Danse Érotique.

Les amants maudits.

Louis s'effondra gracieusement, tel un comédien, sur les genoux de sa frêle compagne, faisant voler de sa tasse en porcelaine emplie d'un discret thé à la rose, quelques pétales brulantes de ce liquide jaunâtre qui se renversèrent sur le sofa vert anglais.

Sa tignasse rousse, étrangement féline, d'où ressortait deux trois mèches d'un brun de jais, caressa suavement l'étoffe qui recouvrait la chair des jambes de Béatrice, tel un océan de vin orgasmique. La sueur, comme une seconde peau, glissait voluptueusement sur le torse du jeune homme tandis que des petites perles rouges griffures décoraient sa mystique musculature. Béatrice, les seins à l'air, petites pommes percées d'un bijou argenté, comme libérés du poids de la société, laissa ses boucles brunes tonnerre aux reflets rouges d'amour caresser le délicat visage du roux aux yeux aragonites. Et d'un geste théâtral, la jeune femme attrapa cette tête picturale pour lentement, chuchoter aux oreilles de son partenaire de scène:

- Comme je t'aime, ma divinité bien trop belle pour cette terre. Regarde-toi, tu ressembles à un personnage de roman poétique. Tes gestes virils contrastent avec la fragile blancheur de ta peau. Ton regard, oh mon âme, pourrait faire des ravages quand tu te mouves sur le trottoir. Tu es une orgie de fantastique, ton corps transpire la magie, les fleurs se courbent sur ton passage et les sages deviennent moins sages quand ils te découvrent dans un virage. Toi et ton diadème de clavicule funèbres, toi et ta présence féroce d'insolence, toi qui emmerdes la société et fait l'amour aux opprimés, aux putains, aux travesties colorés, donne-moi un baiser de ta bouche rosée.

Alors, leurs lèvres se frôlèrent avec un désir passionnel. Leurs langues tournoyèrent tel un manège, elles dansèrent, entre elles, dans un rituel de sorcière. Louis agrippa de ses soyeuses mains baguées d'or la poitrine de sa belle tandis que sa langue, au gout sucré de la fraise, disparaissait sur son plexus solaire.