Souvenir d'un jour d'hiver.

31 1 0
                                    

Il la dévisagea curieusement tandis qu'elle regardait les passants par la vitre du café situé Boulevard Voltaire. Ses cheveux bruns ornaient son visage en une couronne de fleurs et les boucles indisciplinées de sa chevelure caressaient ses épaules de nacre. Sa bouche pulpeuse était peinturlurée d'un rouge sanglant et quand elle buvait son thé des traces de lèvres se formaient sur le blanc de sa tasse. Son trait d'eye-liner égyptien accentuait la bosse de son nez tandis que les multiples bracelets qu'elle portait la faisait passer pour une bohémienne qui vous emmènerait avec elle dans un jardin mystique fait de danses et de rituels à la pleine lune. Elle était un être ensorcelant, presque théâtrale, quasiment insondable.

Ce jeudi-ci, elle portait une robe bleue électrique dont une des bretelles tombait majestueusement sur la chair de son bras, laissant entrevoir un début de poitrine enfantine. Sa gorge était nue alors que, dehors, la pluie tombait lourdement sur la capital si grise, si triste, si nostalgique du soleil de juin. Mais la jeune femme n'avait pas froid car un flot d'hormones la torturait, empoignant son ventre, son sexe,ses jambes, ses fesses. Et cette gorge tendue, complètement nue semblait dire : « Viens, baise moi. Regarde comme je luis à la lumière. Viens. Je suis tendre, fraîche, mouillée de désir. Si tu mords dans ma chair je crierais d'un plaisir sauvage dont nous ne pourrons nous extraire. »

Pourtant elle ne disait rien la jeune femme. Elle ne regardait pas Martin, sauf lorsqu'il tournait la tête pour écraser dans le cendrier de fer une de ses nombreuses cigarettes. Les mains de Martin avait l'allure de celles des poètes,douces, sensuelles mais qui peuvent vous empoigner la tête, vous tirer les cheveux en arrière pour vous faire monter au septième ciel.

Les deux jeunes gens se voyaient pour la seconde fois et elle, elle semblait tout d'un coup moins cassée, moins abîmée. C'était comme si, pendant ce mois de silence, elle avait ouvert sa cage thoracique afin d'y replacer les morceaux de verres qui étaient tombés.

« Tu sembles moins mélancolique aujourd'hui. » tenta Martin en passant une main dans ses cheveux bruns soyeux.

En règle générale elle ne parlait pas beaucoup, se contentant d'écouter. Écouter le bruit du vent hivernal, le chant des oiseaux au printemps, les talons des femme sur le trottoir parisien. Clac-clac. Tel un opéra citadin.

« Oui, j'ai décidé d'aimer la vie. » Et elle se mordit la lèvre, joua avec la cuillère de son thé, soupira doucement puis planta ses yeux paires dans ceux du petit brun.

« Qui es-tu pour moi, mon cher ? Mon amant, mon prince, mon Henry Miller à moi ? Alors, si c'est cela, pardonne moi car je n'ai ni la poésie, ni le mysticisme d'Anaïs Nin. Je ne suis encore qu'une pauvre enfant plongeant dans un monde d'adultes. Un monde qui me fascine et me fait peur en même temps. Que dois-je faire ? M'en extraire ou m'y plonger corps et âme ? J'ai peur, Martin. J'ai peur de toi, de l'avenir, des gens, de ce que tu me fais ressentir. Tes caresses ont l'odeur du vin rouge virginal et la douceur de la soie. Quand tu t'enfonces en moi c'est comme si tu déposais une fleur dans mon vagin. Une fleur...Une rose. La plus jolie, la plus charmante des roses qui existe. Elle est là, en moi, sans épine, avec des pétales très foncées, presque noires. Mais je ne comprends pas Martin. J'ai quand même mal à l'intérieur de moi. »

Danse Érotique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant