Crime passionnel.

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Elle était face à ce cadavre nu, sa chair morte recouverte d'aventurines, de quartz roses et d'améthystes brisées en un millier de petits éclats de pierres, comme si des larmes de Crystal avaient giclées sur ce corps glacé. Eva l'avait tué de ses propres mains. Ses doigts beiges parés d'un vernis rouge désir avaient recouvert la peau du cou musclé de cette femme aux cheveux aussi noirs que les ailes d'un corbeau. Puis elle avait appuyé avec ses pouces de nymphe sur sa trachée. D'abord doucement pour ne pas la brusquer, lui faire penser qu'elle lui avait pardonné, qu'elles pouvaient encore s'aimer. Mais bientôt une fureur dévastatrice s'empara de son être déjà tangible et la rage dévora son regard de marquise. Sa bouche peinte d'un vin délicat se tordit en un rictus effroyable qui aurait été presque comique si elle s'était trouvée sur scène dans un de ses costumes de soubrettes, d'intrigantes ou de danseuses au ventre creusé, prêt à enfanter. La poitrine d'Eva se soulevait rageusement, elle manquait d'air et la pièce remplie d'ondes nostalgiques, d'un passé auquel elle avait vainement tenté d'échapper, devenait trop étouffante pour elle. Ses petites fleurs de perles tendues par la puissance du moment frottaient désagréablement contre le tissu de sa robe de verre. Une tension de sexe meurtrière planait entre elle et le corps de poupée cassée qui plongeait dans les limbes noires de la nuit éternelle. 

" Jamais plus tu ne pourras admirer la lune, infante des fées, des sorcières et des elfes à la blondeur spectaculaire." Commença la jeune femme brune. " Jamais plus tes mains de tigresse fallacieuse ne se poseront sur le courbe de mes seins. Ma bouche, je ne te le donnerais point encore une fois, ma si petite fille-femme infâme. Je maudis chaque centimètre carré de ton être et ton corps, que j'ai aimé plus que ma propre enveloppe charnelle, je le rejette. Quant à mes longues boucles, je les offre au feu hardent de Satan pour qu' enfin, quand tu auras plongé dans le royaume des âmes tourmentées, elles viennent t'étrangler. Ne touche plus à mon amour. Ne le brise plus comme tu l'as tant de fois fait.  Laisse ce garçon comédien, cet artiste au parfum sensuel, cet homme aux pupilles constellées d'étoiles être ce qu'il est. Laisse le plonger nu dans des draps de soie, laisse le me prendre à nouveau dans ses bras. Ses tendres bras à la peau princière plus douce que le lait d'ânesse, plus pâle que la porcelaine, plus banche que les pages des livres sur une royale étagère. Laisse le s'embraser et voler. Qu'il devienne ce qu'il a toujours rêvé."

Danse Érotique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant