Chapitre 28

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Je crois que je n'ai jamais ressenti une douleur aussi intense de ma vie. Mais je sais très bien que ce n'est qu'un état passager. Dans peu de temps, je pourrais prendre mon enfant dans mes bras, et c'est ça le plus beau. Célia est à ma droite, et Summer à ma gauche. Je suis littéralement en train de leur broyer la main. Mais ça n'a pas l'air de les déranger. Une nouvelle contraction arrive, je la sens monter de plus en plus, m'arrachant une plainte.

« – Poussez Madame, me commanda le médecin juste en face de moi. »

Ça fait drôle d'entendre les autres m'appeler Madame, alors qu'il y a quelques mois de cela, c'était encore Mademoiselle. Je me redresse, et pousse un long soupir, tout en poussant du mieux que je puisse. Célia place sa main libre derrière mon dos pour me soutenir, et m'encourage à pousser. Summer aussi est très présente. Elle souffle en même temps que moi pour me montrer comment faire. Je leur suis reconnaissante d'être présente pour moi aujourd'hui. Ça comptait énormément pour moi. Et Seth...je sais que c'était égoïste de ma part de le priver de cela, mais je ne voulais pas supporter ses « ça va aller mon amour » ou « contrôle ta douleur ». Mais contrôler quoi ? Le jour où je lui donnerai un coup de pied là où ça fait le plus mal, je lui dirai de « contrôler sa douleur ». Cette pensée me fait sourire, alors que la douleur est encore là, et que je commence à pleurer. Je suis épuisée. Ça fait des heures que je suis coincée dans ce lit, sans possibilité de me lever. J'ai envie que cette douleur cesse, je ne la supporte plus. Je veux presque...abandonner.

« – Allez Madame, je le vois, plus qu'un petit effort et je pourrais le prendre. »

Je relève la tête, et reçois d'un seul coup une bonne dose d'adrénaline. Je prends alors une grande inspiration, sentant la contraction arriver, et me redresse pour pousser encore une fois. Cette fois je laisse échapper un cri, pas parce que j'ai mal, mais parce que je donne toutes mes forces pour pousser à fond. Je veux que le bébé sorte, maintenant. J'en ai assez d'attendre. Soudain je vois les infirmières se rapprocher, signe que le bébé ne va pas tarder à sortir. Mais je suis à bout de souffle, et Summer me dit de me rallonger. Alors j'écoute son conseil, et repose ma tête sur l'oreiller. Les larmes se sont faites plus présentes, alors que la douleur renaît au bout de deux minutes.

« – Je peux presque l'atteindre. Une dernière fois et ça sera bon. Allez encore un effort. »

Je hoche la tête au médecin, alors que Célia commence déjà à pleurer de joie tout en riant. Je ferme les yeux un instant, et cinq visages m'apparaissent. Ma mère, Myriam, Jordan, Josh et Hayley. Je serre encore plus les mains de Célia et de Summer, prends une dernière grande inspiration, avant d'utiliser toutes mes forces restantes pour pousser une dernière fois.

« – Allez on y est presque, m'encouragea le médecin.

Je laisse un cri s'échapper, alors que Summer me dit de tenir bon, et que Célia me caresse les cheveux.

– Plus que quelques millimètres et je pourrais l'atteindre.

Mes larmes coulent encore, alors que j'expulse tout l'air de mes poumons, jusqu'à ce que je devienne rouge.

– Je l'ai presque, préparez-vous, dit le médecin aux infirmières.

Je lâche les mains de mes deux amies, et m'accroche au drap, tout en me redressant encore plus.

– C'est bon Madame, je l'ai, soufflez maintenant, c'est terminé. »

Je me laisse tomber sur l'oreiller, épuisée. Célia me prend dans ses bras tout en pleurant de joie. Summer me sourit, et se met à rire gaiement. Je tourne mon regard vers le médecin, et c'est là que je le vois...mon petit ange, juste devant moi, pris en charge par les infirmières, qui se dépêchent de le poser sur une petite table pour lui donner les soins nécessaires. Mais il ne crie pas encore, et cela m'inquiète. Malgré la fatigue, je me redresse, et c'est là qu'un petit son plaintif se propage dans toute la maison. Un cri merveilleux, vivant. Les infirmières habillent mon bébé dans une couverture blanche pour le protéger du froid, et l'une d'elles vient vers moi, le sourire aux lèvres, et me dit :

« – Félicitations, vous avez une magnifique petite fille. »

Elle me tend mon bébé que je prends instantanément. C'est à ce moment-là que je me remets à pleurer, mais de joie cette fois. Une fille...quel bonheur. Elle est si jolie, si fragile, si petite. Je lève mon index, et la laisse me le serrer avec ses minuscules mains potelées. Soudain la porte de ma chambre s'ouvre avec fracas. Seth apparaît, et son regard se braque directement sur moi. Un grand sourire aux lèvres, il vient s'asseoir à côté de moi sur le lit, alors que tous les autres sortent. Célia m'adresse un dernier sourire avant de fermer la porte. Seth n'a d'yeux que pour notre fille, qu'il admire avec tellement de joie, que cela me fait sourire à mon tour.

« – On t'a attendu tellement longtemps toi, dit-il en caressant la joue du bébé.

– Elle est magnifique, dis-je tout en continuant de pleurer.

– Le portrait de sa mère.

– Tu veux la prendre ?

Seth me regarde avec incompréhension. Il ne doit pas en croire ses oreilles.

– Je...je peux ? demanda-t-il en tentant de cacher sa joie.

– Évidement que tu peux, c'est ta fille, dis-je en riant.

– Alors...d'accord.

Je me décale pour lui laisser une place. Il doit se mettre à l'aise pour la porter. Je lui tends notre fille avec précaution. Lorsqu'elle se retrouve dans les bras de son père, la petite ouvre les yeux, alors qu'elle les avait fermés jusqu'à présent.

– Ma princesse...murmura Seth d'une voix tendre. »

Le bébé esquisse un petit sourire, et referme les yeux, se sentant de nouveau en confiance. Je laisse ma tête tomber sur l'épaule de Seth, les yeux toujours rivés sur ma fille. Sa seigneurie se tourne vers moi, sans doute surpris par mon geste.

« – Comment tu te sens ? me demanda-t-il.

– Très fatiguée, mais c'est normal ne t'en fais pas.

– Oh mon amour, je suis tellement heureux.

– Moi aussi. »

Et c'est la vérité. Maintenant que ma fille est née, je sais ce que je vais faire de mes journées, m'occuper d'elle. J'observe Seth, qui paraît soulagé, comblé et plus heureux qu'il ne l'a jamais été depuis que je le connais. Une larme dévale sa joue. Il pleure... C'est la première fois que je le vois ainsi. À ce moment-là il me touche énormément. Parce qu'il dévoile ses émotions. Il me montre sa joie, et cette larme est la preuve que malgré tout ce qu'il a fait, il reste un être humain avant tout.

« – Il va falloir lui trouver un prénom, me dit Seth. T'as une idée ?

Je prends un moment de réflexion. On n'avait pas réfléchi à cela. Comment appeler ce petit trésor ? Soudain une idée magnifique me vient. Et cela devient comme une évidence, oui c'est comme ça qu'on l'appellera.

– Ce sourire me dit que tu en as trouvé un, observa Seth en levant un sourcil.

– Oui. Un prénom parfait pour elle.

– Ah oui ? Lequel ?

– Oriane.

Seth se tourne vers notre fille, lui dépose un baiser sur la joue, et déclare :

– Oriane... Tu as raison c'est le prénom parfait. »

Parfait. Un prénom parfait pour une petite fille parfaite. Oriane, ma belle Oriane, je promets de t'aimer jusqu'à la fin de ma vie. Tu seras ma lumière, mon soleil, ma confidente, celle pour qui je donnerais tout. Je t'aime de tout mon cœur mon petit trésor. Tu as tellement à découvrir de ce monde merveilleux.

Hadès et PerséphoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant