La Dame et le chevalier

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Comme l'avait prédit Sif, le roi des Vanes avait accepté l'invitation au banquet qui serait donné en l'honneur de la nouvelle reine. Frey s'apprêtait à rejoindre la cité et il serait accompagné par toute sa cour. Visiblement, les Vanes étaient particulièrement friands de beuveries qui, contrairement à Asgard, guindée et à cheval sur l'étiquette royale, se terminaient bien souvent en orgie.

Alors que les préparatifs étaient menés tambour battant et que les cuisines se remplissaient de victuailles, les guerriers de la cité, réunis dans la salle du trône, échangeaient encore et toujours sur la sécurité d'Asgard. Depuis quelques jours, les grandes seigneuries du Nord n'avaient plus donné aucun signe de vie. Elles restaient sourdes aux messages envoyés depuis la cité dorée qui tentait, par des missives amicales répétées, de sonder les ambitions de ces nobles dont les oreilles se laissaient, selon les rumeurs, flatter par les promesses de Vidar.

« Aucun noble du Nord ne sera assez puissant pour écraser les Einherjar. Même s'ils se liguaient tous contre nous, ils ne pourraient rien face à eux et les Valkyries, assura Sif.

— Si nous avons affaire à une bataille rangée !, s'écria Tyr. Mais Vidar n'est pas homme à prendre les armes. Il est du parti des sournois, des traîtres. Et avec ses belles paroles il est capable de grossir les rangs de ses partisans. Peut-être a-t-il déjà préparé son plan ? Peut-être que ses hommes ont déjà infiltré nos rangs ? Et avec le banquet qui se profile, je ne pourrai pas et me charger de la sécurité de la cité et de celle du palais.

— Alors que devrions-nous faire, Tyr ?, demanda Sif d'un ton arrogant.

— Je serai d'avis d'annuler ce banquet.

— C'est trop tard. Frey est attendu aujourd'hui comme de nombreux autres nobles du royaume, rétorqua-t-elle. Nous devons jouer la diplomatie quitte à prendre des risques.

— Comment peux-tu dire cela ! As-tu oublié notre rôle ? Ni toi ni moi ne sommes les pièces maîtresses de ce jeu. Nous ne sommes que des guerriers, des femmes et des hommes qui obéissent aux ordres ! Nous n'avons pas à choisir, nous n'avons pas à décider de quoi que ce soit. Nous n'avons qu'un seul devoir, celui de protéger la cité, sa reine et ses enfants ! », s'insurgea-t-il.

Poussé par la fureur, Tyr venait d'exprimer ce qui hantait ses pensées depuis des jours. Mais derrière cette apparente colère se cachait une anxiété, une crainte telle qu'elle dévorait son âme de guerrier.

« Je me charge de la protection de Sigyn jour et nuit, intervint Brünehilde. Je vais envoyer une de mes filles quérir Sigrun. Elle viendra avec des renforts pour garantir l'intégrité de la cité. »

Peu convaincu, Tyr s'éclipsa de la pièce en soufflant d'exaspération. Il savait qu'avec elles, il n'aurait jamais eu le dernier mot.

Pendant ce temps, à quelques pas de là, Sigyn rejoignait les déesses qui s'étaient rassemblées dans l'une des salles du palais. Assises autour d'une table, elles l'attendaient patiemment avec un enthousiasme variant. La déesse de la fidélité arpentait seule les couloirs. Sören était restée dans la chambre pour veiller sur les enfants. Et alors qu'elle se précipitait, l'idée même de devenir à la fois l'objet et la source de toutes les causeries féminines ne l'enchantait guère. L'arène attendait. Elle avait toujours détesté s'entourer de tout un tas de suivantes hypocrites et précieuses. Rien ne valait la compagnie sincère et bienveillante de Sören qui de simple servante avait gagné le rôle de confidente.

Quand elle entra dans la pièce, les regards convergèrent dans sa direction. Certaines déesses semblaient agacées de son retard tandis que d'autres paraissaient ravies de pouvoir discuter avec la reine en personne.

Un Nouveau Départ (Loki - Tome II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant