Hadès et Perséphone

Chapitre 35

Lorsque j'entre dans ma chambre, Seth est encore assis sur mon lit, le regard dans le vide. Lui aussi a eu peur, je le vois bien à la façon dont ses mains tremblent. Une coupure est visible sur son visage à cause de sa chute. Il en gardera une cicatrice. Quand je pense qu'il s'est jeté à terre au risque de se blesser pour sauver Oriane. C'est un bon père, je dois le reconnaître. Je m'installe à côté de lui et lui prends la main qu'il serre aussitôt.

« – Merci, lui dis-je.

– Que ça soit clair, je ne l'épargnerai pas.

– Je ne te demande pas ça. Je te remercie c'est tout. Sans toi Oriane serait...

Je n'arrive même pas à envisager cette possibilité. Je ferme les yeux et ravale mes larmes. Seth me prend dans ses bras et me caresse les cheveux.

– Moi non plus je n'aurais pas supporté cela Mallory. Toi et Oriane vous êtes les seules personnes à qui je tiens vraiment.

– Je le sais.

– Je ne comprends pas comment tu as pu aimer ce type plus que moi.

– Il n'était pas comme ça avant.

– Je n'en ai rien à faire de savoir comment il était avant. Il va mourir pour ce qu'il a essayé de faire. Il a voulu me faire souffrir, me toucher et ça je ne le permettrai plus. »

Il fait sans doute référence à son passé. Je sais qu'il a vécu des choses terribles, mais il n'a jamais voulu m'en parler. Peut-être qu'après ce qu'il vient de se passer, c'est le moment de lui demander de se confier à moi.

« – Seth...parle-moi.

– Pour te dire quoi ?

– Tout. Raconte-moi tout.

Soudain il sursaute et s'éloigne de moi, comme si je venais de le frapper violement. Le voilà qui fixe à présent un point dans le vide, les mains jointes.

– Seth...

– ...il n'y a rien à dire, me coupa-t-il.

– Je suis sûre que si. Le truc ce n'est pas qu'il n'y a rien à dire, c'est que tu ne veux pas. Pourquoi ? Laisse-moi te comprendre, t'aider aussi si je le peux. Tu souffres à l'intérieur je le sais. Si tu m'aimes vraiment alors tu dois te confier à moi. Comment veux-tu que je t'aime en retour et que je puisse te comprendre si tu me caches tes émotions ? »

Seth pousse un long soupir et cache son visage avec ses mains. J'ai envie qu'il me dise tout ce qu'il veut, qu'il me parle de n'importe quoi. Mais ce silence me tue.

« – Ma mère n'est pas morte.

À ce moment-là, je me rapproche de lui et lui prends la main.

– Comment ça ?

– Elle s'est barrée tout simplement. Depuis mes quatre ans, je ne sais pas où elle est ni ce qu'elle est devenue.

– Je suis désolée...

– T'as aucune raison de l'être tu sais. C'était il y a longtemps. Je me souviens que mon père s'est mis à boire beaucoup. On ne le voyait plus. Il restait dans son bureau à picoler pour noyer son chagrin.

Il se frotte le visage avec sa main libre et poursuit :

– Sharon est arrivée lorsque j'avais huit ans. Elle était douce, souriante et mon père était fou d'elle. Je l'adorais. Elle était un peu comme...la mère que je n'ai jamais eue. J'étais heureux à ce moment-là.

– Mais qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu la haïsses autant ?

– Elle a fait quelque chose d'horrible, d'impardonnable, durant des années.