouettes des Einherjar. Dans l'ordre et la discipline militaire, les guerriers aux armures resplendissantes s'entraînaient au combat.

Sous le regard des gradés intransigeants, les épées et les lances se joignaient dans des claquements retentissants alors que les boucliers étincelants se levaient pour bloquer les coups. Chaque geste, chaque parade, chaque mouvement du pied, de la jambe, du bassin, de l'épaule ou du bras était méthodiquement exécuté. Râles et cris guerriers accompagnaient leurs chorégraphies codifiées qui par leur apparence rituelle devenaient art. Ces pas de danse, ils les apprenaient dès leur plus jeune âge. Encore enfants, les futurs Einherjar choisis pour protéger la cité et le royaume suivaient un cursus extrêmement rigoureux où l'individualité n'avait plus sa place. Seul le collectif comptait, seul le royaume importait. Leur existence entière était associée au destin de ce dernier et ils se consacraient à la défense de leur souverain et de son peuple. Et chaque soldat devait se plier à ce strict credo.

Longeant un des terrains d'entraînement de ses soldats, Tyr disséquait les techniques de ses combattants. D'un pas lent, le dieu de la guerre, à la barbe grisonnante et coulé dans sa cuirasse dorée, scrutait les guerriers de son regard dur en vérifiant leur agilité, leur force de frappe et leurs capacités stratégiques. À proximité de leur grand capitaine et dieu de la guerre, les sévères lieutenants exigeaient sans cesse le perfectionnement de leurs troupes.

Lorsqu'il eut terminé son examen minutieux, Tyr se dirigea vers un autre cercle d'entraînement, occupé par des Valkyries. Le tintement des armes et leurs cris farouches retentissaient dans toute la cour. Fières, les femmes guerrières s'élançaient au combat avec une vigueur inouïe à presque faire pâlir un jeune Einherjar. Elles ne retenaient pas leurs coups et leurs techniques de combat élégantes et aériennes avaient, il fallait le reconnaître, un certain charme exotique qui plaisait au dieu de la guerre.

Après avoir remarqué une silhouette bien familière qui l'attendait près d'une colonne, Tyr la rejoignit. Debout et les bras croisés, une grande Valkyrie à la longue chevelure de miel tenait à la main un casque en or ailé surmonté d'une tête de loup féroce. Sa cuirasse, telles des écailles d'or de dragon, éblouit le dieu de la guerre.

« Alors, est-ce qu'on est satisfait de ses guerriers ? interrogea Brünehilde d'un air arrogant.

— Comme toujours », répondit le dieu.

En parcourant des yeux les terrains d'entraînement, la légendaire guerrière ne put se retenir d'ajouter :

« Ils sont plutôt doués, même s'ils ne parviendront jamais à rivaliser avec mes filles, fanfaronna-t-elle.

— Il ne faut jamais sous-estimer son adversaire, répliqua-t-il en évitant d'entrer dans le jeu de la surenchère.

— Sages paroles, admit-elle. Toutefois, nous ne sommes pas vraiment des adversaires, n'est-ce pas ? demanda-t-elle d'un ton volontairement crédule en arborant un sourire en coin.

— Non, mais sur un terrain d'entraînement, cela reste à voir.

- Ah, ah ! J'aime ton esprit belliqueux ! s'exclama-t-elle en lui donnant une grande tape sur l'épaule. Dis-moi, voudrais-tu te mettre en jambes face à moi ? Donnons à tes hommes et à mes filles un spectacle qu'ils n'oublieront pas, proposa-t-elle toute enjouée à l'idée d'affronter le dieu de la guerre. Toi et moi, avec l'arme de ton choix. »

Un Nouveau Départ (Loki - Tome II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant