IX

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La soirée battait son plein, dans l'appartement des Grenier, tout décoré par Joséphine, qui s'était tout de suite proposée pour organiser la fête. La musique résonnait à fond dans la pièce, les deux amoureux étaient l'un à côté de l'autre, juste en face, se trouvait Eliora et Adrien qui avaient la banane depuis le matin même.

Le téléphone de Mia commença à vibrer, elle s'apprêtait à poser sa main dessus quand Ramy enlaça leurs doigts. Une dizaine de minutes plus tard, des centaines de vibrations après, son copain finit par enlever sa main, lui permettant enfin de regarder son téléphone, discrètement. La jeune femme resta un long moment à lire les dizaines de messages qui lui étaient arrivés.

- « C'est qui ? ».

Mia ne répondit pas, il lui mit un petit coup de coude.

- « Mia, c'est qui ? ».

- « Ma sœur. ».

- « Ta sœur ? ».

- « Ma mère a eu un accident. ».

Elle s'arrêta, elle n'était pas proche de sa famille, mais c'était tout de même sa mère, et quoi qu'il arriverait elle s'était toujours faite la promesse d'être là pour elle.

- « Ram's, faut que j'y ailles. ».

- « File. ».

Il l'embrassa puis elle partit en courant, après s'être excusée auprès de tout le monde, elle commanda un billet de train en direction de Paris, lieu où était sa famille pour les vacances, avec un retour programmé le lendemain à huit heures.

Elle monta dans le train, une heure et demi plus tard, elle était dans la capitale française. Elle prit la route de l'hôpital, cherchant désespérément un taxi, qu'elle ne trouva pas. Elle marcha des dizaines de minutes, suivant son GPS, elle marchait le plus rapidement qu'elle pouvait, perchée sur ses hauts talons. Elle rentra dans le grand bâtiment, vit sa sœur assise, les mains sur son visage, sûrement pour cacher ses larmes.

- « Mia, tu n'aurais pas dû venir... Tu travailles demains. », déclara Alessia.

Elle prit sa grande sœur, Alessia, dans ses bras, elle fondit en larmes, elle se voyait si peu, toujours pour des catastrophes comme celle-ci.

- « Je rentre demain à huit heures, je serais à l'heure. Comment va maman ? ».

- « Elle ne va pas super bien, elle est dans une sorte de coma... ».

Leur père sortit de la chambre, il vint prendre ses deux filles dans ses bras, chuchotant des prières brésiliennes, il déposa des baisers sur leurs fronts, puis Mia rentra dans la chambre, voulant parler avec sa mère, peut être une dernière fois.

- « Salut maman... Ca fait un bail. J'aurai préféré te revoir dans d'autres circonstances mais bon... Y'a tellement de choses qui se sont passées depuis toutes ses années. Je vous ai quitté à dix-huit ans, maintenant j'en ai vingt-trois. Et si tu savais comme j'aimerai partager avec toi toutes ses choses qui m'arrivent. », dit-elle, dans sa langue maternelle.

Elle tenait la main de sa mère et quand elle eut dit ça, sa main serra légèrement la sienne. Elle savait que ce n'était sûrement rien, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un signe.

- « Tu sais que je suis totalement amoureuse du Stade Rennais, l'équipe de foot. Et bah, y'a quelques semaines, j'ai eu un stage dans cette équipe... J'ai même rencontré un garçon. Si tu savais comme je l'aime. C'est son anniversaire aujourd'hui. C'est con que je te parle alors que tu ne m'entends sûrement pas. », continua-t-elle, toujours en portugais.

Elle sentit ses larmes redoublaient d'intensité.

- « Je pense que c'est débile, mais je vais te parler de ce garçon, je sais pertinemment que toi et papa, vous n'accepterez pas mon copain, mais bon... Ramy est un mec bien, avec qui je suis tellement heureuse, quand il est avec moi. Je sais que vous auriez voulu tout le contraire de lui. Mais je l'aime, on s'aime et c'est ce qui compte non ? ».

Elle pouffa légèrement de rire, se rendant compte qu'elle n'aurait jamais de réponse.

- « Je sais que je ne suis pas la meilleure des filles, mais je t'aime maman. Remets toi sur pied s'il te plaît. ».

Elle embrassa le front de sa mère, puis finit par sortir de la chambre grisâtre, se blottissant dans les bras de son père assis sur l'un des nombreux sièges de la salle d'attente.

My whole life | Ramy BensebainiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant