Un Nouveau Départ (Loki - Tome II)

La gamine et le dieu déchu

Acculée au bar, Verity se tenait recroquevillée sur elle-même. Elle était toujours entourée par ces femmes qui l'avaient conduite jusque parmi la foule. Rieuses et enjouées, elles buvaient jusqu'à en perdre la raison.

« Allez ma grande, bois un peu ! Ça te fera le plus grand bien, fit une grande brune.

— C'est vrai qu'elle a l'air pas mal coincée, railla une autre.

— On dirait un petit animal sauvage tout apeuré, fit une autre d'un air plaintif.

— Je me demande bien ce qu'il a pu lui trouver pour rester avec elle, lança une autre pleine de dédain. Elle n'a rien d'exceptionnel.

— En tous cas, si cela avait été mon cas, j'en aurais profité, riait la femme à la chevelure brune en entortillant doucement ses doigts dans les cheveux de Verity.

— Lâchez-moi !, s'écria la jeune femme en les bousculant.

— Tout doux, ajouta la brune. Je sais ce dont tu as besoin, dit-elle en prenant son visage entre ses mains. Laisse-toi aller, tu verras, c'est si simple », ajouta-t-elle en lui caressant la joue.

Un sourire taquin ourlait les lèvres de la femme qui dévorait du regard celles de Verity tout en se noyant dans les yeux verts de la jeune femme qui, à la fois gênée et envoûtée, ne bougeait pas. L'inconnue aux courbes plantureuses en profita pour la pousser gentiment contre le bar, exerçant une pression timide mais assurée sur son corps frêle. Une douce chaleur s'éveilla dans le bas-ventre de la jeune femme. Des frissons parcoururent ses membres effleurés par les mains expertes de la belle brune.

« Tiens, bois », murmura-t-elle en lui tendant un verre.

Méfiante, Verity repoussa le breuvage. Face à son refus, la femme, toujours souriante, vida d'un trait le contenu à sa place.

« Laisse-moi maintenant goûter à tes lèvres », chuchota-t-elle à son oreille.

Sans attendre, la femme l'embrassa avec fougue avant que Verity ne la rejette fermement. Elle se faufila ensuite entre toutes les femmes qui s'étaient agglutinées au bar pour rejoindre l'endroit où Loki avait disparu. Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la porte sombre qui menait au bureau d'Amora, une main ferme attrapa son poignet.

« Eh, que comptes-tu faire exactement ? »

Immédiatement, elle se tourna vers la voix qui venait de l'interpeller. Ses yeux se posèrent sur le visage d'un homme d'une trentaine d'années. Le teint tanné, les traits du visage saillants, les pommettes hautes et un nez fin presque aquilin, un homme à la chevelure noire et aux yeux bleus la considérait en l'amenant à lui.

« Lâchez-moi !, cria-t-elle en se débattant comme un chat sauvage.

— Très bien, fit-il en levant les mains vers le ciel. Je ne te touche plus, mais promets-moi de ne pas y entrer. »

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Face à Loki, Amora jubilait. Elle savait que sa curiosité et son tempérament de joueur lui donneraient l'avantage sur le dieu du chaos qui ne refuserait jamais de jouer à une nouvelle partie.

« Laisse-moi t'offrir ce que tu mérites, laisse-moi t'offrir ce royaume par pur désintéressement. Toutes ces femmes que tu viens de voir te vouent déjà un culte, toi, le dieu martyr. Et elles se battraient pour te plaire, prête à lécher le sol que tu foules. Tu as une armée qui attend dans l'ombre, Loki. Et elle est prête à exécuter tes moindres ordres. Je serais ta grande prêtresse, et toi tu seras un dieu tout-puissant fait chair, un dieu suscitant désir et amour. Alors nous serons ainsi quitte si l'on peut dire, dit-elle malicieuse.