Hadès et Perséphone

Chapitre 5

« – Mais ma belle, c'est moi le Gouverneur.

Je reste estomaquée par cette révélation. Je m'attendais à tout sauf à ça. Certes, je savais que j'étais devant quelqu'un de haut placé, il suffit de voir sa maison et ses vêtements pour comprendre. Mais de là à me trouver devant le Grand seigneur en personne, je reste sans voix.

– Tu t'attendais à quoi ? À un vieux croûton sur le point de crever ?

– Mais...ça fait des années que le système dure.

– Oui, j'ai pris la place de mon père il y a deux ans maintenant. »

Voilà qui explique beaucoup de choses. Oui, je m'attendais à tomber sur un vieil homme laid et repoussant. Mais au lieu de cela, je me trouve nez à nez avec un beau jeune homme... Seulement je me souviens que tout ce qu'il est passé c'est à cause de lui. Car l'Alrithia a été instaurée dès le début de son règne, et je n'oublierai jamais toutes les malheureuses victimes qui sont tombées à cause de cet homme. D'ailleurs je suis la prochaine sur la liste. Et je n'ai qu'une hâte, qu'il me tue enfin pour ne plus devoir supporter sa tête de tyran.

« – Vous vous décidez à me tuer oui ou non ?

– Tu as l'air pressée de mourir.

– De toute manière je sais que vous le ferez, alors autant en finir tout de suite.

– Mais je n'ai aucune intention de te tuer.

– Quoi ?

– Tu as très bien entendue.

Il veut m'épargner ? Alors que je l'ai offensé et que j'ai été tirée au sort pour être la victime de l'Alrithia ? Je ne comprends plus rien.

– Pourquoi m'épargner ?

– Pourquoi ? Mais voyons tu ne le devines pas ?

Il se lève et je fais de même. S'il ne veut pas me tuer, alors qu'est-ce qu'il va me faire ?

– Vous allez me torturer c'est ça ? demandai-je.

– Oh non horreur. Abimer un visage aussi parfait que le tien serait du gâchis. Je pensais à autre chose. »

Je recule parce qu'il s'avance vers moi. J'ai besoin de ma distance de sécurité avec lui, parce qu'il commence à me faire peur. Mais je m'arrête brusquement pour ne pas me retrouver contre le mur, autrement, je sais parfaitement ce qu'il pourrait se passer. Il tourne autour de moi, tel un prédateur et recommence à m'analyser de la tête aux pieds, tout en laissant apparaître un léger sourire.

« – Si belle...dit-il tout bas. Si pure...

– Qu'est-ce que vous me voulez ?

– Je veux que tu sois à moi.

Au début je pensais que c'était une mauvaise plaisanterie, mais maintenant que je le regarde, je comprends que c'est ce qu'il veut vraiment.

– Et si je refuse ?

– Ah mais ma belle tu n'as pas le choix, ria-t-il. C'est soit tu m'appartiens, soit tu meurs.

– Alors je préfère mourir, crachai-je.

– Comme tu voudras, soupira-t-il. Nate ! »

Le soldat réapparait et referme aussitôt la porte pour pas que je puisse m'échapper. Il se place aux côtés de l'homme et me toise.

« – Donne-moi ton arme, dicta le Gouverneur.

Nate s'exécute sans protester. Sa seigneurie charge l'arme et s'avance vers moi pour la plaquer sur mon front. Son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien. La distance de sécurité est rompue.