Le lendemain matin, je me réveille, avec un sentiment à la fois de légèreté et d'oppression. Je ne saurais dire si je suis heureuse d'avoir revu ma famille, ou malheureuse de l'avoir laissée. J'aurais tellement voulu tout leur raconter, ne pas leur mentir, mais je sais qu'elle m'aurait empêchée d'y retourner. Je sais ce que m'aurait dit ma mère.
« – Ne t'en fais pas pour nous, vis ta vie, pars loin d'ici. »
Mais je n'aurais pas pu vivre avec leur mort sur ma conscience. Je préfère passer le reste de ma vie avec un homme que je n'aime pas plutôt que de m'enfuir avec Josh mais de condamner ma famille. Tout d'un coup mes pensées vont pour Seth. Je ne le comprends plus. Il y a à peine un mois il me souriait méchamment, me criait dessus, me menaçait, et voilà qu'hier, il m'a laissé voir ma famille. Et encore mieux, il m'a aidé à y arriver en faisant en sorte que les gardes de la Grande muraille quittent leur poste, et m'a entraînée à l'écart pour éviter de me faire prendre. Après ce qu'il s'est passé hier, je ne sais plus quoi penser de lui. Peut-être qu'il existe de la bonté en cet homme qui m'effrayait tellement. Et à présent, je pense qu'une cohabitation est possible. S'il y met du sien, je pourrais l'accepter. Pas l'aimer, cela est impossible je le sais, mais au moins faire en sorte de ne plus le détester. Pourquoi change-t-il de comportement tout d'un coup ? Cette question est comme un parasite, m'empêchant de penser à autre chose. Alors, tout en poussant un soupir d'exaspération, je me dirige vers mon dressing pour m'habiller. J'opte pour une robe chemise fluide kaki clair, et m'attache les cheveux en une queue de cheval basse. Une fois prête, je quitte ma chambre et me dirige vers le bureau de Seth. C'est sûrement là qu'il est. Je frappe à la porte, puis l'ouvre sans attendre aucune réponse. Il est de dos, face à la vitre, en train de téléphoner à je ne sais qui. Sa seigneurie se retourne lorsqu'il sent ma présence. Il paraît d'abord surpris, puis enchanté de me trouver dans son bureau de si bon matin. Il s'empresse de mettre fin à sa conversation, puis me regarde avec un grand sourire, que je trouverais presque irrésistible.
« – Mallory, je ne m'attendais pas à te voir. Qu'est-ce qui t'amène ?
– Je voulais te parler.
– Bien sûr, assieds-toi et dis-moi tout. »
Je m'installe sur la chaise, juste en face de lui. Ses coudes sons posés sur la table, et ses mains jointes. Cette situation...je l'ai déjà vécue. Cela me rappelle notre première rencontre. Mais il me regardait tellement différemment. Avant c'était de la méfiance, de l'oppression, de l'amusement, de l'orgueil et de la cruauté. Mais à présent c'est plutôt de la douceur, de l'attention, de la générosité. Je me demande si ce n'est pas un escroc se faisant passer pour Seth. Aurait-il un frère jumeau qui se serait emparé de son identité ? Je me sens totalement déstabilisée par ce soudain changement de comportement.
« – Je...voulais te remercier pour ce que tu as fais hier. C'était...gentil.
– Oui, je sais tu as réussi à trouver de la gentillesse chez moi. Moi-même j'ai été surpris rassure-toi.
– Ce que je voulais savoir, c'est pourquoi ?
– Ben...je te l'ai expliqué hier. Tu en avais besoin.
– Ce n'est pas une raison ça.
– Ben pour moi c'en est une.
Je soupire exaspérée. On ne peut jamais parler avec lui. Je me retourne et me dirige vers la porte, mais j'entends un bruit de chaise tomber au sol, et des pas précipités me poursuivre.
– Mallory attends ! crie-t-il en s'emparant de mon poignet.
– Quoi ?!
– Je ne supporte plus que tu me détestes. J'en ai marre, parce que dès qu'on se voit c'est pour se crier dessus et moi je ne veux pas ça. Je veux que tu sois heureuse ici...avec moi. Tu n'imagines pas à quel point j'ai besoin de toi je...
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Hadès et Perséphone
Roman d'amourDans une société nouvelle, le système des seigneurs régnant dans chaque ville est instauré. C'est comme si on avait remonté dans le temps à l'époque médiévale. Mallory Saxe est une jeune femme généreuse et épanouie, menant une vie simple et heureuse...