Chapitre 2

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 4h. J'ouvre les yeux et m'assois immédiatement dans le Trou. Chaque matin à la même heure je me réveille et enclenche automatiquement le mode survie, que je sois en mission ou dans mon lit, ça n'a pas d'importance, c'est ainsi que j'ai été créé. Le givre craque sous mes mouvements, il recouvre l'entièreté de mon corps tant il fait froid ici, mais peu importe, je ne le sens pas. Mon pantalon est complètement rigidifié. Hier après ma perte de contrôle, on m'y a conduit pour redébuter les traitements que je subis depuis si longtemps. À chaque fois que je faiblis, on recommence, encore, encore, encore et toujours, et ce, jusqu'à ce que je sois assez fort. Assez fort pour ne plus jamais ressentir quoi que ce soit, pour ne plus être distrait par quoi que ce soit, jusqu'à ce que je sois la parfaite arme.

 Je sais ce qui m'attend, mais je ne vais pas flancher. Jamais. Autour de moi, les pierres sont prises dans la glace, d'ailleurs celle-ci est partout ici. Je ne ressens pas le froid, ni le chaud, ni quoi que ce soit, il le faut bien avec tout ce que j'ai traversé, s'il fallait que je craigne la température en plus. Ça doit faire environ 15 heures que je suis là, j'ai été inconscient pendant tant d'heures. Une légère douleur pulse dans ma tête suite aux nombreux chocs électriques qu'on m'a shooter direct dans le cerveau. Je vais m'en remettre. 

 À 13 heures la grille au-dessus de ma tête s'ouvre lentement dans un horrible grincement qui résonne dans toute la profondeur du trou. Ce qui s'en vient me sera pratiquement mortel, mais je me lève et agrippé la corde qui tombe. Malgré le froid poignant, j'arrive à refermer mes doigts sur la corde bien qu'ils soient raidis par l'inactivité dans l'hiver. Les bras bandés, je grimpe rapidement jusqu'en haut où je me redresse devant le soldat qui me fait face. C'est avec lui que je vais passer les prochaines 24 heures, j'ignore son nom et c'est mieux ainsi, comme ça je n'aurai personne d'autre à haïr à part moi. 

 Sans même me laisser le temps de me réchauffer, il se dirige rapidement du pas cadencé des soldats aguerris vers la salle de renforcement mental. Malgré le fait que ça fait des centaines de fois que j'y vais, que je recommence ce même parcours, je suis tout de même nerveux face à la douleur qui m'attend. C'est signe que j'ai encore échoué, je ne devrai avoir peur de rien ni personne.

 - Assis. 

Je m'assois. 

- Mets tes bras sur les accoudoirs. 

 Je m'exécute et l'homme attache plusieurs grosses ceintures de cuir sur mon bras droit et referme le géant étaux de fer qui serre mon bras gauche.

 - Lève ta tête, ouvre la bouche, il débite le tout sur un le ton morne de ceux qui en on vu d'autre. 

Je ne l'impressionne pas et ne lui fais pas peur pour une miette, rien d'autre qu'un vulgaire patient.Une fois strappé de partout, tête, jambes, torse, etc., il sort lames, scies, épingle et marteau. Ça commence.

 Mon bourreau me pique des aiguilles, semblables à celles pour tricoter, dans le bras, sur toute la longueur, elles passent bord en bord. Mais je ne cri pas. Tout ce passe dans le silence le plus total, il ne sera brisé que le bruit des armes charcutant mon corps et celui de mon sang, s'égouttant sur le sol. À chaque aiguille je me dis que cette fois je n'échouerai pas. La douleur est atroce, mais Je. Me. La. Ferme. Je serre les dents au risque des me les casser malgré mon mort. Il passe ensuite au marteau, une après l'autre, il me casse les articulations, coudes, genoux, poignets, chevilles. Je sens mon sang pulser dans ces endroits broyés, un éclat d'os déchire ma peau sur mon genou droit. Je peux clairement voir le bout de fémurs qui dépasse, une longue ligne rouge vif glisse le long de mon mollet avant d'aller se choir sur la dalle de béton avec un ploc qui me semble assourdissant. 

 Ça fait mal, mais le pire s'en vient. Je le sais. C'est ma faute et uniquement de la mienne si je souffre. Je n'ai pas été assez fort. J'ai encore échoué. Donc j'inspire, je lève la tête aussi haute que me permet mon garrot, je serre les mâchoires et je subis en silence. Chaque coup de couteau. Chaque côté cassé, arraché puis replacé avant de passer à la suivante. Chaque brûlure. Chaque membre scié puis rebroché. Chaque trou creusé dans ma chaire avec une perceuse à main pour empirer la douleur. Chaque ongle décollé. Chaque parcelle de peau pelée. Chaque insecte placé sous ma peau. Chaque goutte d'acide qui me passe au travers en faisant fondre ma chaire.Des larmes coulent sur mes joues et je m'en veux tellement pour cet acte de faiblesse. J'ai envie de mourir et je me hais pour cette pensée. Mais pas une fois je n'ai crié ou gémi. 

Un Passé BriséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant