Chapitre 15

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Mes larmes sont sèches, ma dernière force envolée et j'ai honte, tellement honte. La tête de Seth est posée sur mon ventre, et respire bruyamment, totalement essoufflé mais surtout fier de sa prestation. Je prends une grande inspiration puis lâche d'une voix plaintive :

« – Tu n'es qu'un sale menteur.

– Pourquoi dis-tu ça ? demanda-t-il en posant son menton sur mon ventre pour me regarder.

– Tu m'as dit que tu m'aimais.

– Mais c'est vrai, je t'aime.

– Non. Parce que si tu avais dit la vérité, tu ne m'aurais pas forcée.

– Mais avoue-le, ça t'a plu.

Je secoue la tête, totalement désespérée par son comportement. Je le repousse pour pouvoir me relever et me rhabille pour quitter cette pièce au plus vite. Malgré la douleur encore présente, j'arrive à me déplacer pour quitter cet endroit infect. Mais alors que j'allais atteindre la porte, une poigne ferme me retient.

– Avoue-le, m'ordonna Seth en souriant.

– Tu veux que je te dise la vérité ?

– Oui.

– Et bien la voici la vérité. Je te hais et je te détesterai tout le reste de ma vie !! »

Sur ce, je le pousse violement, au risque de le faire tomber à terre, et m'enfuis dans le couloir. Je ne sais pas où aller, mais j'ai besoin d'un endroit pour pleurer en paix, seule. C'est alors que je découvre que je suis à l'extérieur, dans le jardin. Voilà où mes pieds m'ont entraînée. Je marche d'un pas rapide, sans but ou destination précis. Tout ce que je veux c'est m'éloigner le plus possible de cette maison, mais surtout de ce maudit Gouverneur. Ma haine envers lui n'a fait que croître, jusqu'au jour où il me rendra folle. C'est donc ça son but, me faire plonger dans la folie. Je m'asperge le visage avec l'eau de la petite fontaine. Lorsque je relève la tête, je remarque un petit abri en bois blanc, et au toit marron. Une porte fenêtre à petits carreaux laisse entrer la lumière. Je l'ouvre et pénètre dans ce nouvel endroit. Lorsque je crois entendre des gardes se rapprocher, je la referme aussitôt. J'ai peur qu'ils me cherchent, pour me ramener à Seth. Je lui ai mal parlé, et il va me le faire regretter, je le sais. Mais c'était plus fort que moi. À l'intérieur du cabanon, il n'y a rien à part une étagère remplie de cartons. Mais peu importe, au moins je suis loin de ce tyran et j'aurai de l'occupation. Je tire l'un des cartons et m'assois sur le sol. On dirait qu'il n'y a que des photos là-dedans. J'en prends une poignée et les regarde. Il n'y a rien d'intéressant. Rien que des souvenirs de l'Alrithia, et d'un discours de Richard dans une salle remplie de monde. Ça doit dater de l'époque où il était encore Gouverneur. Il paraissait jeune et plein de vie. En le voyant, je pense malgré moi à Seth. Qu'est-ce qu'il lui ressemble. Mais un personnage attire mon attention aux côtés de Richard. Un petit garçon qui doit avoir treize ans se tient à la gauche du Gouverneur. À cet âge, Seth avait déjà le regard d'un tueur. Si dur, si haineux, si pensif. Qu'est-ce qui a bien pu le rendre ainsi ? Je prends une seconde pile de photos, où cette fois-ci je trouve une jeune femme, de la vingtaine. Ses cheveux châtains sont longs et dépeignés et ses yeux d'un gris clair presque translucide. Elle a le teint pâle et de petites tâches de rousseur sur les pommettes. Je retourne la photo pour tenter de voir une date ou une information à son sujet, mais je ne trouve qu'une inscription que je lis à voix haute :

« – Eugénie. »

Cette femme s'appelle donc Eugénie. Mais qui est-elle ? Et pourquoi ne l'ai-je jamais vue ? Elle n'est pas qu'une simple inconnue, car autrement sa photo ne se trouverait pas dans ces cartons. Un nouveau mystère dans la maison du Gouverneur, que je dois éclaircir. Pour me changer les idées, et surtout sécher mes larmes, je fouille de nouveau dans le carton pour trouver d'autres photos de cette Eugénie, mais rien de plus à son sujet. Déçue, je range le carton sur l'étagère. Seulement, lorsque je le pousse vers le fond, j'entends quelque chose tomber derrière. Je me baisse, et trouve un objet qui ressemble à un caméscope. Lorsque je réussis à m'en saisir, je l'examine. Heureusement, il est intact. Mais lorsque j'appuis sur le bouton « Eject », aucune cassette ou disque dur ne sort. Il doit bien y en avoir quelque part. Je me redresse et fouille dans les cartons, dans l'espoir de trouver au moins une cassette. Cachée entre deux photos, une petite boîte rectangulaire me fait signe de la prendre pour visionner son contenu. Je regarde l'inscription sur la cassette, mais il n'y a rien d'écris. Peut-être qu'elle est vide. Je retourne m'asseoir par terre et reprends le caméscope. Une fois la cassette placée, et l'appareil allumé, un écran bleu apparaît, puis une vidéo tourne. Une petite fille qui doit avoir dix ans court en riant aux éclats dans le jardin, poursuivie par le caméraman. Ses cheveux bruns, ses yeux marron sombre, son sourire ravageur, je ne peux que le reconnaître. Célia... Son visage angélique me fait sourire et oublier mon nouveau traumatisme. Elle tombe au sol, essoufflée, alors que des mains, à peine plus grandes que les siennes lui font des chatouilles.

Hadès et PerséphoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant