Chapitre 1

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 La base se trouve en plein cœur de nulle part, ici il n'y a que des arbres pris dans le givre et croulant sous la neige accumulée depuis des semaines durant lesquelles il a neigé sans arrêt. Le vent me cingle le visage, me faisant sentir plus vivant que jamais. J'adore cette sensation de liberté, toute ma vie est calculée à la seconde près. Jamais de liberté. Je fais ce qu'on me demande sans jamais poser de questions. Mais les moments à moto sont uniquement à moi et j'en profite sur un moyen temps.

 J'aperçois la base au loin, elle semble abandonnée, mais ce n'est que façade. Tout autour de moi des caméras pivotent pour me suivre, elles retransmettent ma progression en temps réelle au centre de contrôle, ce qui leur permet d'ouvrir la trappe secrète au sol dans laquelle je m'engouffre. À l'intérieur c'est grand et gris, partout des véhicules en tout genre envahissent la place. Des camions banalisés, des voitures ordinaires, des motos standards, et des tanks, des 4x4 blindés, des camions béliers et des vans servant à transporter des hommes. Les appareils volants sont tous gardés dans un autre hangar encore plus grand que celui-ci. Je me gare, prends la mallette et me dirige directement vers le bureau de mon supérieur direct, le sergent Isaac Yurc. Dans les larges couloirs bétonnés, je croise quantité d'agents, des scientifiques, des soldats, des ingénieurs et j'en passe. La plupart sont silencieux et marchent le regard fixe, on est tous des automates ici, et personne n'y voit le moindre problème. C'est comme ça que ça marche ici. 

 Arrivé au bureau, je toque puis entre sans attendre de réponse. Je prends la position du salut militaire, droit comme un i, dans l'attente de réponse. Yurc est plein appelle téléphonique et gesticule grandement pour ponctuer ses paroles, me laissant tout le loisir de l'observer subtilement. C'est mon travail de repérer chaque détail, c'est donc devenu un automatisme pour moi. Il est de grandeur moyenne, soit plus petit que moi et a le crâne parfaitement rasé ce qui contraste vivement avec sa moustache très bien garnie. À croire que tous ses cheveux lui étaient rentrés dans la tête pour ressortirent sous son nez proéminent. Mon chef porte aujourd'hui un uniforme bleu marine, comme tous les autres jours d'ailleurs, mais a choisi une montre noire dans sa collection de 17 montres. Du moins c'est la quantité que j'ai pu apercevoir chez lui en 2 ans de rapport tous les jours. Il finit par raccrocher avec un soupire rageur et se tourne vers moi. Je ne suis pas stressé, j'ai bien exécuté ma mission sans aucun problème collatéral. 

 - Repos soldat, je m'exécute, rapport de mission.

 - J'ai provoqué un accident en tirant dans les pneus de la voiture des cibles. La femme était inconsciente et mal en point, je l'ai achevée en l'étranglant. L'homme a réussi à s'extirper de la voiture en rampant, mais sans s'éloigner de manière significative. Je l'ai frappée à maintes reprises puis lui ai tiré dans la tête. Les deux sont morts. J'ai par la suite détruit une caméra de surveillance qui se trouvait dans le secteur, la valise se trouvait bien dans le coffre, en repartant la voiture a explosé suite a un incendie qui a débuté à l'avant du véhicule. La mission s'est déroulée entre 5h17 AM et 5h49 AM. 

 Je débite le tout sans intonation particulière, le regard droit sous l'œil perçant de mon superviseur en rogne qui suit sans mot. À la fin de mon monologue s'en suit un silence seulement brisé par le bruit des pas dans le couloir. Il me regarde pensif puis fini par acquiescer et me tendre le bras. Je lui tends automatiquement la mallette. 

-  Bien, vous pouvez disposer. 

-  À vos ordres, mais déjà il ne m'écoute plus captivé par le contenu de la mallette. 

 Je sors et vais me changer dans ma chambre. Chambre étant un bien grand mot puisqu'elle ne fait que 2m sur 3m. C'est un magnifique rectangle blanc garni en tout et pour tout d'un matelas posé sur le sol, d'une commode blanche où je range mes vêtements et quelques armes. Le tout éclairé par un joli néon, mais je ne me pleins pas, ça pourrait être pire. Les dortoirs sont surchargés, puant et constamment bruyants. Moi j'ai la paix seul dans ma chambre. J'enlève ma tenue de combat pour mettre un simple t-shirt noir muni d'une étoile rouge dans le dos et d'un pantalon cargo noir de même. Tous mes vêtements sont noirs avec une étoile rouge, c'est pour pouvoir m'identifier rapidement en cas de besoin. Chaque groupe possède sa propre couleur. Les soldats sont kakis, sergents bleu marine, capitaines gris, infirmiers bleus royaux, scientifiques blancs, ingénieurs bourgogne, etc. Ça ne me dérange pas, je ne ressens aucun besoin de porter d'une autre couleur que la mienne. Les agents, augmentés comme moi, portent tous du noir avec un motif différent pour chacun de tagué dans le dos.

Un Passé BriséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant