Danse Érotique.

La mue des corps.

Louis déposa de son long doigt à l'ongle parfaitement manucuré le fard doré sur ses paupières tremblotantes. La transformation commençait toujours de cette façon, par des artifices sur sa peau de lait. Il en raffolait terriblement. D'un geste maîtrisé il recourba ses cils à l'aide d'une petite brosse, pour allonger, approfondir son regard, pour pouvoir regarder les hommes dans le blanc des yeux , pour papillonner des cils et les faire succomber, les faire tomber dans son lit sur les draps en satins et laisser aller leurs corps à un rituel érotique rythmé par leurs souffles et par leurs cris. Les cris les plus séduisants, les plus divins, les plus excitants de cette Terre. Comment résister à la femme en lui? La femme si délicate et séductrice, la femme prude le jour mais qui, une fois la nuit tombée, fait glisser ses vêtements, dévoilant son corps aux regards chanceux. Son corps...Ce corps... Lieu de tous les fantasmes, de tous les songes. Qui ne c'est pas perdu à penser à cette chair si lisse, appétissante, à cette taille si fine ou encore à ces fesses si rebondies dont l'unique rêve serait de les malaxer, embrasser, lécher. Puis de les croquer tel un fruit juteux, interdit, comme si elles étaient le pêcher mortel par excellence.

Le blond sourit tout en couvrant ses lèvres d'un rouge mat. Il se sent irrésistible. Ce rôle lui convient à merveille, il adore se glisser dans ces personnages. Chaque jour est une nouvelle histoire, il passe de la jolie et timide bourgeoise à la prostituée extravagante pour finir avec l'amante abandonnée qui se réfugie dans l'alcool. Sa vie est un grand théâtre. Et puis, il rencontre toujours des hommes passionnés, des poètes, des artistes, des professeurs de lettres, des maris perdus qui tiennent absolument à prendre la femme qu'il est comme maîtresse afin de se sentir un peu aimés, ne serai ce qu'une heure ou deux, dans les bras de cette jolie blonde fascinante aux boucles d'oreilles pendantes.

Louis est épris. Ce mode de vie lui convient très bien, il n'est pas marié, ne l'a jamais été et ne le sera surement jamais. Après tout, quel être vivant sain d'esprit voudrait d'un travesti comme lui pour époux. Louis aime le sexe et les hommes. Il apprécie la sensation de la chair contre la chair, des mains qui lui caresse l'échines, lui attrape les cheveux et rebondissent sur son joli derrière. Il n'est pas près à abandonné sa vie pour une femme. Elles sont, pour lui, une oeuvre d'art, elles le fascinent avec leur chute de rein, leurs seins ronds, leur bouche impeccable, leurs courbes parfaites. La graisse, chez elles, est délicate, tendre et donne envie de faire l'amour avec elles de façon fougueuse. Leurs vergetures, leur cellulite sont les marques de la vie, des sacrifices qu'elles ont fait pour le petit être qu'elles ont conçu. La vieillesse ne fait que les embellir d'avantage et une fois morte ont voudrait les serrer contre soit et leurs lancer des fleurs en hommage à leur force, leur courage, leur beauté.
Il aurait voulu naitre femme, pouvoir ne faire qu'un avec ce tendre corps, cette force de vivre, cette beauté naturelle. Mais il n'est pas né ainsi. Louis est né homme et son cœur se brise à chaque coup d'œil dans le miroir. Alors, pour combler se manque en lui, il se pare d'artifices, se forge un masque et le soir, sous la lune pour seule lumière, tandis que ses talons claquent sur le sol, il traverse la ville tel une hombre solitaire, perdue dans cette immensité. Il s'en va vers un autre monde. Un monde suintant l'alcool, la fumée de cigarette, les paillettes sur les yeux, remplit d'éclats de rires, de majestueuses robes à volants. Et de danse érotique.

Notes de l'auteur: Je crois que j'ai enfin terminé ce texte. Sincèrement, je pense que c'est sûrement celui que j'ai le mieux réussi. Parce que je me sens proche du personnage, de sa frivolité et de sa fragilité. J'ai écrit ce texte dans une période de grande tristesse alors que je m'étais promis de ne plus retomber dans ce cercle vicieux. Mais il me donne de l'espoir. J'espère donc que vous l'aimerez et qu'il vous touchera. Même si c'est juste légèrement.