Un Nouveau Départ (Loki - Tome II)

Un choix difficile

Un doux rayon de soleil vint caresser le visage juvénile de Verity, qui se tenait debout face à la fenêtre de son appartement. Inondant ses joues pouponnes, l'astre dorait sa peau lisse d'une lumière chaude et intense. Pourtant ses traits avaient revêtu le voile des tourments.

Perdu, son regard quitta la rue qui apparaissait au dehors et se joignit à son geste quand elle glissa une main dans la poche de son jean sombre. Du bout des doigts, elle pressait anxieusement le petit bout de carton discret qui y logeait. La jeune femme se tourna alors vers le dieu qui dormait profondément sur le canapé. Tout en l'observant, elle sortit non sans appréhension la carte de visite que lui avait laissée l'homme aux yeux clairs.

Qui était-il ? Que faisait-il là-bas, dans le repaire d'Amora, alors que personne ne semblait avoir remarqué sa présence ? Devait-elle se rendre à l'adresse qui figurait sur cette carte ? Pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Il n'avait pas tort à propos de Loki même si le dieu déchu était loin d'être une menace aux yeux de la jeune femme. Il avait certes un sale caractère, il se comportait d'ailleurs parfois comme un vrai adolescent, mais dans le fond, il n'était pas si mauvais.

Difficilement et dans un concert de soupirs, le dieu s'extirpa de son sommeil en ouvrant les yeux sur le plafond blanc du salon. Après avoir manifesté sans modestie son réveil, il repoussa les couvertures dans un froissement avant de tourner la tête vers sa droite et d'apercevoir Verity, inquiète près de la fenêtre.

Quelque peu renfrogné et grimaçant, Loki s'assit sur le canapé qui avait visiblement une dent contre lui. Ses ressorts lui avaient labouré le dos toute la nuit. La jeune femme, à l'expression désormais figée et si grave, se rendit au comptoir de la cuisine avant d'ouvrir son ordinateur et de taper sur les touches de son clavier, le tout sous le regard du dieu du chaos.

« Que se passe-t-il ? fit-il en se levant.

— Rien. »

Le dieu qui n'était pas dupe souriait d'un air narquois en la rejoignant.

« Oh, inutile de me cacher quelque chose, je suis le dieu des mensonges et je vois bien que vous êtes préoccupée, souligna-t-il.

— Vous n'êtes pas le seul à reconnaître un menteur, répliqua-t-elle d'un ton suffisant comme pour rappeler au dieu le don qu'elle avait reçu durant son enfance. Et vous n'avez pas le monopole de la tromperie.

— Certes, mais je suis le meilleur à ce jeu-là », sourit-il avec malice.

La jeune femme, dont le visage restait rivé sur l'écran, leva les yeux vers le dieu avant de replonger dans sa lecture.

« Toujours aussi modeste, nota-t-elle.

— Que voulez-vous ? soupira-t-il. Quand on a été doté d'une puissance aussi supérieure que la mienne, on ne peut que vous trouver inférieur. Vous, les bipèdes écervelés qui peuplent ce royaume insignifiant et sans défenses. »

Silencieuse, Verity continuait de parcourir des yeux l'écran qui affichait désormais des informations sur le 177A Bleecker Street, son manoir étrange et son résident des plus intrigants. Face à elle, Loki n'en démordait pas et poursuivait ses attaques dans le but de l'irriter et de l'amener à lâcher le morceau. Tout n'était qu'un jeu, une chasse où le prédateur et la proie se livraient à une bataille sans pitié avant que l'un ou l'autre ne cède à la fatigue et tombe dans le piège qui menaçait de se refermer.

« D'ailleurs comment avez-vous eu ce don ? demanda-t-il de but en blanc au milieu de ses brimades.

— Ma mère avait une bague qu'elle conservait précieusement dans une pièce de la maison. Et, je ne sais pas comment, mais je l'ai avalée par mégarde. Le plus étrange c'est que je ne me souviens absolument de rien ni comment j'en suis venue à mettre cet objet dans la bouche. J'étais une enfant à l'époque mais pas un bébé. Ma mère était terriblement inquiète, sourit-elle d'un air doux. Elle m'a tout de suite amenée chez le médecin qui lui a expliqué qu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer mais malgré ses tentatives, je voyais bien qu'elle n'était pas rassurée. Les jours qui ont suivi, mes parents étaient très soucieux de mon état de santé et c'est à partir de là que j'ai réalisé que les humains, que mon entourage, me mentaient, avoua-t-elle en soutenant le regard du dieu qui réfléchissait.