L'attrait de la proposition

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Dans les couloirs dorés du palais, la reine et ses trois guerriers marchaient à vive allure en quittant la salle du trône. Quelque chose semblait avoir troublé Sigyn après son discours. Agacée ou bouleversée, elle venait d'accélérer le pas quand Balder surgit d'un couloir. Maussade et le visage blême, il rejoignit Sigyn qui se figea en le voyant.

« Où étais-tu ? souffla-t-elle déçue par son absence.

— Je suis désolé Sigyn, j'ai malheureusement été retardé.

— Cela ne fait rien », fit-elle d'un ton radouci avant de reprendre la marche.

Avec gêne, le dieu de la beauté croisa le regard sévère de ses camarades qui le dévisagèrent un à un. L'air courroucé, Brünehilde le toisa avec défiance et poussa une sorte de mugissement belliqueux avant de rejoindre les autres. Il venait immanquablement de se montrer irrespectueux à l'égard de la reine.

Tous entrèrent dans la salle du conseil sans même prendre la peine d'avertir les conseillers royaux. Empressés et encore debout, ils engagèrent la discussion.

« Sigyn... Je voulais simplement te dire que tu as bien parlé, mais pourquoi leur avoir dit la vérité à propos du vote du conseil ? interrogea Sif.

— Pourquoi leur mentirais-je ?

— Il est parfois nécessaire de prendre certaines libertés avec la vérité, Sigyn.

— Ne vois-tu pas jusqu'où cela a pu mener le royaume ? Tous ces mensonges qui ont été proférés par Odin et qui ont brisé tellement de vies, dont celle de mon époux, dit-elle d'un ton amer.

— Je reconnais qu'Odin a été le plus grand des hypocrites et un vil meurtrier, admit Brünehilde qui s'imposa dans la discussion. Toutefois, un souverain doit d'abord penser à sa propre sécurité, ma reine, ajouta-t-elle en inclinant la tête.

— Dites-moi, Tyr, interpella la reine en se tournant vers le capitaine des Einherjar. Vous avez toujours servi les armées asgardiennes, n'est-ce pas ? »

Moulé dans sa lourde cuirasse, le grand guerrier au regard sombre et au visage marqué par les siècles s'avança vers la reine en acquiesçant.

« Est-ce que mon époux, Odin ou tout autre souverain d'Asgard a su contenter chacun de ses sujets ? Ont-ils tous fait l'unanimité auprès du peuple ?

— Non, ma reine, admit le dieu de la guerre. C'est une prouesse assez difficile, il faut le reconnaître.

— Alors pourquoi tromper le peuple au risque d'alimenter les rumeurs voraces qui pourraient ensuite leur dévorer l'esprit en leur faisant perdre toute foi en nous ? interrogea la reine en regardant Sif et Brünehilde.

— Absolument, ma reine. C'est une politique fort judicieuse », ajouta Tyr en s'inclinant.

La guerrière au bouclier soupira sans dire un mot. Certes, Sigyn parlait vrai, mais elle ignorait combien le peuple pouvait se montrer versatile à l'égard d'un monarque. Elle était bien trop naïve et éloignée de toutes les problématiques du royaume pour le comprendre.

« J'espère que tu as raison, confia finalement Sif. Quoiqu'il arrive, tu pourras compter sur tous les guerriers. Nous serons là pour te protéger, toi et le peuple. Allons nous entraîner », proposa-t-elle à Brünehilde qui la suivit en souriant d'un air particulièrement enthousiaste.

Avant de s'éclipser, Tyr s'inclina en jetant un dernier regard sévère vers Balder qui n'avait pas osé intervenir. Embarrassé, ce dernier se mordait la lèvre en observant la reine qui l'ignorait. Cette dernière s'apprêtait, elle aussi, à quitter la salle du conseil quand il s'adressa à elle.

Un Nouveau Départ (Loki - Tome II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant